Les relations humaines sont de par leurs natures assez complexes. Elles dépendent d’un nombre incalculable de paramètres tels que le lien de sang, les affinités et plus souvent qu’on ne veuille l’admettre, la taille du portefeuille ou du moins ce qu’il contient…
En effet, partout dans le monde et surtout au Mali, les gens aisés sont en général à la commande des affaires. Leur pouvoir d’achat leur confère de facto le titre de chef. Si avant, on mesurait la valeur de l’homme à travers sa lignée au lieu de sa richesse, de nos jours, force est de reconnaître que la tendance a bien changé. « Autrefois, le sang avait de la valeur. La lignée comptait énormément surtout pour le mariage. Les gens respectaient cela, il avait du pouvoir. Maintenant, personnes n’a l’air de se soucier de nos valeurs ancestrales. Le sang a perdu sa place au profit de l’argent », explique Ladji, griot.
L’argent, un outil sensé faciliter les transactions commerciales se révèle, aujourd’hui, être un indicateur du statut social. Plus on a de l’argent, plus on est respecté et surtout pris au sérieux. Lorsqu’on veut se prendre une épouse, une attention particulière se porte sur le revenu du prétendant. La femme et sa famille souhaitent la plupart du temps une belle famille aisée donc respectable. Ce qui ne manque pas de faire réagir des jeunes hommes désireux de fonder un foyer. « Je souhaite depuis quelques années fonder un foyer. Malheureusement, les femmes me fuient toutes comme la peste. Elles se plaignent de mon revenu qui pourtant peut couvrir le nécessaire pour un foyer. Elles espèrent toutes s’offrir une vie de luxe en se mariant à un millionnaire. C’est bien dommage car la plupart de ces millionnaires ne font que profiter d’elles et après on se dit étonné de voir autant de femmes célibataires !», indique Souleymane, chauffeur de son état. Ceci étant dit, on se marie aussi pour une certaine sécurité pour soi et pour offrir à sa famille un soutien pour toute épreuve. Force est de reconnaître que cette sécurité et ce soutien ont un coût. Et naturellement la fortune, l’argent, le fric ou bien le « pognon » du prétendant devient l’indicateur de cette sécurité. Et pour y accéder, les parents des jeunes femmes sont prêts à tout. « Qui parle de mariage parle d’évolution. Si je dois choisir entre un mari riche capable d’aider ma famille et un mari qui a du potentiel, eh bien je choisirais le riche. Pas forcément pour son argent mais par ce que, si je choisi l’autre avec du potentiel, ma famille va me maudire. Personne ne veut être maudit par ses parents, je veux donc un mari riche », confie Coumba, étudiante de son état. En outre, hommes et femmes sont tous dans cette spirale de la vie active qui les pousse à toujours chercher mieux, à gagner de l’argent. Le « matérialisme », un terme couramment utilisé pour désigner l’attitude générale de celui qui s’attache aux biens matériels ou monétaires, a tendance à coller à la peau des jeunes femmes même si des hommes aussi en sont partisans. La société telle qu’elle se présente actuellement nous l’impose.
Par ailleurs, les relations de couples ne sont pas les seules relations affectées par ce phénomène de matérialisme. L’amitié et la fraternité en sont lourdement touchées. Dans les belles époques, après le patriarche, le chef de la famille était l’ainé de la famille. De nos jours le plus fortuné est le chef de la famille, au vu et au su de tous. Un fait avéré qui malheureusement induit les plus jeunes dans l’erreur car la plupart pense que c’est l’argent qui achète le respect. Fort heureusement, ceux qui appliquent nos coutumes et traditions familiales savent que l’argent est un outil du bonheur et que le respect est dans le savoir vivre !
Fadimata S Touré, Stagiaire
L’Indicateur du Renouveau