Le Mali est à la croisée des chemins depuis la réélection d’IBK pour son second mandat. A peine investi le 4 septembre, il a été confronté à la première crise, consécutive à son élection qui a été contestée par une frange importante de la classe politique. Après, ce fut la grève des magistrats et celle des promoteurs d’écoles privées. A celles-ci, s’ajoutent la crise sociale dont la manifestation est la baisse du pouvoir d’achat des citoyens. Pourquoi ce silence assourdissant du Numéro 1 malien ? Va-t-il sortir enfin de sa quiétude pour mesurer, à sa juste proportion, la gravissime crise en cours ?
Les langues commencent véritablement à se délier face à l’alarmante crise politique et socio-sécuritaire à laquelle le Mali est confronté. En effet, depuis la proclamation des résultats provisoires du second tour par le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, la rue ne s’est guère désemplie, avec la contestation du chef de file de l’Opposition et de ses partisans. Au motif qu’il y a eu fraude massive, bourrage des urnes, tripatouillage des résultats, le tout couronné par la victoire d’IBK. Malgré l’appel à l’union et à la cohésion lors de son investiture, la situation reste tendue. Elle s’est même aggravée quand le Premier ministre a affirmé ne pas avoir « d’offre politique à Soumaila Cissé et à ses gens ». C’est pourquoi, le souhait de SBM de voir les leaders du FSD prendre part aux concertations sur les réformes n’a pas connu un écho favorable chez les frontistes. Soumaila Cissé et ses amis ne sont pas les seuls à boycotter les concertations. Ils sont suivis par l’autre front, à savoir la COFOP de Moussa Mara, Amion Guindo, Oumar Mariko et le Général Moussa Sinko Coulibaly. Modibo Sidibé et Zoumana Sacko qui sont des non-alignés sont tout aussi opposés au projet des concertations.
A la grave crise politique, s’est greffée une autre, celle qui touche la très grande majorité des maliens, la crise socio-sécuritaire. Nombreux sont les citoyens qui n’ont pas les trois repas quotidiens. Le Premier ministre rassure et a même promis la tenue d’une grande conférence sociale en janvier prochain pour revoir les salaires et autres primes, sans convaincre. Le Ministre des finances, qui détient le cordon de la bourse, apaise en parlant juste de tension de trésorerie et non de crise. Au même moment, les commerçants dans leur grande majorité mettent la clé sous le paillasson au motif de ne pas avoir des clients. Les travailleurs des différents secteurs s’apprêtent à débrailler pour réclamer une amélioration de leurs conditions de vie.
Quant à l’insécurité, elle s’est accrue au nord et au centre, et n’a pas reculé d’un iota. Au même moment, les populations des zones concernées broient du noir et se disent abandonner par les autorités.
Le hic n’est pas la gravité de la crise multidimensionnelle, mais le silence assourdissant du président de la République. IBK semble indifférent au cri de détresse de ceux-là mêmes qui lui auraient renouvelé leur confiance. Beaucoup de ses partisans sont sidérés de le voir observer la situation sans agir. Aujourd’hui, le Mali est sur le fil du rasoir, il peut s’effondrer à tout moment, qu’à Dieu ne plaise. IBK doit sortir de son silence avant qu’il ne soit trop tard.
Youssouf Sissoko
Source: Infosept