C’est avec un dispositif très varié que le Musée national accueille les œuvres de notre compatriote, l’artiste Tidiane N’Dongo, certes moins connu au Mali mais très talentueux. A l’entrée, une belle présentation des œuvres sur un décor blanc ou noir vous attire. Rien n’est fait au hasard. Tous les compartiments de la scénographie ont été schématisés afin de montrer l’importance de cette exposition qui plonge le visiteur dans le langage des signes et poèmes à travers le support bogolan.
L’exposition «Bogolan signes et poèmes» comporte deux parties. La première est consacrée aux tableaux de grand format, illustrant des signes. Tandis que la deuxième partie traite de la poésie. Mais globalement l’exposition est constituée de 37 œuvres de bogolan et de 7 productions poétiques. Elle s’intéresse à la société malienne et africaine et à leurs problèmes.
Certains tableaux parlent de l’équilibre entre homme et femme. Parmi les œuvres exposées, on peut retenir des titres très significatifs comme : «Lapedusa», «DromadeAir», «L’un dit pour lundi», «Mon G», «Thé Jmaes» et «Tonton».
Toutes ces œuvres reflètent le regard critique et l’analyse profonde sur notre société et la fertilité de l’inspiration de l’artiste qui assure il tire son inspiration de la nature de la relation entre la personne, son âme et l’être suprême : Dieu. «Tel est le fondement de mes œuvres qui abordent la question de l’unicité de humain à travers son sigle figuratif quasi universel», a soutenu l’artiste N’Dongo. Resté attaché à la technique du bogolan à base d’argile et de plantes, il développe son propre style pour se faire remarquer dans le milieu en le nommant «Dogodogoni» qui veut dire littéralement « une cachette » en langue nationale bamanankan. L’enfant de Bamako Coura débute sa carrière dans ce vieux quartier de la capitale en 1990. Après un bac franco-arabe, il n’a pu continuer les études et s’est lancé dans le bogolan. Très vite, il intègre le milieu et devient l’apprenti et l’ami de Youssouf Sidibé dit « Nelly ». Après quelques années d’apprentissage, il émigre en Europe et croise le chemin de feu Youssouf Tata Cissé, historien et érudit de la science des confréries initiatiques comme le Komo. Celui-ci découvre son talent d’artiste et son amour pour le bogolan et lui ouvre la voie qui lui permettra d’exprimer son savoir-faire. Tidiane N’Dongo vient de souffler ses 48 bougies et garde à son actif plusieurs expositions nationales et internationales et des projets artistiques et culturels. Ses œuvres ont été exposées dans plusieurs pays d’Europe (France, Belgique, Pays-Bas). Mais elles ont été très peu vues au Mali. Par ailleurs, l’artiste a expliqué le sens de son patronyme. Selon lui, son nom de famille est Sidibé, mais N’Dongo (savoir en bambara) a été attribué à son guérisseur de grand père. Et depuis le nom de famille Sidibé est devenu N’Dongo. L’ouverture officielle de l’exposition s’est déroulée, jeudi dernier au Musée national, en présence du ministre de l’Education nationale, Pr Abinou Témé et du secrétaire général du ministère de la Culture, Andogoly Guindo. Y étaient aussi le directeur général adjoint du Musée, Dr Salia Mallé, le représentant résident de l’UNESCO et nombre d’artistes. Andogoly Guindo a confirmé l’engagement de son département à soutenir les artistes pour la promotion et le développement de la créativité.
L’intitulée de l’exposition : «Bogolan signes et poèmes» est, sans doute, une évocation du talent de l’artiste dans la poésie, l’art plastique et sa connaissance des symboles et signes. Ses œuvres, bâties autour du sigle universel de l’humain tout en reflétant une force d’attraction, témoignent de son profond attachement à l’une des sources des traditions maliennes : le savoir ésotérique de nos sociétés. Le directeur général adjoint du Musée a remercié tous ceux qui se sont investis pour la réussite de cette exposition à un moment où son établissement traverse une période difficile. L’exposition se poursuivra jusqu’à la fin de ce mois.
Amadou SOW
Source: Essor