Suite à la fameuse lettre du premier ministre malien, Boubou Cissé invitant les parties à l’ouverture des plis des offres des sociétés qui postulent à la concession de l’aéroport de Bamako, le 15 mai dernier, nous avons mené l’enquête. Nord sud journal a obtenu en exclusivité des documents officiels tirés des archives de l’administration malienne et a découvert comment Boubou Cissé essaye d’octroyer cette concession à une société étrangère au détriment des intérêts du Mali et cela malgré les recommandations de la commission chargée du processus de la mise en concession de l’aéroport de Bamako.
Tout a commencé le 13 novembre 2006 lorsque le Mali a signé un accord pour obtenir un don de près de 92 milliards des francs CFA du gouvernement américain pour l’extension et la modernisation de l’aéroport de Bamako Sénou. L’un des points de cet accord est la mise en concession de l’aéroport de Bamako dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP).
Les travaux de l’aéroport ont démarré et le gouvernement malien lance l’appel d’offre international de la mise en concession de l’aéroport de Bamako Senou en 2011. Deux sociétés étrangères, la société SNC-Lavalin, une société canadienne, et SEGAP-EGIS Projects, une société française, qui serait en partenariat avec Mamadou Sinsy Coulibaly, l’actuel président du patronat malien, avaient été finalistes.
L’affaire est suspendue
Finalement, c’est la société SNC-Lavalin qui a remporté l’appel d’offre pour la gestion de l’aéroport de Bamako Senou pour une durée de 30 ans. Le 23 novembre 2011, par lettre N°2111/MET-DFM, le ministère malien des transports et de l’équipement qui conduisait cette opération a informé SEGAP/EGIS Projects, qu’elle n’a pas été retenue et que c’est SNC-Lavalin qui a remporté l’appel d’offre.
SEGAP/EGIS Projects qui était classée deuxième au moment du dépouillement en 2011 revient à la charge et obtient l’analyse à nouveau de son offre. Entre temps, le Mali est lui aussi plongé dans le chao par le Coup d’Etat militaire de 2012 et l’occupation du nord par les groupes armés djihadistes. L’affaire est suspendue, tout comme les travaux de l’aéroport de Bamako jusqu’à 2013, lorsqu’une lettre datée du 18 juillet de SEGAP/EGIS projects est parvenue au ministère des transports demandant la suite réservé au processus de la concession de l’aeroport de Bamako. Le ministère malien des transports a répondu qu’il est favorable à la reprise du processus, mais entre-temps, le président IBK a été élu et une nouvelle administration s’est mise en place.
Quelques temps après, les travaux de l’aéroport Bamako Senou ont repris. Aujourd’hui, l’aéroport en question est fonctionnel grâce à un financement de la Banque Islamique de Développement (BID), de l’OPEP, du Fonds Koweotien et du gouvernement malien. Ainsi 10 ans après le premier appel d’offre, la commission chargée du processus de la mise en concession de l’aéroport de Bamako Senou a alors demandé au ministère des transports de procéder à un nouvel appel d’offre prenant en compte la situation actualisée de l’aéroport de Bamako.
Au parfum du gré à gré
Le dossier sur le point d’aboutir, et des milliards des francs CFA sont en jeu, c’est en ce moment-là que Boubou Cissé a choisi pour rentrer dans la danse. Pour un premier temps, il s’est activé et réussi à déplacer ce dossier du ministère des transports pour le loger « chez lui » au ministère des finances. Boubou Cissé, sachant que SNC-Lavalin n’a plus le droit de postuler à un appel d’offre international depuis 2013 suite à la décision de la Banque Mondiale, il va alors procéder par un grotesque montage.
Boubou Cissé va à l’encontre de la décision de la commission pour la mise en concession de l’aéroport de Bamako, qui est celle de lancer un nouvel Appel d’offre international et demander aux deux sociétés, SNC Lavalin et Egis, d’actualiser tout simplement leurs offres. Incroyable mais vrai ! Comment Boubou Cissé, premier ministre malien, informé de la situation de la société SNC-Lavalin depuis 2013 peut lui demander de faire une offre ?
Le 15 mai dernier, au patronat malien, le premier ministre malien qui a convié les parties prenantes à l’ouverture des plis de ce qui prétend être une nouvelle offre des sociétés en compétitions pour la mise en concession de l’aéroport de Bamako Senou n’a obtenu qu’une seule offre, celle de Egis. Qu’est-ce qui a motivé Boubou Cissé à procéder ainsi ? Selon nos informations, le frère aîné de Boubou Cissé, Baba Cissé aurait rejoint la Team, SEGAP-EGIS-Mamadou Sinsy Coulibaly et avec cette procédure déloyale, Boubou Cissé sait que seul SEGAP/EGIS serait en mesure de lui faire une nouvelle offre. Ainsi l’affaire va tourner au parfum du gré à gré, au détriment des intérêts du Mali mais pas la famille de Boubou Cissé. L’État malien va-t-il donner la concession de l’aéroport à Egis dans ces conditions déloyales ?