Capitaine Drissa Coulibaly est avant tout un charlatan. Il est aussi un mercenaire multirécidiviste ayant combattu au Liberia, en Sierra-Leone, en Côte d’Ivoire et en Guinée Conakry. Formé en Israël, il est mécanicien d’engins militaire et a aidé mystiquement surtout, certains hauts gradés de l’armée régulière du Mali. Il est surtout connu comme conseiller occulte du Général Amadou Haya Sanogo et du disparu Colonel Youssouf Traoré. Mais il connaît aussi Didier Dakouo et a fait la prison pour son implication supposée dans l’affaire dite des bérets rouges de l’armée malienne. Dans un entretien exclusif qu’il nous a accordé, l’homme dit tout. Morceaux choisis…
Didier Dakouo ?
Quid du CNRDRE
J’ai connu Sanogo via le Colonel Cissé de la région militaire de Sikasso. Je l’ai rencontré pour la première fois à Sévaré quelques jours avant l’attaque de Konna. Je l’ai aidé mystiquement. Il y a eu incompréhension entre nous par la suite. Il a donné 9 millions et un véhicule à Sékoubani pour fêter son grade de général alors que nous qui avons tout fait pour lui n’avons rien eu. Beaucoup de militaires dans son entourage étaient aussi très remontés contre lui. Mon fils a fait un accident. Personne ni Sanogo, ni son lieutenant Seyba ne s’est manifesté. C’est le Col Youssouf Traoré qui l’a fait en me remettant 2 millions.
La tension était grande et elle montait. J’ai libéré mes hommes et leur ai dit que je voyais venir une catastrophe à Kati. J’ai décidé de me retirer au Sénégal, à Kidira en passant par Diboli. Là, j’ai appris des rumeurs me concernant, colportées par l’épouse de Seyba Diarra, Binta Bocoum. Ces rumeurs disent que j’ai fui pour avoir violé une fille, escroqué des gens. Je n’ai pas fui ! C’était stratégique. J’ai vu venir la mutinerie du 30 septembre 2013. Il fallait m’éloigner de la tension pour ne pas impliquer mes hommes et moi-même aux tueries qui s’y préparaient. Il était prévu que je retourne après cette campagne macabre.
Son rôle dans la mort des bérets rouges, ses relations avec le Général Didier Dakouo ?
Les colporteurs sont allés très loin en m’accusant d’avoir érigé et d’adorer mes fétiches sur une fosse commune (charnier) où reposent des bérets rouges assassinés. Ce qui est archi-faux. Ce sont des cadavres de chevaux que je donne aux djinns. Les djinns m’indiquent les parties du corps de cheval dont ils ont besoin. Le reste de la carcasse, pour ne pas empester les alentours, je les fais jeter dans un puits. Après, j’ai entendu aussi que ce sont des restes humains là-bas aussi. Que c’étaient des bérets rouges alors que je ne connais Abidine Guindo ni d’Adam ni d’Eve. Je n’avais rencontré aucun béret rouge puisque j’étais vers Mopti. Les bérets rouges étaient, eux, tous à Bamako. Le contrecoup d’Etat m’a trouvé en mission. Le général Didier Dakouo peut en témoigner. Il paraît que les bobos ne trahissent pas, mais Didier m’a trahi. Je suis un patriote. Je suis venu sauver mon pays. Je n’ai pas besoin des organisations des droits de l’Homme. J’ai travaillé avec le Général Didier Dakouo, mais il ne veut plus entendre parler de moi. Il ne décroche plus mes appels.»
2 ans de prison puis un non-lieu…
« Après l’arrestation d’Haya, je me suis rendu à la gendarmerie pour me disculper des accusations d’assassinat des bérets rouges. Je me suis rendu chez le Juge Yaya Karembé pour m’expliquer, il m’a mis en prison pour deux ans. Mais grâce à la Justice malienne, grâce au Procureur d’alors Daniel Tessougué et Me Tiessolo Konaré, j’ai bénéficié d’un non-lieu. Pourtant, mes hommes avaient projeté de me faire évader, j’ai décliné l’offre, j’avais dit que j’avais confiance en la justice de mon pays. Mais ce qui me révolte aujourd’hui, c’est de voir ceux qu’on a combattus se pavaner dans nos rues à bord des V8 et nous narguer alors que nos combattants loyalistes broient du noir. Les jeunes songhoy qui se sont battus pour le Mali ou qui sont morts pour le pays ne sont pas réintégrés. C’est injuste ! En tout cas moi, je réclame mes droits et j’ai saisi les autorités compétentes du pays pour m’aider. Je cherche l’aide et la compréhension de vous tous et j’aime mon pays. »
Boniface Dembélé
Source : L’Enquêteur