Après la visite controversée du premier ministre Moussa Mara le 17 Mai 2014 à Kidal et les affrontements qui ont suivis le 21 du même mois, entre l’armée Malienne et les groupes armés coalisés du MNLA, HCUA et le MAA, le peuple Malien, sidéré par la débâcle de son armée et surtout par les nombreuses victimes civiles comme militaires, s’est tourné vers ses représentants que sont les députés pour savoir toute la vérité rien que la vérité sur ce qu’il a appelé désormais la visite de la honte.
Pour rappel le premier ministre Oumar Tatam Ly avait tenté de se rendre une fois à Kidal, pour dit-il s’imprégner des conditions de travail de l’administration après les élections législatives. Mais face à la farouche opposition des groupes armés et à la demande de la Minusma et des forces SERVAL, qui toutes disaient craindre la recrudescence de la violence, Mr Ly a rebroussé chemin à partir de Gao, pas par lâcheté, mais pour ne pas mettre à vau l’eau les maigres acquis obtenus à la fin des négociations entre les autorités de la transition et les groupes armés à Ouagadougou au Burkina Faso. Ce sont ces accords qui ont permis la tenue des élections présidentielles et législatives sur toute l’étendue du territoire et pour mémoire tous les acteurs politiques y compris l’actuel président de la république ont accepté ces accords de Ouagadougou. Après la démission de Tatam LY pour dysfonctionnement dans la gestion des affaires publiques, Mara a été nommé, le seul dénominateur commun au sortant et au rentrant est leur appartenance à la même génération. Si non, tout les oppose : la formation, la vision et même l’éducation. Autant Moussa Mara est prêt à tout pour assouvir son ambition personnelle autant Tatam LY tient à des valeurs. La preuve de cette allégation est sa visite au relent populiste le 17 Mai après plus d’une dizaine de rapports les uns plus alarmants que les autres sur la détérioration du climat de sécurité à Kidal. Non Kidal est une partie du Mali il n’ya pas de raison que les plus hautes autorités du pays ne s’y rendent pas, tels étaient les propos tenus par les premiers responsables, en feignant d’oublier les clauses des accords de Ouagadougou qui, certes n’interdisaient pas l’accès de Kidal aux autorités légitimes, mais leur recommandaient l’ouverture d’un dialogue inclusif 60 jours après l’investiture, pour parvenir rapidement à un accord définitif de sortie de crise. Mara, au lieu de rappeler les accords préliminaires à son mentor, a plutôt suivi et appliqué à la lettre ses désidératas en se rendant à Kidal.
Malheureusement c’est sous un tonnerre de balles et en sacrifiant six de nos vaillants administrateurs qu’il est revenu à Gao à bord d’un hélicoptère de la Minusma. A Gao il a animé une conférence de presse pour fustiger et le comportement des forces étrangères (Minusma et Serval) et celui des groupes armés dont l’acte qu’ils ont posé sera considéré comme une déclaration de guerre et sera traité comme tel. Trois jours plus tard les hostilités ont été déclenchées pour sécuriser Kidal, selon le ministre de la défense. Et quand le combat a tourné à notre défaveur aucune autorité ne s’est assumée jetant la responsabilité de la débâcle à l’armée elle-même. Ni le bilan en termes de pertes en vies humaines et en matériels, ni celui en perte de crédibilité n’a pas été rétabli.
Les honorables députés qui sont sensés représenter le peuple dans toutes ses composantes, qui sont sensés défendre les intérêts de leurs électeurs ont la lourde responsabilité d’éclairer la lanterne du citoyen qui ignore jusqu’au moindre détail la vérité sur ce qu’on peut désormais appeler la tragi-comédie de la visite du PM Mara à Kidal en publiant ce rapport tant attendu.
Les députés vont-ils permettre aux citoyens de leur rappeler cette célèbre phrase de Me Mountaga Tall, alors opposant au régime d’Alpha Oumar Konaré et après ce qu’il a qualifié des farces électorales de 19997 : « Une assemblée incolore, inodore et sans saveur… » Car même l’opposition est inaudible sur le rapport. Vivement le rapport d’enquête sur la visite du PM Mara pour la manifestation de la vérité et pour la crédibilité de l’institution la plus représentative qu’est l’ASSEMBLEE NATIONALE.
Youssouf Sissoko