Un nouveau referendum, après celui du 23 juin 2016, est bien possible en Grande-Bretagne pour que le pays reste au sein de l’UE.
Sur le site internet du Parlement britannique, une pétition déposée le 20 février remporte, un mois plus tard, un succès fulgurant. Plus de 4 millions d’Anglais sont favorables au maintien de leur pays au sein de l’Union européenne. Seul hic, au regard des us et coutumes politiques britanniques, le résultat de cette consultation populaire sur la ligne n’a aucune valeur contraignante. Ce que n’ignore pas son initiatrice, Margaret Anne Georgiadou, qui prétend simplement vouloir avoir la preuve que ses compatriotes ne veulent pas sortir de l’UE.
Contrairement à la plupart des Etats modernes, la Grande Bretagne n’a pas de constitution codifiée. Elle a une constitution non écrite formée d’actes législatifs, de jugements et de conventions judiciaires. Toutefois, l’usage politique dans le pays de la reine Elisabeth II exige un débat politique au Parlement dès lors qu’une pétition atteint les 100.000 signatures.
A cet effet, le Gouvernement britannique peut-il continuer d’ignorer la volonté d’une majorité de citoyens britanniques (on estime la tendance à la hausse) ? Si rien ne le contraint de stopper le Brexit, les manifestations gigantesques des partisans d’un nouveau référendum, samedi dernier, ne constituent-elles pas un marqueur politique pour le Royaume Uni ?
Un nouveau referendum, après celui du 23 juin 2016, est bien possible en Grande-Bretagne pour que le pays reste au sein de l’UE. Mais au début de la crise du Brexit, la Première ministre Theresa May n’était pas encline à envisager cette solution. Avec le recul, compte tenu de nombreux obstacles rencontrés pour d’abord négocier avec ses pairs de l’UE, ensuite les députés britanniques pour un «deal Brexit», la Chef du Gouvernement, très malmenée politiquement, peut bien aller dans le sens de cette solution.
Cette nouvelle volonté du peuple britannique, Theresa May doit bien s’en servir pour sortir la tête de l’eau. Elle que l’on sait non eurosceptique, ne doit en avoir aucun complexe. Surtout qu’il y a trois ans, on se rappelle, la campagne du Brexit avait été biaisée. Ce, d’autant qu’il est désormais connu que les partisans d’alors du Brexit avaient menti au peuple britannique afin qu’il adhère à leur thèse.
Actuellement l’ensemble des Travaillistes (minoritaires au Parlement) comme de plus en plus de Conservateurs (majoritaires) redoutent la perspective d’un « no deal », une sortie de l’UE sans accord. Au regard de cette triste réalité, il faut que les politiques britanniques arrivent à revenir à la sagesse. Car l’ultime solution qui sied pour eux serait d’accepter de consulter à nouveau la population qui n’avait voté qu’à 52% pour la sortie.
Quoi qu’il advienne, du point de vue économique, on estime que la Grande-Bretagne n’a rien à gagner d’un « Brexit ». L’Union ne l’empêchait pas d’afficher le meilleur taux de croissance du continent et un meilleur taux de chômage (5,1%) quasiment le plus bas – seule l’Allemagne faisait mieux.
La sortie pourrait lui compliquer son accès au marché unique qui lui avait si bien réussi (les usines automobiles britanniques produisent davantage de véhicules que les françaises). Quant à la City, elle va en souffrir énormément, car cette principale place financière verra plusieurs banques se délocaliser.
Gaoussou M. Traoré
Le Challenger