Indignation, consternation, colère et interrogation….au-delà des familles de nombreux militaires tombés sur le champ de l’honneur, ces sentiments sont largement partagés à l’échelle de la nation. De Kati à Nioro du Sahel en passant par Ségou, la colère est montée d’un cran dans les garnisons. Les veuves et les orphelins ont énergiquement manifesté à Nioro et Ségou pour exprimer leur ras-le- bol. Au plus haut sommet de l’Etat, le chef suprême des armées, Ibrahim Boubacar Kéïta, a manifesté son courroux et décidé « qu’aucune négligence ne saurait plus être tolérée ».
L’attaque du 17 mars contre le Camp de Dioura, 23 morts, rappelle tristement celle menée, le 24 janvier 2012, contre le capitaine Sékou Traoré dit BAD et ses compagnons au camp d’Aguelhok qui avait fait plusieurs dizaines de morts. La similitude entre Aguelhok et Diouara qui soulève des interrogations est bien l’attaque et l’occupation du camp militaire des FAMA.
L’auteur de la tuerie de Douara serait Ba Moussa Diarra, un déserteur de l’armée malienne qui a retourné les armes contre la patrie. Comment a-t-il pu planifier et commettre un tel affront à l’armée malienne ? Comment les FAMA, dont la montée en puissance est vantée sur tous les plateaux de télévision, payent toujours le prix fort ? Ces interrogations justifient la colère des populations.
Nioro : le Général de Brigade Abdrahamane Baby interdit d’accès…
Les épouses de militaires du camp de Nioro en colère, soutenues par la population, ont refusé jeudi dernier, d’accueillir le chef d’Etat-major de l’armée de terre, le Général de Brigade Abdrahamane Baby et sa délégation venus présenter les condoléances aux familles des soldats sauvagement assassinés par les ennemis de la nation. « Il n’entrera pas ici », scandaient les manifestants. Le Général de Brigade Baby et les membres de sa délégation étaient contraints de rebrousser chemin face à la détermination des manifestants.
….A Ségou, les femmes de militaires en colère bloquent la RN6
A Ségou, les femmes des militaires se sont rebellées, vendredi 22 mars 2019. Ainsi plusieurs dizaines de ces épouses de militaires et des jeunes ont occupé momentanément la RN6 dans la matinée. Pour exprimer leur colère, les manifestants ont brûlé des pneus sur la voie publique, paralysant la circulation. « A bas le commandement !», « Nos maris ne seront plus tués comme des mouches, trop c’est trop !», scandaient les femmes en colère.
A qui la faute ?
C’est la principale interrogation. Qui est donc coupable des tueries ou des tristes sorts dont font l’objet les FAMA ? Pour situer justement les responsabilités dans cette attaque meurtrière de Diouara, la commission défense de l’Assemblée Nationale, que dirige le fils d’IBK, a écouté, jeudi 21 mars 2019, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, selon un post de l’honorable Karim Kéïta sur les réseaux sociaux. « Nous l’avons exhorté à situer les responsabilités et à prendre les sanctions idoines », écrit-il.
Un deuil national de trois jours
Le gouvernement, à l’issue du conseil des ministres du jeudi 21 mars 2019, a décrété un deuil national de trois jours pour exprimer la compassion de la nation aux soldats lâchement assassinés à Diouara par des terroristes le 17 mars dernier. Ainsi, le drapeau malien a été mis en berne du 22 au 24 mars 2019. Le gouvernement assure que les coupables de ces crimes ignominieux ne resteront pas impunis.
Daouda Konaté
Le Challenger