Mumia Abu-Jamal est l’un des plus célèbres prisonniers des États-Unis, condamné à mort en 1982 pour le meurtre d’un agent de police. Le cas de cet Afro-Américain a provoqué, ces 36 dernières années, une mobilisation internationale dénonçant les lacunes du procès et condamnant le principe de la peine de mort. Alors que sa peine a finalement été commuée en prison à perpétuité en 2001, un tribunal de Philadelphie a estimé jeudi 28 décembre la présence d’un problème de procédure qui pourrait désormais lui permettre de faire appel de sa condamnation.
Avec notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier
Le juge Ronald Castille pouvait-il être soupçonné de partialité quand il dirigeait la Cour Suprême de Pennsylvanie qui statuait pour savoir si Mumia Abu-Jamal avait le droit de faire appel de sa condamnation ? Oui, a estimé un tribunal de Philadelphie, ville où un policier a été tué par arme à feu après un contrôle en 1981, suite auquel Mumia Abu-Jamal a été incarcéré.
Car avant d’être juge, Ronald Castille avait officié comme procureur adjoint, et avait à ce titre été impliqué dans l’un des chapitres de cette interminable affaire. Même si son rôle avait été secondaire, il aurait donc dû se récuser.
Cette décision judiciaire ouvre désormais la porte à plusieurs scénarios. D’abord, le procureur de Philadelphie Larry Krasner a le droit de la contester, mais étant connu pour ses positions progressistes, il pourrait laisser faire. Ensuite, les avocats de Mumia Abu-Jamal ont désormais 30 jours pour lancer enfin une procédure d’appel.
Depuis 2001, des jugements successifs avaient déjà annulé la peine de mort de l’ancien militant des Black Panthers, un grand succès pour ceux qui se battaient avant tout contre ce type de condamnation. Mais alors que des activistes du monde entier sont mobilisés depuis 36 ans pour dénoncer une erreur de justice, voire un verdict raciste, un nouveau procès pourrait être retentissant.
RFI