Les états généraux de l’Éco, la future monnaie commune de la CEDEAO, vont se tenir du 26 au 28 mai à Lomé, au Togo. Placée sur le thème « Du CFA à l’ÉCO : Quelle monnaie pour quel développement en Afrique de l’ouest ?», cette rencontre internationale sera un cadre de réflexion sur la transition vers l’ÉCO, et ses conclusions seront soumises aux chefs d’état de la CEDEAO comme feuille de route. L’initiative est de l’économiste togolais Kako Nubukpo, très connu pour ses positions anti franc CFA.

Plus de 200 participants issus du monde économique et politique vont déterminer les enjeux et les défis multiples de la transition du franc CFA à l’ÉCO. Dans le rapport intitulé « Du FCFA à l’ ÉCO  », coécrit par des chercheurs et experts africains en marge des états généraux de l’ÉCO et rendu public le 15 mai dernier, l’économiste togolais Kako Nubukpo estime que « quatre options parmi d’autres paraissent tenir la route pour marier les quinze États membres conviés au banquet de l’ ÉCO  ».

La première option fait de l’ ÉCO un simple avatar du franc CFA, où les réserves de change sont centralisées et la monnaie adossée à une garantie extérieure, telle que la France l’exerce dans le contexte institutionnel du franc CFA. La deuxième est « celle d’un ÉCO réel, fondé sur la convergence réelle, celle du PIB / tête et non plus, comme dans le cas de l’ÉCO – CFA, sur le respect des critères nominaux de convergence. Dans ce cas de figure, les économies de la CEDEAO auraient l’obligation de converger vers le trio de tête que constituent le Cap-Vert, le Nigeria et le Ghana. L’ ÉCO aurait un régime de change flexible encadré par un ciblage de l’inflation ». La troisième option est celle d’un ÉCO – Naira, sous la houlette du Nigeria, et la quatrième serait de considérer l’ ÉCO comme une monnaie commune et non unique. « On pourrait imaginer que les pays qui ne sont pas encore en mesure d’adhérer à la monnaie unique se lient à celle-ci par des accords de taux de change », explique Kako Nubukpo dans le rapport.

Selon l’économiste malien Modibo Mao Makalou, pour l’entrée en vigueur de la future monnaie commune, il faudra une Banque fédérale, en commençant par les pays qui respectent les critères de convergence minimaux. « Il faut l’adoption d’une Banque centrale de la CEDEAO basée sur le modèle de système fédéral des Banques centrales, comme la Federal Reserve Bank aux États-Unis d’Amérique, au lieu d’une Banque Centrale Unique. Et une approche graduelle pourrait faciliter le processus d’adoption de la monnaie unique, en commençant par les pays qui atteignent les critères de convergence et en adoptant à court terme ceux de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA), qui s’élargiront aux autres pays éligibles par la suite », suggère-t-il.

Moment idéal ?

Les critères de convergence ont été gelés pour 2021 et repoussés à janvier 2022 par les chefs d’État de la CEDEAO, à cause de la pandémie de Covid-19, qui a durement éprouvé les économies des pays membres. Aujourd’hui un report de l’entrée en vigueur de L’ ÉCO est sur le tapis. Elle serait remise à 2025, selon les explications du ministre burkinabè de l’Économie.

Pour Kako Nubukpo, il n’y a pas de moment idéal. Les pays de la CEDEAO doivent se lancer. « La chute de la croissance économique dans la région en raison de la pandémie de Covid-19 n’est qu’une difficulté supplémentaire, qui rend encore plus difficile le respect des critères de convergence minimale, mais le moment idéal avec les conditions propices n’existe pas», explique-t-il.

Selon Modibo Mao Makalou, l’ ÉCO devrait favoriser les échanges commerciaux et la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux entre les différents pays membres, ainsi qu’impulser une croissance économique forte, durable et inclusive au niveau de la sous-région. Notre compatriote Aminata Dramane Traoré fait partie des invités des états généraux de l’ÉCO. Au terme de la rencontre est prévue l’élaboration d’une Feuille de route à soumettre aux chefs d’État de la CEDEAO pour la mise en place de la nouvelle monnaie.

Boubacar Diallo

Chiffres

Participants : 200

Lancement de l’ ÉCO  : Horizon 2025