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États généraux de la décentralisation : Une opportunité de réconcilier les communautés de la nation malienne

Les assises nationales des états généraux de la décentralisation se sont tenues du 21 au 23 octobre 2013 au Cicb. Cette rencontre, dont la cérémonie d’ouverture a été présidée par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a été une occasion pour les acteurs de faire le bilan des dix années de mise en œuvre de la décentralisation au Mali et les défis à relever afin de formuler des recommandations pertinentes.

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Après plus de 10 ans de mise en œuvre de la décentralisation au Mali, l’heure est venue de jeter un regard rétrospectif sur ce mode de gouvernance afin de dégager des orientations claires sur lesquelles l’Etat peut s’engager à conduire l’approfondissement de la politique de décentralisation au Mali. Voila la raison de la tenue des assises nationales des états généraux ayant enregistré la participation massive de tous les acteurs de la décentralisation. En clair, il s’agissait d’établir un diagnostic réel des avancées et des insuffisances de la décentralisation dans notre pays pour lui faire gagner en efficacité et en responsabilité, et renforcer ainsi l’unité nationale et la cohésion sociale mises à mal ces derniers temps.

 

 

A l’ouverture de ces assises, les représentants des 761 collectivités territoriales qui existent actuellement dans notre pays étaient au rendez vous. On notait également la présence de plusieurs membres du gouvernement, des présidents d’institution de la République du Mali, des ambassadeurs et représentants des organismes accrédités dans notre pays.

 

 

A cette occasion, la représentante du maire de la Commune III, Mme Djittèye Mariam Diallo, n’a aucunement manqué de rappeler l’importance de ces assises, qui, selon elle, permettront de donner un nouveau souffle et de nouvelles orientations à la décentralisation qui souffre actuellement de sérieux problèmes. «En effet, le Mali,  après avoir opté pour cette reforme administrative majeure, se devait surtout, au regard du contexte socio-politique actuel, de revoir sa politique de décentralisation en vue de mieux répondre aux enjeux de paix, de démocratie et de développement. Certes le processus de décentralisation a connu des avancées notables, notamment en matière de santé et éducation, mais il faut aussi constater de nombreuses insuffisances auxquelles il faut ajouter les impacts de la crise au nord du Pays. Aussi, convaincus que la décentralisation demeure une voie privilégiée pour des réponses satisfaisantes à cette  crise, il nous incombe dès lors de nous donner un souffle nouveau et de nouvelle orientations», a-elle conseillé.

 

 

Notons que les partenaires techniques et financiers ont joué un rôle considérable par rapport aux avancées significatives constatées sur le plan de la décentralisation au Mali. En effet, au cours des dix dernières années, l’essentiel des ressources des collectivités proviennent des partenaires techniques et financiers. En prenant la parole, le chef de file des partenaires techniques et financiers (PTF), Günter Overfeld,  ambassadeur d’Allemagne, a lui aussi salué l’initiative de la reforme de la décentralisation qu’il qualifie d’un projet ambitieux qui doit être soutenu par une volonté politique forte.  «Comment, à partir de maintenant, le portage politique de la reforme peut mieux être assuré par le gouvernement et comment les structures chargées de sa mise en œuvre auront les moyens ad hoc ? Comment l’Etat manifestera son engagement surtout financier afin que les collectivités territoriales disposent de ressources suffisantes et prévisibles pour assurer leurs missions de service public aux populations ? Est-ce qu’il n’est pas temps de véritablement mettre en œuvre l’instruction du Premier ministre relative au transfert des compétences et des ressources qui est là depuis 2008, et aussi de faire les premiers pas pour augmenter les ressources des Collectivités dans le budget d’Etat ?». Voila autant de questions que le diplomate Günter Overfeld a soulevé lors de l’ouverture des assises, avant de réaffirmer la volonté des PTF de soutenir l’Etat malien dans son projet de décentralisation.

 

 

En outre, il s’agissait pour les acteurs d’adapter les assises aux nouveaux contextes sociopolitiques du Mali afin de répondre au développement et à la paix. C’est ainsi que le président du Haut conseil des collectivités territoriales, Oumarou Ag Mohamed Ibrahim a soulevé l’importance de la décentralisation, qui, selon lui, est aussi un moyen de préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale. « Imprimant une forte identité nationale, la décentralisation, pour tout dire, noue et entretient les relations multiples et multiformes, partant, elle ménage le terreau pour la préservation de l’unité nationale, de l’intégrité du territoire et de la refondation de l’Etat. N’est-ce pas là, la réponse idoine aux multiples interrogations, supputations autour de la question de prise en main par les populations de leur propre destin», plaide-t-il.

 

 

IBK plaide pour un Etat fort et stratège au service de l’efficacité

Vingt ans après son lancement, le chef de l’Etat estime que cette reforme, qui a profondément changé le visage de notre pays, a été saluée en Afrique et dans le monde entier. Une raison de plus pour Ibrahim Boubacar Keïta de rappeler le sens des Etats Généraux de la décentralisation qui, selon lui, est une opportunité de bâtir un nouveau Mali avec un nouveau mode de gouvernance.  «Ma vision est celle d’un Etat fort, au service de l’efficacité. Un Etat dont le socle ne peut être que la justice et la bonne gouvernance. Cet Etat fort, responsable et protecteur, devra garantir à chaque citoyen un égal accès aux soins, à l’éducation et à tous les services publics, sur l’ensemble du territoire. Cet Etat sera stratège pour mettre en place les conditions du décollage économique du Mali», a-t-il martelé.

 

 

Des dysfonctionnements à Corriger

Pour le chef de l’Etat, les rivalités de compétences entre les collectivités doivent être évitées. Tout comme la corruption  au niveau du foncier. «Les exécutifs des collectivités ont parfois affiché un niveau élevé de corruption, singulièrement dans le traitement des questions foncières. Leurs attributions dans ce domaine devraient être clarifiées pour éviter des conflits à venir. Nous serons sans pitié, sans pitié, sans pitié dans ce domaine. D’une manière générale, elles devraient être assujetties à des contrôles renforcés et, notamment, aux séparations fonctionnelles des responsabilités publiques imposées aux administrations centrales», a assuré le chef de l’Etat.

S’agissant de l’insuffisance des ressources allouées aux collectivités territoriales pour leur prise en charge, IBK a promis que cette situation sera corrigée. Car, selon lui, « ce n’est pas une fierté pour nous que ces subventions proviennent uniquement des partenaires techniques et financiers».

En outre, Ibrahim Boubacar Keita a aussi jugé nécessaire d’apporter une réponse durable aux frustrations qui alimentent l’irrédentisme des Touareg, ajoutant qu’une part essentielle des propositions attendues des assises sera de réconcilier les communautés de la nation malienne sur la base d’une décentralisation renforcée.

 

 

Par ailleurs, notons que près de 700 personnes ont pris part à ses assises afin de formuler de pertinentes recommandations.

 

Ibrahim M.GUEYE

SOURCE: Le Prétoire
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