Hamé Coulibaly de Kérouané et Cheickné Diarra de Bagamabougoussacko, Commune de Madinassacko, dans le cercle de Diéma, région de Kayes, souffrent aujourd’hui des séquelles de tortures liées à leur rang social. Alors que les victimes attendaient que le gouvernement rétablisse leur honneur, le Premier ministre s’est contenté d’un communiqué de condamnation.
Hamé Coulibaly de Kérouané, exilé à Bamako et hébergé par Temedt, a perdu tous ses biens au village. Ce jeune homme torturé et ensanglanté est originaire du cercle Diéma. Selon ses proches, il est arrivé de France, il y a moins de deux mois. Considéré esclave, selon sa localité, le péché de Hamé a été d’aller rendre visite à des torturés. Il en a payé le prix. Le jeune homme a été l’objet de traitements inhumains.
Hamé Coulibaly de Kérouané n’est pas seul dans cette situation. Cheickné Diarra de Bagamabougoussacko, Commune de Madinassacko, a aussi subi le même cas. Ils sont tous originaires du cercle de Diéma, région de Kayes.
Selon Cheickné Diarra, c’est une pratique d’un autre temps dans cette localité. “Lorsqu’ils tuent de bêtes, immédiatement, nous sommes appelés pour le dépeçage. Les maîtres s’enfichent de nos occupations. C’est un ordre du maître qui doit être exécuté. Pour eux, nous leur appartenons, explique-t-il. Mon cas est intervenu le mercredi 9 janvier, ajoute-t-il. J’ai été battu à sang par une dizaine de jeunes…”.
La persistance de l’esclavage héréditaire est une réalité dans la région de Kayes. De Gruimahanahali à Ayourou en passant par Dafarara, l’asservissement et les tortures attentatoires à la liberté physique et morale des personnes continuent toujours de faire des victimes. Ce, face au silence assourdissant des plus hautes autorités du pays. Récemment, il a été enregistré l’expulsion et des actes de violences barbares des citoyens maliens par d’autres Maliens, tous vivants dans le village de Gruimahanahali ceci pour avoir refusé d’être traités “d’esclaves”.
Pourtant, la Constitution du Mali, en son article 2 dispose que “Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs “. C’est pourquoi, elle assure plus loin que “Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, le handicap, la religion et l’opinion politique est prohibée”.
En dépit de ces garanties données au citoyen par la Loi fondamentale, pour qui dès son article 1 dispose que “La personne humaine est sacrée et inviolable”, certains Maliens continuent d’agir sous le joug de l’esclavage.
La pratique préhistorique persiste et fait présentement d’importants dégâts au sein des communautés dans la région de Kayes. Pis, les victimes souffrent dans le silence. Des vaches, des bœufs de labour, des dizaines de grammes d’or : voilà ce que les victimes payent pour avoir la liberté. Ces rançons sont une obligation pour s’affranchir de leur tutelle et être considéré comme du même rang selon la mentalité de ces communautés.
Au lieu d’agir face aux cas, le gouvernement de la République du Mali se contente d’un communiqué laconique faisant étant de son consternation et indignation. Disposant les moyens, le gouvernement devrait appliquer la loi en la matière. Les victimes se sentiraient plus dans cette démarche que de leur rappeler que la personne humaine est sacrée et inviolable aux termes de l’article 1er de la Constitution du 25 février 1992.
Le Mali a souscrit aux différents instruments juridiques internationaux, régionaux et sous-régionaux visant à prévenir et à réprimer toutes pratiques attentatoires aux biens, à l’honneur, à la dignité et à la vie de la personne humaine, les lois pénales prévoient et répriment toutes les formes d’atteintes aux biens et aux personnes quels que soient leurs auteurs et les motivations qui sous-tendent leurs actes… Les instruments juridiques sont suffisamment à la disposition du gouvernement pour agir. Le gouvernement réaffirme sa détermination à assurer, dans le strict respect de la loi, la protection des personnes et de leurs biens sur toute l’étendue du territoire national restera une simple déclaration. L’ouverture d’une enquête parlementaire pour situer les responsabilités était plus que souhaitable.
Bréhima Sogoba
Source: L’Indicateur du Renouveau