Le mouvement « Maliens Tout Court » a récemment initié une rencontre entre les protagonistes des violences qui ont récemment sévit dans la localité de Talataye. Ainsi, c’est à la faveur d’une rencontre organisée, le 15 mai dernier que les responsables de ce mouvement ont invité le secrétaire général du MSA, Moussa Ag Acharatoumane et le Président en exercice de la CMA, Sidi Brahim Ould Sidatt à conclure une entente mettant fin aux affrontements à Talataye. Cela, en plus d’autres actions réalisées par ce mouvement en faveur de la paix et de la réconciliation près d’un mois après sa création. Nous sommes donc allés à la rencontre du président de ce mouvement, l’opérateur économique Ibrahima Diawara patron des Entreprises Stones, Ibi Groupe. Lequel a bien voulu répondre à nos questions pour en savoir davantage sur le mouvement « Maliens Tout Court ».
kibaru: Pouvez-vous nous parler de vous et du mouvement « Maliens Tout Court » dont vous êtes à la tête ?
Ibrahima Diawara : Je m’appelle Ibrahima Diawara et je suis le président du mouvement « Maliens Tout Court ». Un mouvement apolitique que j’ai lancé il y a environ un mois. Tout est parti d’un cri de cœur que j’ai exprimé en voyant mon pays glisser vers l’anarchie, le désordre sécuritaire et surtout la souffrance des populations par rapport à cette situation. C’est là que j’ai lancé un cri de cœur sur les réseaux sociaux qui a été très entendu. Actuellement, nous sommes à la phase de restructuration de ce mouvement qui, je le rappelle une fois de plus, est apolitique. Notre objectif c’est tout simplement d’aider les personnes qui sont dans le pays et d’intervenir dans les zones où sévit la crise humanitaire. C’est ainsi que mes amis et moi avons décidé de mettre en place ce mouvement afin de prêcher la bonne parole dans tout le Mali. Dans nos messages nous alertons nos concitoyens afin qu’ils sachent que si nous ne levons pas, ce pays va droit vers l’abîme. Nous risquons de connaitre la même situation que des pays comme le Rwanda, la Somalie, le Liberia ont connue. Nous leur disons que nous sommes manipulés sans se rendre compte. Le Mali a toujours été un modèle de vivre ensemble. On n’entendait jamais parler de Touareg, Songhay, Peulh, Dogon. Aujourd’hui, au lieu de parler du pays et de ses intérêts, certains ne font que parler de leurs spécificités.
kibaru: Depuis le lancement du mouvement « Maliens Tout Court » l’on voit que vous essayer d’occuper le terrain de plus en plus. Quelles sont les activités phares que vous avez eu à mener ?
Ibrahima Diawara : Notre baptême de feu a eu lieu, le 12 avril dernier, à Bandiagara, dans la région de Mopti. Il intervient après la tuerie d’Ogossagou, le 23 mars dernier et le conflit qui a commencé à se propager à Bankass et à Koro. L’urgence était d’aller à Bandiagara pour parler avec nos frères Peulh afin qu’ils ne soient pas animer par le désir de vengeance et de se rendre justice. Une situation qui pourrait entraîner des conséquences graves pour le pays, car la violence n’engendre que la violence. Dieu merci, le pire a été évité. A Goundam où nous nous sommes rendus le 20 avril dernier, c’était aussi une situation d’urgence. Il fallait qu’on intervienne pour exorciser les démons de la division et de la discorde entre les communautés. Vous vous rappeler qu’à cette période il y avait une situation conflictuelle entre la population suite à des actes crapuleux. Notre intervention a permis aux communautés de se parler pour ramener l’apaisement et la quiétude. Le 4 mai dernier, le mouvement « Maliens Tout court » a organisé une conférence-débat sur la paix et la cohésion sociale à Bamako en présence de plusieurs notables des différentes communautés du Mali et des cadres de l’administration malienne. Le 15 mai, nous avons initié une rencontre entre le président en exercice de la Coordination du Mouvement de l’Azawad (CMA), Sidi Brahim Ould Sidatti et le secrétaire général du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), Moussa Ag Acharatoumane qui se sont engagés à mettre fin aux hostilités à Talataye. Voilà un peu comment nous intervenons. C’est en fonction des urgences que nous planifions nos interventions pour prêcher la paix et le vivre ensemble entre les fils des différentes régions du Mali.
kibaru: Quelles sont les perspectives que vous vous êtes tracées au sein du mouvement « Maliens Tout Court » ?
Ibrahima Diawara : C’est un nouveau mouvement qui vient de voir le jour. Nous sommes en train de le structurer et l’organiser. Nous allons poursuivre nos interventions là où le besoin se fera sentir. Nous regardons là où il y a une urgence et nous intervenons. Pour l’instant, nous intervenons en fonction des urgences et nous sommes en pourparler. Vu que c’est une œuvre commune, on échange à l’interne et si on tombe d’accord, vous serez informés de nos prochaines sorties. Au jour d’aujourd’hui, nous avons ciblé de nombreuses zones d’intervention qui seront validées par le mouvement.
kibaru : Qu’est –ce qui fait que votre mouvement malgré son jeune âge attire tant de Maliens de tous bords ?
Ibrahima Diawara : C’est dû au fait que quand vous dites la vérité et que les gens voient que les hommes et les femmes qui vous entourent n’ont aucun intérêt politique, mettent leurs énergies, leurs moyens pour défendre leur pays, pour prêcher la parole de la paix, ils sont attirés. Surtout que nous ne sommes financés ni par l’Etat ni par les Organisations internationales. Nous mettons nos propres moyens et notre temps pour cette cause. Raison pour laquelle les gens sont sensibles. C’est ce qui explique les vagues d’adhésion que notre mouvement enregistre. Notre démarche est sincère et ne vise aucun autre objectif que l’intérêt de la patrie, l’unité nationale et la sauvegarde de l’essentiel. C’est recette qui fait que les gens croient en nous et adhèrent à notre démarche.
kibaru : Pour un citoyen lambda qui souhaite adhérer à ce mouvement, y-a-t-il des conditions particulières ?
Ibrahima Diawara : La seule condition pour adhérer au mouvement « MALIENS TOUT COURT » c’est d’être de nationalité malienne.
kibaru : Quel message avez-vous à lancer ?
Ibrahima Diawara : Il faut qu’on arrête d’écouter le cœur et agir avec la raison. Nous ne pouvons pas avancer et se développer s’il n’y a pas la paix, la concorde et le vivre ensemble. Il y a de cela 15 ans personne ne croyait que notre pays allait tomber aussi bas. C’est pourquoi on peut dire qu’avec une petite étincelle, on peut tout embraser. Il faut que nous revenions au temps où on pouvait circuler sans inquiétude de Bamako à Kidal. Le temps où on pouvait dormir sous la belle étoile et l’insécurité ne faisait pas partie de notre vocabulaire. Aujourd’hui, les gens ont compris que la première richesse d’un pays c’est la paix et la stabilité. Présentement, je vois beaucoup de déplacés à Bamako, à Bandiagara, à Tombouctou. A vrai dire cette situation m’attriste et m’affecte énormément. Il faut qu’on soit plus solidaire et compatissant à l’endroit de nos frères et sœurs contraints de quitter leurs proches et abandonner leurs biens pour trouver refuge ailleurs. Aussi, je pense que la seule bataille qui mérite d’être livrée aujourd’hui c’est bien celle de la sauvegarde de la patrie, car l’on est mieux que chez soi. Je lance un vibrant appel à toutes les personnes de bonne volonté, les opérateurs économiques, les hommes de médias, entre autres à se lever comme un seul homme et prendre une part active à ce combat.
Kibaru