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Entretien avec l’artiste congolais Lokoua Kanza : » L’industrie musicale est en perte de vitesse «

Lokoua Kanza est un artiste congolais (RDC), très connu du public malien, pour avoir participé dans plusieurs spectacles lors des grands évènements. Installé à Paris, Pascal Lokwa Kanza de son vrai nom est toujours très intéressé à l’actualité dans son continent. Dans un entretien, qu’il nous a accordé, il exprime son indignation au phénomène de viol que subissent nos mères et sœurs et promet de faire de l’éradication de ce fléau, un combat personnel. Il s’est également prononcé sur les pourparlers inter-Maliens d’Alger, entre le gouvernement et les groupes rebelles du nord du pays. Il donne enfin son point de vue sur l’évolution de l’industrie musicale en Afrique.

Lokua Kanza artiste chanteur congo

Bamako Hebdo : Depuis 2010, date de la sortie de votre album  » Nkolo  » qui est un véritable voyage musical, vos nouvelles se font rares. Qu’est-ce qui explique ce fait ?

LOKOUA KANZA : Je suis bel et bien là, la preuve, vous m’avez rencontré. Je me fais rare juste parce que je prépare une surprise pour le public. Je prends mon temps et j’espère de tout cœur le satisfaire.

 

 

Il y a quelques mois vous étiez en tournée dans votre pays natal, la RDC, pour célébrer les 20 ans de votre carrière musicale. Comment le public a réagi ?

Je ne sais pas comment décrire cette atmosphère. J’ai tenu absolument à aller faire mes vingt ans de carrière dans mon pays, là où j’ai grandi, là où j’ai appris la musique. Je me disais au départ qu’il y aurait juste quelques personnes qui allaient venir. Mais, j’avoue que j’ai été agréablement surpris de voir qu’il y avait 5000 personnes qui m’attendaient dans une salle qui ne pouvait contenir que 3500 places. Les abords de la salle étaient également bondés de monde. Personnellement, c’est le plus beau cadeau de ma vie que mes compatriotes, amis et collègues m’ont offert. Je leur dis encore Merci. C’était un grand moment de bonheur pour moi. Je pense que c’est important pour nous qui habitons en Europe, qui sillonnons le monde, de rentrer de temps en temps au pays. Il se passe des choses sur le continent. Celles-ci ne peuvent se développer que si nous aussi jouons notre partition en soutenant tous nos jeunes talentueux qui sont au pays.

 

 

Quelle sera la couleur du nouvel album que vous préparez?

J’adore la musique simplement. Qu’elle soit de la salsa, de la rumba, de la bossanova, etc., la musique c’est un sentiment, c’est une émotion, ensuite on peut mettre des noms sur des genres. Je pense que mon prochain album sera une grosse surprise pour mon public. Je lui promets beaucoup de bonnes choses.

 

 

Quels conseils donneriez-vous à vos jeunes frères talentueux voulant faire carrière dans la musique dans ce nouveau contexte dont l’industrie musicale est devenue complexe ?

C’est vrai que l’industrie musicale est en perte de vitesse, mais il y a en même temps un élément nouveau qui vient s’ajouter à nos vies, c’est l’internet. Il peut être une sorte d’ouverture immense pour de jeunes artistes même pour nous autres qui avions du métier. Le conseil que je peux leur donner, c’est l’originalité, le travail, l’intégrité, parce que notre métier n’est pas évident. Il faut l’aimer, il faut se donner à fond. On peut mentir avec les mots, mais pas avec les sentiments et avec l’émotion. Quand on vibre, on vibre, quand quelque chose se passe et que le contenu est vide, l’être humain l’entend.

 

 

Dans tes textes, tu parles d’amour, du quotidien et tu fais parfois allusion aux maux qui sévissent en Afrique comme dans ton pays, la RDC. Est-ce que ce sera le même cas avec ce nouvel album ?

C’est un devoir de ma part, un devoir de notre part en tant qu’artiste parce qu’on a des chances d’être devant des micros. Nous sommes les porte-paroles de ceux-là qui ne peuvent pas parler. J’ai été à Goma où j’ai fait des rencontres avec le docteur Moukouegue qui opère les femmes violées. J’ai même discuté avec certaines d’entre elles. Le docteur leur a dit :  » dites à Lokoua ce que vous avez vécu, il a une voix qui va loin, il pourra vous servir de porte-parole « . Dans ce nouvel album, deux titres parleront de ce phénomène triste de femmes violées. Nous avons besoin entre frères de se parler, car il n’y a aucun être humain qui accepterait, qu’il soit militaire, civil ou n’importe quoi, que sa sœur ou sa mère soit voilée. Je pense qu’il est grand temps qu’on se lève pour faire quelque chose.

 

 

Le Mali a aussi connu un phénomène similaire dans le Nord du pays. Avez-vous une pensée envers elle ?

Bien évidemment, quand je passe le message c’est bien sûr au nom de toutes nos mères et sœurs qui ont été victimes de gestes barbares. Je profite de vos colonnes pour exprimer mon indignation par rapport à ce qui se passe dans le Nord du Mali. Il ne peut pas avoir des pourparlers pour trouver une solution et en même temps on assiste à une recrudescence des violences. Il est temps que cela s’arrête.

 

 

Quand vous voyez ce continent, avec ses richesses et ses diversités, y a-t-il pour vous de l’espoir pour un véritable développement ?

J’ai beaucoup d’espoir pour ce continent. Lorsqu’on revient en arrière, c’était la période de l’esclave. Aujourd’hui, on a une certaine liberté. Je pense qu’il y a un salut, une ouverture et bien évidemment de l’avenir pour nos enfants qui sont la relève et peuvent aller à l’école partout dans le monde où ils pourront se frotter aux autres cultures. Le changement va se faire un jour en Afrique et moi j’y crois avec force.

 

Une collaboration de notre confrère Mory Touré, depuis Paris, transcrite par Clarisse

 

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