Les femmes du monde célèbrent ce jeudi 8 mars la Journée Internationale de la Femme. Une journée instituée en hommage aux combats menés par les travailleuses des usines textiles de Chicago aux Etats Unis d’Amérique pour réclamer leurs droits. Au Mali, le thème retenu est « La femme, médiatrice pour la reconstruction de la cohésion sociale dans l’espace du G5 Sahel ».
Cette célébration intervient dans un contexte particulier avec la crise qui déchire les femmes de la Coordination des Associations et ONG Féminines du Mali (CAFO). Depuis plusieurs mois, deux tendances s’affrontent pour le contrôle de cette faîtière. D’une part, Mme Traoré Oumou Touré, présidente sortante et actuelle ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. De l’autre côté, on trouve Mme Dembélé Oulématou Sow, secrétaire générale de l’ancien bureau mis en place en 2008 pour un mandat de cinq (5) ans. Les vieilles querelles ont resurgi. Excédées par la non convocation de l’assemblée générale, la secrétaire générale sortante et ses camarades ont organisé une assise en décembre 2017 consacrant l’élection de Mme Dembélé Oulématou Sow comme présidente. La tendance acquise à la cause de Traoré Oumou Touré, rejette ce bureau et continue à occuper les locaux de la CAFO avec des risques d’affrontement entre les femmes des deux camps. Une situation qui avait conduit le Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires (REFAMP) du Mali à rejeter les deux tendances. C’est une situation triste qui sévit à la CAFO. Ce n’est pas la première fois que cette faîtière soit secouée par de tels bouleversements. En 2008, il a fallu l’intervention énergique du ministre de la promotion de la femme, Maïga Sina Damba appuyée par une équipe de sages composée entre autres de Feu Sira Diop et Diarra Afoussatou Thiéro, pour trouver un terrain d’entente entre Oumou et Ouleymatou. Voilà deux lionnes qui ne peuvent pas cohabiter dans la même forêt. Il est connu de tous qu’Oumou ne veut pas que la CAFO tombe entre les mains de sa grande rivale. Depuis l’élection du bureau de 2008, la présidente a toujours travaillé afin que la secrétaire générale ne puisse pas jouir pleinement de ses prérogatives conformément aux textes de l’association. La ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la promotion ne peut plus jouer le rôle de médiation car elle est l’une des protagonistes de ce conflit. On ne peut pas être juge et partie.
Ce qui se passe actuellement est une honte et n’honore pas le ministre en charge de la promotion de la femme qui doit travailler à rassembler ses sœurs au-delà de toutes considérations. La médiation du REFAMP peut permettre de recoller les morceaux si les médiatrices font preuve d’impartialité et de fermeté vis-à-vis de deux camps. Aussi, elle permettra de faire revivre la CAFO qui a cessé depuis plusieurs années d’être une plateforme de défense des droits des femmes et s’est transformée en un instrument de promotion personnelle aux mains d’une poignée de leaders féminins. La lutte actuelle pour contrôler la Coordination a d’autres motivations qui ne sont pas la défense des intérêts des femmes du Mali. A la Cafo, on ne se soucie plus du sort de ces femmes qui parcourent des kilomètres à la recherche de l’eau potable ou qui sont transportées sur des charrettes ou des motos à la recherche d’un centre de santé pour donner la vie.
Par Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger