La situation au Mali s’est lourdement crispée ces dernières semaines avec l’ouverture d’autres fronts en plus des difficultés que le pays traverse.
Au moment où la Mission multidimensionnelle des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) plie bagages conformément à la résolution adoptée à la demande des autorités maliennes, des tensions diplomatiques s’invitent entre le Mali et l’Algérie. Les rappels d’Ambassadeurs ont succédé aux convocations. Une crise diplomatique inédite entre les deux pays. Même la brouille de 2010 au cours de laquelle l’Algérie et la Mauritanie avaient rappelé leurs Ambassadeurs pour protester contre la libération de certains membres d’Aqmi en échange de l’otage français, Pierre Camate, n’avait atteint une telle ampleur. Puisque le Président Amadou Toumani Touré et son Premier ministre Modibo Sidibé s’étaient gardé de faire recours à la réciprocité. Et, les diplomates algérien et mauritanien ont regagné, quelques mois après, leurs postes à Bamako.
Cette escalade diplomatique est venue trouver un front interne secoué par la gestion de certains dossiers judiciaires. Déjà, ce n’est pas le grand amour entre le gouvernement de transition et une frange importante de la classe politique. La preuve : lors de la cérémonie d’ouverture du congrès de l’Alliance pour la république (APR) de l’ancien ministre Oumar Ibrahim Touré, certains leaders politiques pas des moindres n’ont pas hésité à fustiger ce qu’ils qualifient de gestion solitaire du pouvoir et de non-respect des engagements par les plus hautes autorités.
Le climat social est aussi ‘’empoisonné’’ par les coupures d’électricité depuis de longs mois. Malgré la grande capacité de résilience des populations, des voix commencent à exprimer le désarroi.
Au moment où les Forces armées de défense et de sécurité font face avec courage et détermination à des situations extrêmement difficiles sur le terrain, il faut se garder de ne pas fissurer davantage le mur. Il est aujourd’hui contreproductif d’élargir le front de la contestation au risque de casser la dynamique actuelle d’un très fragile processus de transition. Il ne faut pas se faire trop d’illusions. La République est loin d’être débout. Donc, sachons raison garder !!!
Il serait judicieux, voire sage de la part des autorités, de privilégier l’option du dialogue dans la gestion de certains dossiers, en mettant un accent particulier sur des actes qui peuvent contribuer à resserrer nos rangs au-delà des divergences de vue. Il serait judicieux, voire sage d’amorcer, ici et maintenant un processus de normalisation des relations avec certains pays, à commencer par l’Algérie. Il serait judicieux, voire sage de la part des autorités d’engager de larges consultations avec les forces politiques et sociales dans le but de forger un consensus national autour des questions vitales.
Chiaka Doumbia