Une frange importante de la classe politique est mobilisée depuis l’annonce de la relecture de la charte des partis par le gouvernement de transition. Des responsables de plus de 100 partis politiques ont animé un point de presse, le 15 avril 2025 à la Maison de la presse, après avoir tenu une réunion l’avant-veille au Centre international de conférence de Bamako.
Dans une Déclaration liminaire lue dans la salle, les partis politiques formulent trois (3) interrogations majeures.
1- Pourquoi le gouvernement s’est directement adressé aux partis politiques sur la Relecture de la Charte par la lettre du 19 décembre 2024 alors qu’il aurait pu procéder aux consultations des Forces vives ?
2- Pourquoi le Gouvernement veut encore consulter les Forces Vives sur un sujet sur lequel elles s’étaient clairement prononcées lors des Assisses Nationales de la Refondation (ANR) ?
3- Quelles est la pertinence des consultations envisagées dès lors qu’elles ont une légitimité inférieure à celles des ANR dont elles ne peuvent modifier légalement les résolutions ?
« Ces questions se posent d’autant plus qu’aucune difficulté n’entrave l’application des résolutions issues des ANR, auxquelles les partis politiques se sont conformé. Dès lors, ils ne perçoivent aucune justification valable à une dépense supplémentaire de ressources publiques, qui pourraient être affectées à des priorités plus urgentes, voire vitales pour nos compatriotes. Il est par ailleurs difficilement compréhensible de vouloir soumettre à de nouvelles concertations régionales des résolutions déjà mises en œuvre sur plusieurs points. Cela reviendrait, en quelque sorte, à demander à un juge de première instance de statuer sur une décision de la Cour suprême, ou à un sous-préfet d’émettre un avis sur une décision du Chef du Gouvernement », peut-on lire dans la déclaration.
Et les signataires de la Déclaration de poursuivre : « Il se murmure, par des voix connues de tous, que le processus enclenché devrait avoir comme finalité, de dissoudre ou à tout le moins de suspendre les activités des partis politiques comme cela vient de se passer au Burkina Faso et au Niger mais il est important d’avoir présent à l’esprit que ces deux pays frères et amis de la Confédération AES, n’ont pas de Constitution en vigueur comme au Mali et que contrairement à eux, les Forces vives du Mali, réunies dans le cadre des ANR, ont reconnu et validé l’existence des partis ».
Les « militaires » sont-ils en train de créer les conditions d’une union sacrée des hommes politiques ? Les leaders et militants de nos formations politiques auront-ils le courage de se battre pour défendre la démocratie menacée plus que jamais dans notre pays ? Personne ne mènera ce combat à leur place.
Les syndicats montrent chaque jour la voie pour se faire respecter par un pouvoir de fait qui peine à respecter ses engagements et ses propres lois. « Les Camarades du Mouvement Démocratique doivent retenir de l’enseignement de l’Histoire que tout ce qui a été acquis de haute lutte, doit être aussi conservé de haute lutte » est convaincu le Professeur Ali Nouhoun Diallo, ancien Président de l’Assemblée nationale du Mali et du Parlement de la Cédéao.
La démocratie a été acquise de haute lutte au Mali. Et elle doit être conservée de haute lutte.
Par Chiaka Doumbia