La lutte contre le terrorisme a occupé une place importante dans l’agenda mondial. Et au Sahel, c’est la Force Conjointe du G5 Sahel conçue par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad avec la bénédiction de la France afin de lutter contre le terrorisme. Il est prévu en début décembre une grande conférence à Bruxelles pour mobiliser les fonds nécessaires à l’opérationnalisation de la Force Conjointe du G5 Sahel. Déjà, il y a quelques jours, cette Force Conjointe dont le quartier général de l’Etat-major se trouve à Sevaré dans la région de Mopti au Mali, a effectué une première patrouille aux frontières Mali-Burkina-Niger. Pour cette première opération, ce sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger qui ont mobilisé des militaires.
La Mauritanie est présentée comme le « maillon faible » de ce regroupement des cinq pays du Sahel. Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz qui avait l’habitude d’envoyer ses avions au nord du Mali pour bombarder les terroristes, a sûrement compris qu’il ne sert à rien de se brouiller avec ces gens-là au nom d’une force conjointe du G5 Sahel dont la pertinence de l’existence reste à prouver. Pour une fois, on est tenté de donner raison au général putschiste mauritanien qui semble faire preuve de réalisme dans cette affaire de lutte contre le terrorisme.
Les hésitations de la Mauritanie à s’engager dans l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel doivent convaincre le Président Ibrahim Boubacar Kéïta à réexaminer les propositions du Président du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA), Tiébilé Dramé, qui a été le premier homme politique du pays à émettre l’idée d’un dialogue avec les «Jihadistes maliens».
Le Président IBK doit créer les conditions de ce dialogue, compte tenu de l’impasse actuelle. La Direction Générale de la Sécurité d’Etat (DGSE) devrait convaincre les plus hautes autorités à agir dans ce sens. Hélas, la DGSE est plutôt préoccupée par la recherche d’éléments compromettants contre les opposants politiques.
Il existe un pacte de non-agression entre la Mauritanie et les groupes qualifiés de terroristes par l’Occident. L’Algérie a offert l’amnistie à certains chefs islamistes qui avaient les mains tachées du sang des innocents. Le Niger a proposé une autre alternative aux combattants nigériens de Boko Haram qui se rendraient aux autorités d’ici le 31 décembre 2017. Certains pays européens négocient avec les groupes qu’ils qualifient de terroristes. Selon le très respecté New York Times, « C’est l’Europe qui finance une bonne partie des opérations d’Al-Qaïda ». Dans une enquête publiée le 30 juillet dernier, le quotidien américain a évalué à 105 millions de dollars, 93 millions d’euros soit plus de 55 milliards de FCFA le montant total des rançons versées aux différents groupes d’Al-Qaïda en échange de la libération de ressortissants européens enlevés. Et c’est la France qui vient en tête avec 58 millions de dollars, 43 millions d’euros, soit plus de 25 milliards de FCFA depuis 2008.
Au-delà des hésitations de certains voisins, cette duplicité des gouvernements occidentaux influencés par les puissants groupes de lobbying de l’armement, doit convaincre le Président IBK à dialoguer avec les «Jihadistes maliens», perçus autrement par les populations locales. L’enracinement local des combattants fidèles à Iyad Ag Aghaly et Amadou Kouffa, les deux chefs Jihadistes maliens les plus célèbres rend la lutte militaire difficile. En dépit de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, la situation sécuritaire ne cesse de se détériorer avec un repli sans cesse des agents de l’administration vers les grandes agglomérations.
Il faut proposer une amnistie générale à tous les « Jihadistes maliens » qui accepteront de déposer les armes. Cela facilitera sans aucun doute la gestion de ceux qui auront choisi de rester en marge de la République.
Par Chiaka Doumbia