Le gouvernement a élaboré un calendrier électoral pour cette année. Selon cet agenda, le référendum constitutionnel aura lieu en mars, les législatives en mai, les locales et régionales en juillet et les sénatoriales en novembre. 2019 est donc une année électorale si l’on se réfère à ce calendrier gouvernemental. Un programme trop ambitieux qui suscite moult interrogations quant à sa réalisation. Les réformes envisagées sont nombreuses et nécessiteront plus de temps.
Sans évoquer les difficultés politiques, on ne sait pas comment, techniquement, le gouvernement pourrait organiser un référendum en mars. Le Comité d’experts chargé d’élaborer l’avant-projet de loi portant révision de la constitution vient juste d’être créé par un décret du Premier ministre. Lequel est d’ailleurs contesté par le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD). Le texte qui crée le Comité d’experts ne limite pas son mandat dans le temps. Les résultats dudit comité seront soumis au gouvernement.
Ce dernier s’en inspirera pour élaborer et adopter un projet de loi qui sera déposé sur la table de l’Assemblée nationale. Les députés examineront le texte gouvernemental conformément à la procédure parlementaire. Une fois qu’il aura été adopté Place de la République, sa constitutionnalité devra aussi être appréciée par la Cour Constitutionnelle. Toutes ces démarches pourront-elles être effectuées d’ici mars pour tenir le référendum en mars ?
Le très controversé projet de loi portant réorganisation administrative, actuellement sur le bureau du Premier ministre après des concertations régionales, aura des incidences directes sur la configuration de la nouvelle Assemblée nationale. Si cette réforme devrait être prise en compte, n’est-ce pas illusoire de croire qu’on peut tenir les législatives au mois de mai ?
Dans un contexte de malaise social et de crispation politique, les réformes mal négociées et non consensuelles n’apparaissent-t-elles, comme une bombe entre les mains de ceux qui la détiennent ? Avec tout ce qui se passe actuellement, n’est-on pas fondé à se demander comment collaborent réellement le Premier ministre et ses camarades de la Plateforme Ensemble pour le Mali depuis la réélection laborieuse du Président ? Sur des bases sincères ?
La non-tenue de la conférence sociale à la date annoncée ne fragiliserait-elle pas le chef du gouvernement ? Quid de la situation sécuritaire au centre où il s’est rendu le plus depuis sa nomination à la Primature ? La prochaine grève de l’Union Nationale des travailleurs du Mali (Untm) de cinq jours si jamais elle avait lieu, ne mettrait-elle pas le chef de l’administration dans une position inconfortable,
Si le Chef de l’Etat pense que l’impasse actuelle est l’affaire du seul chef du gouvernement, il a tiré à terre. Le fait d’avoir rempilé ne lui assure pas forcément la quiétude et la sérénité qu’il semble afficher. La voie empruntée peut s’avérer périlleuse en cas d’échec. Déjà, la grogne sociale prouve à suffisance que l’adoption des dispositions liberticides, comme l’Arrêté du gouverneur du district de Bamako interdisant les marches et regroupements sur certaines artères et itinéraires de la capitale, ne peut pas empêcher les manifestations des ras-le-bol et frustrations.
Il s’agit pour le locataire du palais de Koulouba de commencer de larges consultations avec les forces politiques et sociales.
Ces consultations permettront au chef de l’Etat et à ses services de tracer le chemin. La situation sécuritaire au centre est au bord de la guerre civile. Au nord, l’attaque complexe, le 20 janvier dernier, contre la base de la Minusma à Aguelhok accentue la pression sans oublier les retards dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui agacent le Conseil de sécurité des Nations Unies. Il urge donc de forger un consensus national.
Par Chiaka Doumbia
Le Challenger