La Cour Constitutionnelle du Mali a proclamé, hier 4 juillet 2018, la liste définitive des candidats à l’élection du président de la République dont le 1er tour est prévu pour le 29 juillet prochain. Sur les 30 dossiers de candidatures reçus au greffe de l’institution, les sages ont retenu définitivement 24 personnalités. Comme ce fut le cas en 2002. Le compte à rebours a donc commencé. La campagne électorale s’ouvre ce samedi 7 juillet et prendra fin le 27 juillet prochain. Pendant trois semaines, les 24 candidats à la magistrature suprême devront parcourir le pays pour aller à la rencontre des citoyens afin d’avoir leur adhésion. La situation sécuritaire dans laquelle se trouve le pays empêchera les candidats de se rendre partout même s’ils le désirent.
Les personnalités des candidats laissent penser que ces élections seront très ouvertes. A l’assaut du pouvoir, nous retrouvons des habitués de la scène politique, mais aussi à une autre catégorie de cadres issus essentiellement du secteur privé ou ayant servi au sein des organisations internationales. Malheur à celui qui se croit déjà vainqueur. Rien n’est gagné d’avance.
Ces élections seront difficiles à organiser. A 24 jours du 1er tour, le gouvernement de Soumeylou Boubèye Maïga n’est pas en mesure de garantir l’organisation du scrutin sur l’ensemble du territoire national. Au delà des régions du nord, les difficultés au centre du pays avec des villages incendiés et des populations déplacées sans oublier les nombreux morts et blessés, laissent penser que le scrutin du 29 juillet se déroulera sans la participation de nombreux citoyens. Le défi relevé par le gouvernement de transition sous le leadership de Pr Dioncounda Traoré n’est pas à la portée de l’actuelle équipe gouvernementale qui ne pourra que se contenter d’un strict minimum pour éviter un vide constitutionnel. Il faut le reconnaître, la situation sécuritaire du pays avant la présidentielle de 2013 qui a abouti au plébiscite du Président Ibrahim Boubacar Kéïta est nettement meilleure à celle en cours actuellement. De nombreux observateurs se posent la question de savoir si les affrontements au centre du pays ne sont pas instrumentalisés dans le but de fragiliser certains candidats à la présidentielle. Comment comprendre ce regain de tensions avec des villages incendiés du mois de février à maintenant ? Difficile de répondre à cette interrogation. A l’état actuel des choses, de sérieux doutes planent encore sur la sincérité et la régularité du scrutin du 29 juillet.
Que le président sortant et son équipe défendent leur bilan. Car le meilleur programme d’un président en exercice, selon le Rwandais Paul Kagamé, est son bilan. Que les autres candidats proposent leurs visions aux populations pour sortir le pays de cette situation. Que les citoyens acceptent de prendre leur destin en faisant le vote utile. Qu’ils refusent les espèces sonnantes et trébuchantes pour penser à la situation d’humiliation quotidienne à nous imposée depuis l’invasion de la bande des mercenaires et petits aventuriers du Mouvement pour la libération de l’Azawad (Mnla). Qu’ils soient capables de dire non aux vendeurs d’illusions ou autres adeptes de formules incantatoires comme si le développement était une question magique. Que les médias informent tout juste les populations. Les journalistes et animateurs ne doivent pas faire de la propagande ou inciter à la haine ou à la violence. Bannissons de nos discours de campagne des propos haineux ou de discrimination ethnique. Ayons en tête que les 24 candidats sont des Maliens. Faisons attention. Les divisions sont trop profondes. Le Mali que les 24 prétendants cherchent à gouverner est plus que jamais en danger.
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger