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Entre nous : Loi sur le genre : Quoi après ?

L’Assemblée Nationale du Mali a adopté, le 12 novembre 2015, la loi instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives avec 115 voix pour contre, 22 contre et 3 abstentions. Et cela, après plusieurs heures de débats ponctués de nombreuses suspensions pour concertations entre les groupes parlementaires. Le vote de ce texte marque une étape décisive dans la lutte contre les injustices faites aux femmes. L’adoption de ce projet de loi constitue une victoire personnelle pour le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, monté au créneau à plusieurs reprises pour fustiger l’attitude des députés qui traînaient les pieds. La durée des débats et certaines prises de position prouvent que les honorables députés n’étaient pas prêts à franchir le rubicon. Pour l’une des rares fois, les députés ont voté au bulletin secret un projet de loi.

Assemblée nationale malienne elus représentant peuple depute bagadadji

Le Président IBK gagne la sympathie des organisations féminines qui se battent depuis plusieurs années pour l’adoption de ce texte. De l’autre côté, l’adoption sera difficile à avaler pour les conservateurs qui se recrutent majoritairement dans le milieu religieux musulman. Déjà, certains imans dans leurs prêches du vendredi ont donné le ton en s’attaquant aux députés et en leur faisant des mises en garde.

Quoi après ? Les opposants à ce texte appelleront-ils à des contestations ? Sous quelle forme ? S’il y a des contestations, quelle va être l’attitude du Président de la République, spécifiquement de son gouvernement ? Les opposants à ce texte finiront-ils par s’aligner derrière les autorités ?

Mais le plus dur commence à présent ! Car, il ne suffit pas d’adopter ou de promulguer une loi, il faut l’appliquer. Même si elle représente une avancée inéluctable, la loi ne sera pas bien accueillie dans les milieux politiques et religieux. La société malienne reste encore très conservatrice sur le sujet relatif aux droits de la femme surtout que de nombreuses femmes ne se sentent pas concernées par ce combat. De là, découlera la principale difficulté d’application. Mais dans l’immédiat, il faut plutôt craindre une réaction négative du milieu religieux musulman comme ce fut le cas en août 2011 avec le Code des personnes et de la famille dont l’adoption avait donné lieu à une levée de boucliers contraignant le pouvoir de l’époque à renvoyer le texte en seconde lecture au Parlement.

A priori, les relations qu’entretiennent le Président IBK avec les responsables des associations islamiques ne présagent pas un tel scénario. La position de ceux-ci dépendra essentiellement de l’appréciation de leur base. Elle est donc susceptible d’évoluer. Si une telle éventualité se produisait, le gouvernement devrait penser à mobiliser des forces pour contrebalancer. À défaut d’une telle stratégie, il n’aura que le choix de reculer.

Pour éviter que les rumeurs n’envahissent la place publique, le gouvernement doit réexpliquer le bien fondé de sa démarche en tenant compte de la sensibilité de la question. Il s’agit de tout mettre en œuvre pour couper l’herbe sous les pieds de ceux ou celles qui veulent instrumentaliser ce texte à des fins personnelles ou propagandistes.

 Chiaka Doumbia

Source: Le Challenger

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