Treize centrales syndicales de la Guinée ont mené, les 26, 27 et 28 février dernier une grève générale. Ce mouvement de contestation soutenu par les principales formations politiques et organisations de la société civile, a paralysé l’ensemble du pays. Les banques, les établissements scolaires et les commerces étaient fermés tandis que l’administration publique tournait au ralenti.
Ces syndicats réclament la baisse des prix des denrées de première nécessité, la fin de la censure médiatique, le respect d’un accord lié à l’amélioration des conditions de vie des fonctionnaires, etc. Comme préalable à toute négociation avec le gouvernement, les centrales avaient exigé la libération du Secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), Sékou Jamal Pendessa, arrêté le 19 janvier et condamné le 23 février à six mois de prison ferme, sur la base de son engagement à s’opposer aux dérives dictatoriales du général Mamadi Doumbouya.
Les centrales syndicales de la Guinée semblent convaincues que seule la lutte libère ! Face à leur détermination, le général Doumbouya, dont les soldats tirent à balles réelles sur les manifestants à mains nues, a reculé d’un pas géant.
Le secrétaire général du SPPG, Sékou Jamal Pendessa, a vu sa condamnation réduite en appel par la justice, devenue un instrument aux mains de l’exécutif pour réduire au silence les voix discordantes. Il est donc libre. «C’est une victoire de la démocratie, de la justice contre l’injustice, de la justice contre l’arbitraire …..La lutte contre la dictature continue et nous allons davantage nous battre pour que les autorités sachent qu’elles n’ont pas droit de vie et de mort sur la population», a-t-il déclaré, plus déterminé que jamais.
Selon l’écrivain Tierno Monénembo, «Le régime de Mamadi Doumbouya ne peut plus avancer masqué. Son vernis démocratique a fondu. Comme son mentor Sékou Touré, pour survivre, il est obligé de réprimer. Aujourd’hui, il tord le cou à l’Internet, demain, il tordra le coup à tous ceux qui s’opposeront à sa volonté manifeste de torpiller la Transition pour régner en solitaire et pour une durée illimitée. Mamadi Doumbouya mesure-t-il seulement les conséquences économiques et diplomatiques de cet acte puéril, indigne d’un homme d’Etat moderne ? Les entreprises sont au chômage technique. Les ambassades menacent de fermer la porte. C’est la preuve irréfutable que pour notre putschiste du 5 Septembre, les intérêts supérieurs de la nation guinéenne ne comptent pas. Ce qui compte, c’est son petit pouvoir personnel », a-t-il confié à «Mosaiqueguinee.com» dans un entretien en date du 22 janvier 2024.
Chiaka Doumbia