Première lésion traumatique du genou, l’entorse du genou est fréquente. Dr Aliou Bah, chirurgien orthopédiste et traumatologue à l’hôpital Mère-Enfant «Le Luxembourg» explique que l’entorse du genou représente un fréquent motif de consultation en traumatologie. Il s’agit d’une pathologie qui touche particulièrement les sujets jeunes. C’est pourquoi, le praticien hospitalier insiste sur la nécessité de consulter un médecin spécialiste après un choc au niveau du genou pour évaluer les ligaments (en l’absence de toute fracture évidente à la radiographie) parce que cet organe n’est pas fait que d’os.
Le rôle de ces ligaments au niveau du genou est de lier les os entre eux à savoir : le fémur, le tibia et la rotule ou patella. Les ligaments stabilisent les structures osseuses entre elles. «La lésion partielle ou totale de ces ligaments stabilisateurs du genou est appelé entorse du genou», précise-t-il.Ils sont 3 groupes, notamment un groupe ligamentaire latéral (externe), un groupe ligamentaire médial (interne) et deux ligaments croisés (antérieur et postérieur) au milieu qu’on appelle le pivot central.
Le spécialiste précise que ces ligaments sont aussi appelés freins. Selon lui, il existe deux types : une entorse bénigne et une grave. La première survient lorsque le ligament est étiré ou rompu partiellement. Elle est plus fréquente au niveau du ligament interne. On parle d’entorse grave quand le ligament se rompt complètement. Cette entorse peut concerner un ou plusieurs ligaments du genou. Elle va à l’extrême aboutir à sa luxation.
S’agissant des causes, le toubib dit qu’elles sont essentiellement traumatiques. Les deux premières causes sont les accidents liés au sport et sur la voie publique. à celles-ci, il ajoutera les accidents domestiques. Mais le traumatologue note que l’entorse est particulièrement une pathologie du sportif. L’entorse aiguë, c’est la lésion du ligament qui date de moins de 3 à 6 semaines. Dans ce cas de figure, la première manifestation reste la douleur du genou (le côté interne ou externe). Cette douleur inflammatoire est aggravée par les mouvements.
Le genou peut se gonfler au moment de l’accident ou plus tard. à ces manifestations, s’ajoute la boiterie. Le diagnostic d’une entorse aiguë est retenu lorsque le bilan radiologique du genou traumatisé est normal, c’est-à-dire l’absence de toute fracture du genou.
Au début, il est difficile de savoir si une entorse est bénigne ou grave. Mais l’examen clinique montre juste que les ligaments sont touchés. C’est après trois semaines qu’on pourra déterminer le statut bénin ou grave de la lésion en testant les ligaments. Cette entorse aiguë peut évoluer vers la chronicité pour aboutir à une instabilité chronique. Ici le signe le plus important, c’est l’instabilité du genou. Un genou instable se déboite, se dérobe ou lâche. Le ligament croisé antérieur (l’un des freins du pivot central) est le ligament le plus touché dans les situations d’instabilité du genou. Il peut également survenir des douleurs ou un gonflement.
Dans l’instabilité chronique, en plus de la radiographie du genou (à la recherche d’une arthrose ou séquelle de fracture), une imagerie par résonance magnétique (IRM) du genou est indiquée à la recherche des lésions associées (surtout méniscale) à la lésion ligamentaire. Une entorse aiguë, si elle n’est pas bien traitée ou mal traitée, va évoluer vers la chronicité avec des séquelles douloureuses ou carrément vers une instabilité si l’entorse était grave au départ. L’instabilité chronique antérieure, non traitée ou mal traitée évoluera vers la dégradation des autres structures du genou qui va commencer par le ménisque. Celui-ci va se blesser puis se rompre et provoquer des douleurs à la marche ou en position de prière.
Après les ménisques, c’est le tour du cartilage d’être atteint et d’entraîner l’arthrose avec des douleurs à la marche. Il y aura aussi les accidents d’instabilité avec des épisodes d’instabilité, c’est-à-dire le genou «sort» ou se «déboite» tout le temps dès qu’on force ou qu’on essaie de faire du sport, associé à des douleurs après l’effort.
«Ce qui est vicieux dans l’entorse, c’est qu’après un certain temps les douleurs disparaissent et cette situation détruit tout doucement tout ce qui est à l’intérieur du genou», révèle le médecin. Mais même si la douleur disparaît, le genou reste toujours instable si aucun traitement n’est établi. Pour le traitement,avec une entorse aiguë, il faut tout d’abord une immobilisation du genou dans une attelle plâtrée ou une attelle amovible. On peut y ajouter des médicaments contre la douleur, un glaçage, des béquilles pour soulager la marche et surtout le repos.
Après les 3 semaines, si le patient n’a plus mal, il est envoyé en rééducation fonctionnelle chez le kinésithérapeute. Dans le cas contraire, notamment dans le cas d’une entorse grave, il faut souvent une chirurgie. Il précise que dans ce cas, c’est selon le contexte, l’âge du patient ou ses besoins fonctionnels surtout (car les besoins fonctionnels du genou d’un administrateur n’est pas équivalent à celui d’un ouvrier du bâtiment par exemple).Il indique que la chirurgie est généralement indiquée chez les sujets jeunes, les sportifs ou devant la présence de lésions associées.
Plusieurs techniques chirurgicales sont utilisées pour réparer le ligament rompu appelé ligamentoplastie. Elles consistent toutes à prendre une partie d’un ligament ou la totalité d’un tendon autour du genou et de remplacer le ligament rompu. Ces techniques peuvent être réalisées soit à ciel ouvert (ouvrir tout le genou) soit sous arthroscopie. Cette méthode endoscopique consiste à opérer le genou à l’aide de caméra.
Si cette technique arthroscopique est la règle dans le reste du monde, elle est pratiquée en routine, depuis le 9 juin 2020, par une équipe 100% malienne autour de Dr Bah. L’évolution après chirurgie du ligament croisé antérieur du genou est très satisfaisante dans 90 à 95% avec un genou stable et indolore, capable de reprendre le sport au plus haut niveau.
D’après Dr Aliou Bah, le patient aura un genou de tous les jours autour de 6 semaines après l’intervention, un genou normal à 3 mois et un genou sportif à 6 mois.
Fatoumata NAPHO
Source : L’ESSOR