Le ministre de la communication, chargé des relations avec les institutions, porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré, était face à la presse, jeudi dernier au siège du centre d’information gouvernemental du Mali (CIGMA) pour apporter des éclaircissements sur les sujets brûlant qui déferlent la chronique dans notre pays depuis un certain temps. Pour aborder ces sujets avec les hommes de média, il était accompagné par ses collègues : Pr Mamadou Famanta de l’éducation nationale, l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et Hamadoun Dicko, ministre du Dialogue social, du Travail et de la fonction publique.
Il s’agissait pour les ministres d’informer la population sur la crise scolaire que traverse notre pays et sur les efforts menés par le gouvernement pour sa résolution.
Prenant la parole, le ministre Yaya Sangaré a précisé la cause du blocage entre le gouvernement et le collectif des huit syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016. «Il s’agit l’application de l’article 39 de la loi n° 2018-07 du 16 janvier 2018 portant statut du personnel enseignant du secondaire, du fondamental et de l’éducation préscolaire spéciale », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que le gouvernement reconnait la légalité de la revendication du syndicat des enseignants.
Yaya Sangaré a précisé que l’interprétation à la lettre de l’article 39 de la loi susvisée est juste et les enseignants ont raison de rappeler que toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général s’applique de plein droit au personnel de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale. Il a rappelé que cette revendication des enseignants s’adosse à un accord déjà négocié et obtenu par l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) en 2018 pour la valorisation de la grille indiciaire du statut de la fonction publique. Il a précisé que le gouvernement ne refuse pas la proposition du collectif, mais demande juste d’appliquer la majoration en fonction de la grille indiciaire de la fonction publique obtenue par la centrale syndicale en 2018. « C’est ce que les enseignants ont refusé. Ils exigent par contre l’augmentation immédiate de leur grille de 180 points rétroactivement depuis le 1er janvier 2019 et de 100 autres points à compter du 1re janvier 2021. C’est ce qui fait qu’on se retrouve avec une augmentation de 280 points, au lieu de 140 points que le gouvernement propose. Voilà tout le problème exposé », a-t-il déclaré.
Selon lui, il y a deux lectures différentes de la même loi qu’il faut clarifier. Les syndicats exigent l’année 2019 comme date d’entrée en vigueur de la nouvelle grille alors que le gouvernement propose 2020. A ce propos, Yaya Sangaré dira que pour le premier ministre, cette exigence des syndicats de l’éducation n’est pas acceptable pour deux raisons simples. La première raison est la non soutenabilité financière par l’Etat de cette exigence et la deuxième raison qui est la fondamentale, est qu’une rétroaction à partir de 2019, peut entrainer la frustration des autres syndicats. « Ce qui ouvrirait en ce moment, la voie à une spirale de revendications tous azimuts que nous ne pouvons pas nous permettre de cumuler avec la gestion de la crise multiforme que vit actuellement notre pays », a laissé entendre, le porte-parole du gouvernement. L’Etat selon lui, ne peut pas respecter son engagement cette année avec les enseignants et leur demande d’étaler la prise en charge de leurs revendications légales et légitimes sur 2020 et 2021 comme l’avait fait en son temps l’UNTM.
Pour sa part, le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le Pr Mamadou Famanta est revenu sur ce qui s’est passé l’année dernière et ce qui a été fait par le gouvernement. Il a rappelé qu’au cours de l’année scolaire 2018-2019, des efforts ont été faits avec l’exécution de sept points sur dix revendiqués par les enseignants et qu’aujourd’hui deux sont en cours de réalisation dont un a été retiré par les enseignants. A ce sujet, le ministre Famanta a indiqué que les enseignants ont bénéficié d’un statut autonome consacré par la loi n° 2018-007 du 16 janvier 2018. « La valorisation de leur indice, l’octroi de la prime d’équipement et la majoration de l’indemnité de résidence coûtent un peu plus de 24 milliards de francs CFA supplémentaires à l’Etat sur la période 2018 à 2021 », a-t-il précisé.
Le Pr Mamadou Famanta a expliqué que le recrutement des 15000 enseignants contractuels, entre dans le cadre d’un plan B qui ne vise pas à remplacer définitivement les enseignants grévistes. « Il ne s’agit pas non plus de radier qui que ce soit », a conclu le ministre Famanta.
De son côté, le ministre en charge du Dialogue social, du Travail et la Fonction publique, Oumar Hamadoun Dicko, a insisté sur le fait que le dialogue est permanent et continuel. Selon lui, le gouvernement n’a pas l’intention de rompre le dialogue. « Nous avons reçu des instructions très fermes de la primature pour que le dialogue ne soit pas interrompu. Nous sommes donc dans cette perspective et travaillons à cela », a rassuré le ministre Dicko. Avant de préciser que l’incidence financière de l’application de l’article 39 telle qu’exigée aujourd’hui par les enseignants coûtera 58 milliards de nos francs à l’Etat.
Alou Badra DOUMBIA
Source: L’Enquêteur