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Encore deux otages français au Sahel, des oubliés ?

Serge Lazarevic et Gilbert Rodrigues Leal ont été respectivement enlevés au Mali le 24 novembre 2011 et le 20 novembre 2012.

otages français nord-mali

Après la libération de quatre salariés d’Areva, enlevés il y a plus de trois ans à Arlit au Niger, ils sont encore deux Français retenus en otage au Sahel. Serge Lazarevic et Gilbert Rodrigues Leal ont été respectivement enlevés au Mali le 24 novembre 2011 et le 20 novembre 2012. Que sait-on sur leur détention ? Europe1.fr fait le point.

L’oublié. La fille de Serge Lazarevic pensait voir le bout du tunnel. Le gouvernement lui avait promis que son père serait libéré en même temps que les salariés d’Areva. Or, pas de Serge Lazarevic dans le Falcon gouvernemental qui a atterri mercredi à l’aéroport de Villacoublay, près de Paris. Au micro d’Europe 1, Diane Lazarevic, à bout de nerfs, s’en est prise directement au gouvernement qui, selon elle, lui a menti. “Je suis très en colère contre le gouvernement qui m’a assuré il y a deux mois que s’il y avait libération, il y aurait libération des otages d’Areva et de mon père, le négociateur en place négociait pour les cinq”, a-t-elle ainsi révélé, pensant “qu’il n’y a pas eu de négociations pour (son) père.”

La jeune femme a créé la polémique en laissant entendre qu’Areva aurait versé une rançon pour obtenir la libération de ses quatre salariés. “Le Quai d’Orsay m’a bien dit il y a deux mois que la France ne paierait pas mais que sûrement Areva le ferait. Ce sont les mots du Quai d’Orsay”, a-t-elle assuré. “J’ai l’impression qu’on m’a gentiment endormie pour que je ne fasse pas d’esclandre”, a-t-elle enfin estimé.

>> Réécoutez l’interview de Diane Lazarevic sur Europe1

Sans rançon pas de libération ? Un témoignage qui vient corroborer les informations du Monde. Selon le journal du soir, une rançon de plus de 20 millions d’euros prélevée “sur les fonds secrets alloués aux services de renseignement” a bel et bien été versée aux ravisseurs. “La France ne verse pas de rançon. C’est ce qui est rappelé à chaque fois. C’est ce qui a été rappelé par Jean-Yves Le Drian, il a été très clair. Pas besoin de revenir sur le sujet”, a répondu le président de la République François Hollande. “Pour ce qui dépend de l’Etat français, il n’y a pas eu d’argent public versé”, a, de son côté, déclaré le ministre des Affaires étrangère Laurent Fabius, éludant les questions sur des versements d’Areva.

>> Une libération d’otages, “ça a un coût”

Sans le soutien d’un tel groupe, Serge Lazarevic est, selon sa fille, le grand oublié de cette libération : “les otages d’Areva, il y a une entreprise derrière, une puissance. Mon père est un anonyme. Il y aura peut-être une libération plus tard, mais la priorité était à ces otages-là.” Le 24 novembre prochain, cela fera deux ans que Serge Lazarevic est retenu en otage. En voyage d’affaires pour un projet de cimenterie, ce géologue avait été enlevé par AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) avec Philippe Verdon dont la mort a été officialisée par l’Elysée en juillet.

Condamné à mourir ? Gilbert Rodrigues Leal n’était, lui, pas dans le Sahel pour les affaires. Ce Franco-Portugais à la retraite originaire de Lozère a été enlevé le 20 novembre 2012 par le Mujao (mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest), alors qu’il se rendait au Burkina Faso pour équiper une école de brousse. “Malheureusement, en ce qui concerne Serge Lazarevic et Gilbert Rodrigues, c’est un grand moment d’angoisse qui démarre”, a déclaré Pascal Lupart, président du comité de soutien de Serge Lazarevic. “Les deux qui restent aujourd’hui dans le désert […] c’est des indépendants et des sans-grade», a-t-il ajouté avant d’assurer : “si on n’a pas derrière de grosses sociétés pour payer, on peut considérer que si l’État français ne paie pas ils sont condamnés à mourir.”
Mercredi à l’aéroport de Villacoublay, François Hollande a promis de tout faire pour libérer Serge Lazarevic, Gilbert Rodrigues Leal et les cinq autres Français encore otages – un au Nigéria, quatre en Syrie. Mais cela suppose de la “discrétion”, a-t-il insisté.

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