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En réponse à M. Pascal Canfin, ministre délégué français chargé du Développement

Lors de sa visite de 48 heures au Mali, au journal de 18h 30 de RFI le vendredi 14 juin 2013, le ministre français chargé du Développement

Le ministre français du Développement Pascal Canfin, le 18 septembre 2012 à Nantes  © AFP

Le ministre français du Développement Pascal Canfin, le 18 septembre 2012 à Nantes
© AFP

, a voulu justifier la neutralité de la France, en niant un quelconque soutien de Paris aux rebelles du MNLA. «Chaque partie trouve que la France est trop favorable à l’autre», s’est-il expliqué. Nous lui rappelons tout simplement qu’en plus de l’accueil réservé aux membres du MNLA au Quai d’Orsay et dans les milieux officiels français, ce sont les agissements de certains membres du gouvernement et des élus français, et pas des moindres, qui sèment le doute sur la neutralité de la France par rapport à la situation du Nord du Mali et particulièrement Kidal. En effet :

 

 

-Quand Mme Elisabeth Guigou, présidente de la Commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale, affirme sur I-télé courant février, qu’«il faut accorder une autonomie aux touaregs» ;

-Quand le sénateur français Gérard Larcher, rapporteur d’un groupe de travail sur la situation au Mali déclare le 22  avril que «les négociations ne doivent pas être conditionnées au désarmement des rebelles du MNLA» ;

 

 

-Mieux, quand le bouillant ministre de la Défense, Jean Ives Le Drian (ami personnel de Hollande) déclare le 23 janvier 2013 sur France 24 à propos de Kidal : «Je le dis aujourd’hui, mais aussi pour demain, les touaregs sont nos amis, quand ils sont dans leur territoire au Nord du Mali, ils sont chez eux et il importe de les respecter…» ;

 

 

-Et quand François Hollande, lors de sa conférence de presse du vendredi 31 mai 2013, dit qu’il doit tenir compte du «respect de la réalité touarègue» ;

 

 

– Et enfin quand Laurent Fabius trouve en l’Accord préliminaire «une excellente base de négociation» alors que ce document symbolise une partition programmée de la région du Nord, et lorsqu’on se rappelle qu’en janvier 2012, Alain Juppé se félicitait des «succès éclatants enregistrés par les rebelles du MNLA».

Oui, Monsieur le ministre, les Maliens sont obligés de croire à une complicité avec vos «amis du MNLA», sinon à un complot franco-onusien dont la mise en œuvre est confiée au président Blaise Compaoré avec son ministre Bassolé qui, en tant que diplomate, se plaît maintenant à répéter Nord-Mali comme Sud-Soudan.

 

Le Complot franco-onusien

Ce complot aussi, il est facile de le démontrer :D’abord, sous la houlette de la France, l’Onu va envoyer des casques bleus au Mali (résolution 2100 du 25 avril 2013) malgré les réserves formulées par le Mali (ce qui est une première) ;

Aussi, contre la volonté de la Commission de l’Union africaine qui avait dévolu son choix sur Pierre Buyoya, c’est Bert Koenders qui a été parachuté d’Abidjan à Bamako pour prendre la tête de la Minusma, alors que son mandat n’est pas fini en Côte d’Ivoire ; pourquoi ce choix ?

La désignation du Général Jean-Bosco Kazura du Rwanda nous paraît également une indication française malgré le supposé professionnalisme avancé de l’intéressé. En effet, issu d’une minorité Tutsi, son profil sied bien du côté français pour défendre les touaregs au Nord du Mali. Le Secrétaire général adjoint de l’Onu, chargé des opérations de la Paix étant français (Hervé Ladsous), nous pensons qu’avec le soutien de ce dernier, le commandement de la Minusma aurait difficilement pu échapper au Tchad si la France le voulait. Le Tchadien n’était pas le mieux indiqué pour défendre les intérêts français tout simplement.

Ensuite, pourquoi les deux protagonistes du complot ayant coûté la vie au président Juvénal Habyarimana du Rwanda en 1994 se retrouvent ensemble au commandement de la Minusma au Mali  à savoir le Général Kazura et le Général Grégoire de Saint-Quentin «Barrera» ? Cette coïncidence est-elle fortuite ? En effet, le Général Jean-Bosco Kazura était le bras droit du chef rebelle Paul Kagamé pendant que le Général de Brigade Bernard Barreta (ou Grégoire de Saint-Quentin) s’occupait de l’opération Turquoise du Rwanda en 1994. La suite, on la connaît. L’avion du président a été abattu, par qui ? Ensuite, survient le génocide.

 

 

Ce qu’il faut noter, c’est que le chef des opérations de la paix de l’Onu était également français et son rôle a été fortement décrié à l’époque. MM. Barreta et Kazura, en savaient beaucoup aussi sur ces évènements. Aujourd’hui les deux hommes, qui nous rappellent de si mauvais souvenirs, vont travailler ensemble la main dans la main au Mali. À quelle fin ?

 

 

De tout ce qui précède, nous pensons que même si l’Armée malienne rentre à Kidal, l’opération Serval commandée par M. Berreta et la force de la Minusma dirigée par M. Kazura y seront aussi présentes. Dans cette situation, qu’en sera-t-il de la cohabitation entre les forces maliennes et les troupes franco-onusiennes ? L’avenir nous le dira.

 

 

En tout cas, il est douloureux de constater que le gouvernement du Mali n’a pas assez de marge de manœuvre et que le jeu semble être déjà fait, car la France s’est battue en amont pour avoir la légalité internationale dans cette affaire. Le schéma minutieusement élaboré, avec l’appui du Burkina (au lieu du Nord du Mali, Michel Bassolé préfère dire maintenant le Nord-Mali –comme le Sud Soudan), le schéma de Paris, dis-je, lui a permis de dribbler tous ses amis maliens, tchadiens et africains et il pourra atteindre ses objectifs sans difficulté, c’est-à-dire accorder une autonomie, qui ne dira pas son nom, aux touaregs du MNLA.

 

Mais, seul un soulèvement populaire et gigantesque du peuple malien tout entier peut changer la donne, et là au risque de toutes les incertitudes.

M. BOUARE

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