Le gouvernement Tchadien a fait part, le vendredi 19 septembre dernier, de sa colère et de ses critiques à l’endroit de la Mission des Nations Unies pour la Stabilité au Mali (Minusma).
Cette prise de position du gouvernement Tchadien est consécutive à l’attaque perpétrée, le jeudi 18 septembre dernier, en endeuillant, une fois de plus, la Minusma par la mort de cinq (5) soldats Tchadiens. Trois (3) ont été blessés. Cette attaque s’est passée à 30 km au nord d’Aguel’hoc dans la région de Kidal, le même jour où la Minusma honorait la mémoire d’un autre soldat Tchadien tué lors d’une attaque du même genre, la semaine d’avant. C’est donc au lendemain de cette énième attaque contre ses soldats que le Gouvernement tchadien a réagi en parlant de traitements discriminatoires et accusant la mission des Nations Unies d’utiliser les soldats tchadiens comme boucliers.
Dans un communiqué rendu public par la voix de son porte-parole Assane Sylla Bakary, le gouvernement Tchadien déclare que “le Gouvernement tchadien constate avec regret que son contingent continue à garder toujours ses positions au nord-Mali et ne bénéficie d’aucune relève. Pire, notre contingent éprouve des difficultés enormes pour assurer sa logistique, sa mobilité et son alimentation. Face à cette situation de précarité et de discrimination que subit le contingent Tchadien, le gouvernement interpelle les responsables de la Minusma et les invite à un traitement juste et équitable de tous les contingents mobilisés dans le cadre de cette mission. Le Gouvernement tchadien ne saurait continuer à observer, sans réagir, ces pratiques discriminatoires dont est l’objet le contingent tchadien. Le gouvernement ne saurait accepter que le contingent tchadien soit utilisé comme bouclier aux autres forces de la Minusma positionnées plus en
retrait. Un délai d’une semaine est accordée à la MINUSMA pour opérer les relèves nécessaires et mettre à la disposition du contingent Tchadien tous les moyens destinés à l’accomplissement de sa mission. Passé ce délai, le Tchad se réserve le droit de prendre les mesures qui s’imposent”.
De son côté, le chef de la Minusma, Bert Koenders assure qu’il comprend les autorités Tchadiennes et déclare que “ C’est le pays (le Tchad, ndlr) qui a fait le plus pour le Mali. Il a perdu beaucoup d’hommes et moi je suis vraiment attristé. Je voudrais aussi présenter mes condoléances à l’Etat tchadien et aux familles des disparus. Pour les blessés, je souhaite un prompt rétablissement. J’ai beaucoup de respect pour les Tchadiens, car ce sont des troupes qui connaissent le terrain et qui ont fait preuve de beaucoup de courage. Mais ils sont payés aussi pour ça par l’Onu”.
Par contre, le chef le la Minusma réfute le fait que le contingent Tchadien soit utilisé comme bouclier. D’ailleurs il affirme que compte tenu du fait que beaucoup de soldats tchadiens ont été victimes de diverses attaques, la Minusma a parlé avec le Ministre tchadien de la défense et, ensemble, ils vont prendre des mesures qui s’imposent pour renforcer la position du contingent tchadien sur le terrain.
En ce qui concerne le retrait des troupes tchadiennes, ce dont menace implicitement le gouvernement tchadien qui donne une semaine à la Minusma pour relever son contingent, sous peine de prendre des mesures qui s’imposent, Bert Koenders laisse entendre tout simplement, que la Minusma en discutera avec l’État tchadien. Selon Radia Chouri, la porte-parole de la Minusma, entre le 27 mai et le 05 septembre 2014, la Minusma a fait l’objet de 27 attaques qui ont visé aussi bien son personnel que ses locaux. Ce qui donne une moyenne de deux (2) attaques par semaine. Ces attaques ont fait plus d’une dizaine de morts parmi les soldats de la paix et c’est le contingent tchadien qui paye le plus lourd tribut. Là où le bât blesse encore, c’est qu’aucune de ces attaques n’a jamais été revendiquée par qui que ce soit.
La Rédaction
SOURCE: Soir de Bamako