Depuis son arrivée au pouvoir, le 04 septembre 2013, à nos jours, soit environ dix mois seulement, l’Administration du Président Ibrahim Boubacar Kéïta dit IBK a accumulé les déboires dans la gestion des affaires publiques. Le moins que l’on puisse dire, c’est que sa côte de popularité ne cesse de baisser depuis le mois d’octobre dernier. Tout se passe comme si le destin s’était acharné contre l’homme et son régime. Pendant la campagne électorale, le Président avait fait de la réconciliation nationale son cheval de bataille. Cette réconciliation était censée aller de pair avec un rétablissement progressif de la paix et de la sécurité dans le pays, notamment dans le Nord. Mais force est de constater que dix mois après, la situation reste toujours précaire.
Dans le cadre de la résolution de la crise, des Assises et des États généraux de la décentralisation ont été organisés, boycottés par les groupes armés du Nord. Seule l’intermédiation des dernières semaines menée par l’Algérie aura permis des avancées notables. Encore que les choses restent toujours au stade d’accords préalables, malgré la volonté exprimée par Bamako, le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (Mnla) et ses alliés, d’aller à la table de négociation. C’est dire que pour la résolution de la crise du nord, le Président IBK n’a pas fait mieux que son prédécesseur.
Sur le plan de l’économie, le bilan n’est pas reluisant, bien que promesse avait été faite, lors de la campagne électorale, que ce secteur va occuper une place centrale dans l’activité de la nouvelle administration. Malheureusement, 10 mois après, des travaux d’envergure tardent à prendre forme pour redresser l’économie et les emplois promis, notamment à l’endroit de la jeunesse. Le « panier de la ménagère » connaît une baisse vertigineuse.
Dans ce climat délétère, des scandales et déboires grotesques ont surgi au devant de la scène, finissant de décrédibiliser une Administration déjà peu respectée.
En effet, dès la mise en place du Gouvernement dirigé par Oumar Tatam Ly septembre 2013, l’opinion publique a eu le sentiment qu’une part belle semble être faite aux proches et amis de la famille présidentielle.
Novembre 2013, un premier vrai scandale éclate: un marché de gré à gré pour l’achat d’armements destinés à l’armée défraie la chronique. Il y a de quoi, tant la valeur est astronomique: 69 milliards de nos francs ! Pis, le marchés a est attribué à un opérateur économique de renom, proche du pouvoir.
Mars 2014, nouveau scandale: le journal Français « Le Monde » accuse le Président IBK lui-même d’avoir ayant bénéficié des faveurs d’un certain Tomi Michel dit le « Parrain des parrains », un homme d’affaires soupçonné de pratiques mafieuses. L’Administration IBK s’indigne et promet de traduire le confrère devant les tribunaux. Depuis lors, silence radio.
Avril 2014, le Président s’offre un avion Boeing 737 de luxe. Au nom de la souveraineté du pays. L’opposition s’empare de l’affaire et réussit à remonter l’opinion nationale contre son Président. Des urgences et autres priorités devraient passer avant… l’avion.
Mai 2014, le Fonds Monétaire International (Fmi) se mêle à la danse et désapprouve officiellement l’achat de cet avion. En conséquence, il décrète des mesures de représailles: gel du décaissement de l’argent destiné au Mali et qui s’élève à plusieurs milliards de nos francs.
Mai 2014 toujours, la situation s’emballe à Kidal. Les armes crépitent et l’armée malienne est défaite par les groupes armés. Plusieurs militaires sont tués, des civils et des administrateurs sont faits prisonniers ou assassinés. L’humiliation est terrible et douloureuse, contraignant le Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Soumeylou Boubèye Maïga à rendre la démission.
Juin 2014, c’est la cacophonie autour de l’organisation des examens de fin d’année. Les épreuves du Def et Bac connaissent des fuites de sujets. Et c’est la fraude généralisée. Le Ministre de l’Éducation nationale dénonce l’existence d’un réseau mafieux. Pour défendre son Ministre et cacher les tares du département en charge d’organiser les examens, le Président de la République s’en prend plutôt aux parents d’élèves, comme si ce sont ceux-là qui sont à l’origine de la défaillance du système éducatif.
Juin 2014 toujours, un dangereux criminel doublé de la casquette de djihadiste, s’échappe de la prison centrale de Bamako. Cela n’est pas étonnant même si on ne s’y attendait pas. Pas étonnant, parce que le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité lui-même avait publiquement averti ne pas disposer de moyens adéquats pour assurer la sécurité des Maliens.
A ces couacs et déconvenues de l’Administration IBK, on peut ajouter les demi-vérités à propos de l’achat de l’avion présidentiel ainsi que les circonstances sombres qui entourent « l’ordre d’attaquer » donné à nos militaires lors des récents évènements de Kidal.
Face à un bilan presque inexistant, les Maliens se demandent à présent si réellement le Président Ibrahim Boubacar Kéïta pourra réussir là où les autres ont échoué. En tout cas, les maliens dans leur grande majorité, sont dubitatifs quant aux réelles capacités de l’Administration IBK à conduire le pays à bon port.
Rassemblés par Mamadou GABA
SOURCE: Soir de Bamako