Si les cadres maliens – qu’ils soient politiques ou apolitiques – ont un totem, c’est de prendre leurs responsabilités face à des situations et démissionner. Un acte patriotique très rare dans notre pays.
Démissionner d’un poste nominatif ou électif est absent du vocabulaire des cadres maliens. C’est leur premier totem. Ils ne voient dans ce geste « patriotique » que de la faiblesse et de l’incompétence. Rares sont ceux qui voient la démission sous un autre angle. Or, le démissionnaire pose un acte de responsabilité face une situation bien précise. C’est ce côté responsabilité que la majorité des cadres maliens refuse de voir.
Dans l’histoire du Mali, on a vu rarement des cadres prendre leurs responsabilités, sans aucune contrainte, face à des situations inacceptables et donner leurs démissions à qui de droit. Parmi ces rares cas, on peut citer celle de Soumana Sako en 1987, du magistrat Malick Coulibaly en 2008, d’Oumar Tatam Ly en 2014, de Soumeylou Boubèye Maïga en 2014.
A part ces quelques cas on assiste au refus catégorique des cadres de partir. On se souvient de la réponse de Cheick Modibo Diarra en 2012, lorsque le FDR critiquait et demandait sa démission à travers les médias. Le Premier ministre « pleins pouvoirs » avait réagi par la négative. « Je ne démissionne pas. D’ailleurs à qui est-ce que je vais donner ma démission », comme si le pays n’avait pas de président. Il est vite descendu de son nuage de « pleins pouvoirs » par les putschistes du CNRDRE en le contraignant à la démission.
A la différence du Premier ministre Diarra, c’est l’opposition qui a déposé au niveau de l’Assemblée nationale une motion de censure contre Moussa Mara et son équipe. Certes l’opposition n’a pas eu gain de cause, mais elle a eu à étaler, une fois de plus, au grand jour, l’addiction des politiques aux postes nominatifs. A la réponse de demande de démission des 22 députés de l’opposition, le PM a dit qu’il ne démissionnera pas.
Ce propos de Mara pour certains est preuve de « soif du pouvoir » des hommes politiques maliens. « Les hommes politiques du Mali sont presque tous des assoiffés de pouvoir. Ils sont prêt à tout pour sauver leurs postes, mais rien pour le Mali. A mon avis, je crois que Mara devrait démissionner de lui-même dès son retour de Kidal, il ne devrait même pas attendre que l’opposition demande son départ », martèle Issa Diarra, un fonctionnaire.
En attendant Mara et son équipe sont maintenus aux affaires par la majorité parlementaire.
Youssouf Coulibaly
SOURCE: L’Indicateur du Renouveau