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En grève illimitée depuis le lundi 27 août : Les magistrats dénoncent la mauvaise foi du gouvernement

Après plusieurs jours de mouvements de grève, les deux syndicats de la magistrature notamment le Syndicat autonome de la magistrature (Sam) et le Syndicat libre de la magistrature (Sylima) ont animé, le mercredi 29 août dernier, au siège du Sam, une conférence de presse pour faire le point de la situation et expliquer les raisons de leur grève illimitée déclenchée depuis le lundi 27 août. Ladite conférence était principalement animée par le secrétaire général du Sam, Mamoudou Kassogué, en présence du président du Sam, Aliou Badra Nanakassé et celui du Sylima, Hady Macky Sall.

Après les mots introductifs du président du Sam, le secrétaire général dudit syndicat, Mamoudou Kassogué a expliqué les différents points de revendication formulés par les syndicats de la magistrature. Selon lui, ces revendications sont de deux ordres. Le premier est relatif à la sécurisation des juridictions et des personnels judiciaires. Quant au second point, il concerne la relecture de statut de la magistrature avec la revalorisation de la grille salariale.  A le croire, aucune de ces revendications n’a été prise en charge par le gouvernement.  Alors que, dit-il, l’incidence financière annuelle des revendications tourne autour de 2 milliards de Fcfa. “ Nous sommes butés à la mauvaise foi inqualifiable de la partie gouvernementale. Le gouvernement n’a pas tenu ses engagements. La grève est observée à presque 100%, nous sommes prêts à tenir même s’il faut aller à trois mois voir six mois “, a-t-il déclaré.

Il s’est dit confiant que les magistrats se sont engagés dans un combat qu’ils vont gagner. Pour lui, aucun Etat sérieux ne peut se construire sans une magistrature crédible. “ Depuis lundi 27 août 2018 à minuit, nous sommes en grève illimitée. Nous n’avons pas déclenché cette grève par fantaisie mais par nécessité. Nous sommes allés en grève parce que nous y avons été poussés par l’insécurité et la précarité. Les points de revendication pour lesquels nous sommes en grèves aujourd’hui ne sont pas de nouvelles revendications. Il s’agit d’anciennes revendications qui datent de 2014 et 2015. Nous avons saisi le gouvernement du Mali de deux cahiers de doléances courant 2014 et 2015 avec beaucoup de points inscrits dans lesdits cahiers et nous avions entamés des négociations “, a-t-il dit.

Le gouvernement n’a pas tenu ses engagements

Et de poursuivre que la partie gouvernementale avait rassuré que les magistrats considèrent comme acquises toutes les revendications non salariales. ” Malheureusement, jusqu’à cette date, aucune de ces revendications n’a été mises en œuvre. Après, les négociations ont continué sur les autres points, nous sommes parvenus à quelques points d’accords avec des points qui ont été reportés. Lorsque nous devrions se rencontrer pour la mise en œuvre de ces points, nous avons été butés à la mauvaise foi inqualifiable de la partie gouvernementale parce que nous ne pouvons pas comprendre que des personnes d’un certain rang prennent des engagements et refusent de les mettre en œuvre. Nos partenaires n’ont pas tenu leurs paroles, c’est pourquoi, nous sommes en grève “, a déclaré le magistrat Mamoudou Kassogué.

Evoquant le point relatif à la sécurisation des juridictions et des personnels judiciaires, il a rappelé que depuis le 16 novembre 2017, la magistrature malienne connait des heures sombres parce que le président du tribunal de Niono (Ségou) Soungalo Koné a été enlevé par des hommes armés à son domicile. A la date d’aujourd’hui, déplore-il, il n’y a aucune nouvelle le concernant. ” Soungalo a été enlevé parce que l’Etat n’a pas su assurer sa sécurité “, a martelé le conférencier.

De son point de vue, la partie gouvernementale avait rassuré qu’au plus tard le 30 juin 2018, les mesures sécuritaires allaient être renforcées autour des juridictions. Malheureusement, poursuit-il, le 30 juin, les magistrats n’ont constaté aucune amélioration des conditions sécuritaires au contraire, le dispositif existant a été réduit. “ Par rapport à la sécurisation des juridictions et des personnels judiciaires, le gouvernement n’a pas tenu ses engagements. Lorsque nous avons déposés notre préavis de grève le 10 juillet 2018, nous devrions aller en grève le 25 juillet, le gouvernement ne nous a appelé que le 24 juillet. Cela veut dire que le gouvernement n’a pas accordé d’importance à notre préavis “, a-t-il regretté.

Les grévistes réclament un indice de 3 500

S’agissant du second point relatif à la relecture du statut de la magistrature avec la revalorisation de la grille salariale, le conférencier a fait savoir que les magistrats réclament un indice de 3 500. ” Il était prévu de relire le projet de statut avant le 31 mai 2017 avant de transmettre à l’Assemblée, malheureusement rien n’a été fait. Nous avons écrit le 10 avril 2018 au premier ministre pour lui notifier que l’Assemblée est en train de tenir sa dernière session sans notre projet de statut “, a souligné l’orateur.

A ses dires, avec cette interpellation du Premier ministre, le processus a reçu un coup d’accélérateur, car le document avait été déposé pour être examiné en Conseil des ministres. Mais, dit-il, curieusement, jusqu’à trois reprises, le document est arrivé au conseil des ministres puis retiré à la dernière minute pour des raisons encore ignorées. ” Le gouvernement voulait faire adopter le document sans la grille, nous avons encore écrit au Premier ministre pour le rappeler qu’adopter le statut sans la nouvelle grille reviendrait à reconduire l’ancienne grille alors que nous nous sommes entendu pour que la grille soit revue. La partie gouvernementale nous a laissé entendre au cours des négociations tenues le 24 juillet, que l’engagement qui a été pris par le ministre de la Justice n’engageait que le seul ministre de la justice et que le gouvernement ne se reconnaissait pas dans cet engagement. C’est ahurissant ! Où est passé la solidarité gouvernementale ! “, s’interroge-il.  A l’en croire, aucune concession n’a été faite par le gouvernement. Pour lui, les engagements pris par le gouvernement n’ont pas été tenus. ” Nous avons constaté l’échec des négociations et nous sommes allés en grève pour une semaine. Nous avons fait toute la semaine, personne n’a daigné nous appeler pour nous rapprocher. Nous avons été obligés de reconduire pour une autre semaine, personne ne nous a rapprochés encore. Nous avons cette fois-ci reconduit pour 10 jours. Là, il a fallu l’intervention des personnes de bons-offices pour que nous puissions reprendre la négociation avec la partie gouvernementale “, a-t-il précisé.

Quand les négociateurs du gouvernement ignorent la notion de la continuité de l’Etat

Aux dires du conférencier, à la négociation le vendredi 24 août 2018, la partie syndicale a été surprise de constaté que le gouvernement ne s’est focalisé que sur les mesures sécuritaires, car il était disposé à examiner les observations émises par les syndicats afin d’essayer de trouver un compromis. ” Mais que s’agissant des questions financières, le gouvernement dit qu’il n’est prêt à prendre aucun engagement. C’est injurieux. Nous ne pouvons pas accepter cela. Nos revendications sont indivisibles, la sécurité physique et économique. Nous leur avons dit que nous n’étions pas prêts à lever notre mot d’ordre de grève, même s’il y avait accord par rapport à un seul point. Pendant que nous étions en réunion le lundi 27 août 2018, il nous a été notifié que le gouvernement a écrit pour demander que les salaires soient suspendus. Cela a irrité les gens, nous avons transformé notre grève en grève illimitée et nous n’irons pas à la table des négociations pour parler des seules mesures sécuritaires “, a-t-il déploré.

Selon l’orateur, cette décision a été prise le lundi dernier. Et depuis lundi 27 août 2018, précise-t-il, les magistrats sont en grève illimitée sur l’ensemble du territoire national et la grève est observée à presque 100%. ” Nous sommes prêts à tenir même s’il faut aller à trois mois voir six mois. Et les désagréments qui en résulteront sont de la seule responsabilité du gouvernement. Nous ne délivrerons pas de certificat de nationalité ni de casier judiciaire, nous n’orientons pas de PV, nous ne tenons pas d’audience et cela restera jusqu’à ce que nous ayons satisfaction totale. Nous sommes prêts à nous battre et nous allons nous battre jusqu’au bout. Nous sommes prêts à aller jusqu’au bout et rien ne nous fera reculer “, a conclu le secrétaire général du SAM.

         Boubacar PAÏTAO

Source: Aujourd’hui-Mali

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