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En Corse, Hollande veut «rester dans le cadre de la République»

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En déplacement en Corse, le chef de l’État a rappelé que le gouvernement était mobilisé sur la sécurité.

Envoyée spéciale à Ajaccio

En Corse, tout converge toujours vers le préfet Claude Érignac, «sauvagement assassiné» à Ajaccio le 6 février 1998. C’est naturellement par là que François Hollande a donc commencé sa visite sur l’île de Beauté, la première depuis son arrivée à l’Élysée. Dès son arrivée à Ajaccio, vendredi matin, le président de la République a déposé une gerbe sous la plaque érigée à la mémoire du préfet martyr, dans le hall de la préfecture, avant d’observer une minute de silence.

Contrairement à Nicolas Sarkozy, François Hollande n’a jamais été fasciné par la question corse. Les habitants de l’île le lui rendent bien: à la présidentielle de 2012, le socialiste est arrivé en troisième position au premier tour, derrière les candidats de l’UMP et du Front national. Le chef de l’État s’est notamment rendu à Ajaccio et Bastia pour commémorer le 70ème anniversaire de la libération de l’île, soumise à l’occupation italienne et allemande. La Corse a été le premier territoire métropolitain libéré par la Résistance et les Forces françaises libres venues d’Afrique du Nord. Une page d’histoire méconnue, occultée par les débarquements de Provence et de Normandie.

 

Après son hommage au préfet Érignac, Hollande s’est rendu à la citadelle d’Ajaccio, où ont été emprisonnés et torturés plusieurs résistants corses. Le président de la République a visité la cellule où s’est suicidé en mars 1943 le «Jean Moulin» corse, Fred Scamaroni, qui avait refusé de donner les «siens» à ses tortionnaires italiens. Le président a également parcouru les anciennes salles de torture, dans le ventre de l’imposante citadelle. Une historienne a évoqué devant lui les coups sourds et répétés qui montaient de la cellule du prisonnier. Le président: «Il se cognait la tête contre les murs?» L’historienne, décontenancée: «Il envoyait des messages en morse…». Le président: «Ah!..»

Hollande a ensuite déposé une gerbe sous trois plaques commémorant le sacrifice des résistants, au son de la Marseillaise et de la Sonnerie aux morts. Devant les élus rassemblés à la mairie d’Ajaccio, il a ensuite rendu hommage à la ville, «première (…) à avoir pu entendre la Marseillaise». «Ce passé nous oblige, face au retour de la xénophobie et de l’intolérance, face à la violence et à la criminalité organisée, face à la nécessité du développement corse», a-t-il lancé. Le président a promis aux élus que l’État chercherait à «mieux prendre en compte spécificité de l’île.» «L’État sera à vos côtés parce que les Corses ont été aux côtés de la nation pour en assurer la libération», a-t-il conclu, sous un portrait en pied de Napoléon.

Aux côtés du frère du roi du Maroc Mohammed VI, le prince Moulay Rachid, le chef de l’État devait ensuite remettre la Légion d’honneur à sept anciens goumiers (combattants) marocains, ayant œuvré à la libération de l’île, puis se rendre sur le plateau de Ciniccia, haut lieu de la Résistance, à côté du village de Levie (Corse-du-Sud). Avant de terminer son déplacement à Bastia, où il doit tenir un discours sur la libération de l’île, proclamée officiellement le 4 octobre 1943.

Les élus corses bientôt reçus par Manuel Valls

Pour ce premier déplacement en Corse, fixé de longue date, Hollande avait choisi de déroger le moins possible à la thématique mémorielle, alors qu’il était très attendu sur plusieurs dossiers sensibles: la violence endémique, qui mine l’île de Beauté, et les revendications institutionnelles de l’assemblée de Corse, qui vient de voter une délibération préconisant d’accorder dans la Constitution une place spécifique à l’île. Une revendication qui a suscité «l’effarement» de l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement.

Devançant les interrogations des élus, qu’il a reçus à huis clos à la préfecture d’Ajaccio, Hollande a répondu, à sa manière, dans un entretien paru vendredi dans Corse-Matin . Prudent, il a botté en touche, annonçant qu’il avait demandé au gouvernement de recevoir les élus de l’Assemblée de Corse pour «poursuivre la réflexion». «Mon obligation, c’est de rester dans le cadre de la République», a-t-il ajouté. Les élus corses seront reçus prochainement par les ministres Manuel Valls et Marylise Lebranchu, précise-t-on place Beauvau.

Hollande appelle au «dialogue»

Autre revendication des élus corses: faire du corse et du français les deux langues officielles de l’île. «S’agissant de la langue corse, on fait déjà beaucoup», a éludé le président dans Corse-Matin. En marge de son discours à la mairie d’Ajaccio, il a précisé que c’était par le «dialogue» qu’une «réponse» pourrait être trouvée aux revendications. «Modifier la Constitution est très lourd, et pas toujours souhaité, a-t-il noté. Je constate que pour le moment, il n’y a pas le consensus nécessaire (à une modification de la Constitution, NDLR). Aux uns et aux autres de faire les démarches pour convaincre. On ne change pas la Constitution par la volonté du seul président.»

Hollande était attendu aussi sur la sécurité, alors que le rythme des homicides (17 depuis janvier) n’a pas diminué, en dépit des mesures prises par le gouvernement pour lutter contre le crime organisé. Dans Corse-Matin, Hollande s’est contenté de rappeler que le gouvernement était «mobilisé». Il a évoqué le renfort de 58 policiers et gendarmes supplémentaires en un an. Et fait valoir que des résultats avaient été obtenus sur les saisies d’avoirs criminels. «La Corse souffre depuis trop longtemps des assassinats, et des crimes crapuleux, a reconnu Hollande, à la mairie d’Ajaccio. Cette réalité existe, il serait vain de la nier. Mais elle ne doit pas occulter une autre réalité: la Corse se développe, investit, innove, avance.» Devant des badauds rassemblés devant la mairie d’Ajaccio, le président a défendu sa méthode: «On prend toujours du temps pour arriver à de bons résultats».

Des propositions jugées «a minima» par le député UMP Camille de Rocca Serra, qui a estimé au contraire qu’une majorité des trois cinquièmes était possible au congrès, pour modifier la Constitution. «Sur la sécurité, il était un peu trop positif», a ajouté l’élu corse, qui n’a pas voulu en rajouter: «Son bilan n’est pas catastrophique. La situation est compliquée…»

Signes de lassitude?

Cette visite intervient au terme d’une semaine compliquée pour François Hollande, qui voit encore  baisser sa cote de popularité. Alors qu’il a multiplié, ces derniers jours, les déplacements en province, il a pu constater qu’il n’était pas partout le bienvenu, comme mercredi dernier en Auvergne, où il s’est fait copieusement siffler par des agriculteurs. Le chef de l’État a également dû mettre fin à une semaine de zizanie entre plusieurs de ses ministres, sur le sujet des Roms. Une séquence qui s’est close par un recadrage et des consignes de Matignon qui, en cherchant à reprendre la main sur la communication gouvernementale, a suscité les sarcasmes de nombreux ministres, en privé.

A la citadelle d’Ajaccio, en sortant de la cellule de Fred Scamaroni, et avant de rejoindre les anciens combattants pour une minute de silence, François Hollande a laissé échapper un gros soupir. La lassitude serait-elle en train de gagner ce président si placide?

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