Il y’a des cas de condamnations à une peine privative de liberté qui, au lieu d’avoir une vertu pédagogique, voire thérapeutique et de dissuader leurs auteurs à recommencer, les incitent au contraire à poursuivre leur sale besogne. Il leur suffit tout simplement de peser ce qu’ils perdent ou gagnent en allant en prison. S’il faut voler des milliers de têtes de gros et de petits ruminants, les revendre et empocher leur prix pour seulement passer deux mois de prison et ressortir sans rien verser à ses victimes, autant opter pour la prison car, le chemin de la richesse passe par là.
Amadou Sidibé et Bassoulé Sangaré, les deux plus grands voleurs de bétail de tous les temps dans la région de Mopti ont recouvré leur liberté à l’issue d’un jugement expéditif le lundi 29 décembre dernier. Ils n’auront passé qu’un peu moins de deux mois en prison. Leur interpellation le dimanche 12 octobre dernier au poste de contrôle de Thy par les hommes du Commissaire divisionnaire de police Karamoko Diané du commissariat de Sevaré avait valu à ce dernier, les félicitations de sa hiérarchie et même des plus hautes autorités du pays. Amadou et Bassoulé savent appuyer le doigt là où ça fait mal.
A Mopti, c’est l’élevage, le nerf de l’économie. Amadou Hama Dicko, notable de Douentza avait fait lever le lièvre quand il a appris que ses vingt et une têtes de moutons avaient disparu, Malijet l’a dit en son temps. Il avait aussitôt déposé plainte contre X auprès du Commissaire titulaire de Sevaré.
Les consignes de vigilance de ce dernier avaient payé car, deux jours plus tard, ses hommes en poste à Thy avaient intercepté un mini car transportant treize têtes de petits ruminants, convoyées par Amadou Sidibé et Bassoulé Sangaré. Conduits au commissariat, le plaignant va identifier formellement ses animaux. Le vol de bétail avait coupé le sommeil aux éleveurs de la région. En leur nom, Amadou Hamadoun Sidibé, le président de l’association des éleveurs de la région avait déposé plainte contre le duo recherché de longue date pour de nombreux autres cas de vols de bétail. La plainte du président n’a pas empêché d’autres délégations venues de l’intérieur de la région, notamment de Missira, Sassolo, Sekebougou, Sabé, Worobaniye, Thy, Sampara, Kodiori, Douentza, etc pour porter plainte contre les deux voleurs. La nouvelle s’est répandue partout. La justice attendait juste que la tension baisse pour dire son mot.
L’on rapporte que les deux incorrigibles ont repris du service, rassurés que leurs receleurs qui restent anonymes veillent sur eux, avec la bénédiction d’une justice partisane.
Denis T Théra
Source: Autre presse