Plus de trois millions d’électeurs sont appelés aux urnes en Sierra Leone ce mercredi 7 mars pour les élections présidentielle, législatives et locales. Le chef de l’État Ernest Bai Koroma doit passer la main après deux mandats. La Sierra Leone figure parmi les dix pays les plus pauvres du monde. ■ Seize candidats, trois favoris C’est la quatrième élection depuis la fin de la guerre civile en 2002.
Seize candidats (dont deux femmes) sont en lice, mais en réalité, seuls trois hommes ont une réelle chance de pouvoir l’emporter : Samura Kamara, le ministre des Affaires étrangères qui portera les couleurs de l’APC, le parti au pouvoir ; Julius Maada Bio, investi par le principal parti d’opposition (SLPP). Tous deux font figure de favoris avec pour principal challenger le dissident du SLPP, Kandeh Yumkella. Samura Kamara, 66 ans, est un diplomate expérimenté, mais assez peu connu du grand public. Il a pour principal avantage et inconvénient d’être le candidat du parti au pouvoir. Avantage, car il a derrière lui le plus gros parti du pays, très populaire dans le Nord. Inconvénient, car désigné par le président sortant, Ernest Bai Koroma. L’économiste de formation, ex-gouverneur de la Banque centrale et ancien ministre des Finances, est perçu comme un potentiel homme de paille de l’ex-chef d’Etat. Julius Maada Bio, 53 ans, est plus populaire. Déjà candidat en 2012, il est l’ex-chef d’une junte militaire qui a dirigé le pays pendant quelques mois en 1996 avant de passer la main aux civils. Son nom reste donc associé au retour à la démocratie et au multipartisme. Il va tenter de tirer parti du mécontentement économique et social qui a marqué le second mandat du président sortant. La gestion des fonds destinés à la lutte contre Ebola notamment a été très critiquée. Mais un troisième homme pourrait créer la surprise. Kandeh Yumkella a claqué la porte du SLPP en septembre dernier pour créer son propre parti. Depuis, il est le principal challenger des deux candidats historiques. Assez populaire auprès des jeunes, il pourrait changer la donne. Ou en cas de second tour se transformer en faiseur de roi. Car s’il parvient à totaliser un peu plus de 10% des suffrages, il pourrait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. ■ Les enjeux du scrutin : redresser l’économie Principal défi pour le prochain président de la Sierra Leone : sortir le pays du marasme économique. Fer, diamants, bauxite : le sous-sol regorge de richesses, mises à profit ces dix dernières années pour renouveler les infrastructures routières et électriques. Freetown n’est désormais plus surnommée « the dark city », la ville sombre. Mais la volatilité des cours ainsi que le choc provoqué par l’épidémie d’Ebola – plus de 4000 morts – ont mis l’économie à terre. → (RE)LIRE : Sierra Leone: l’impact de l’épidémie d’Ebola sur la participation politique Le système de santé reste défaillant, le chômage et la précarité touchent les deux tiers de la population. La corruption est endémique. Et les Sierra Leonais sont de plus en plus nombreux à réclamer un changement. Celui-ci pourrait intervenir à la faveur d’un renouvellement des dirigeants car on assiste à une « reconfiguration » de l’échiquier politique avec l’émergence de figures dissidentes des partis traditionnels. Ce phénomène pourrait remettre en cause un bipartisme bien installé et très influencé par les facteurs ethniques ou géographiques, voir provoquer la surprise de ce scrutin. La Sierra Leone reste un des pays les plus pauvres de la planète, classé 179e sur 188 selon l’indicateur du développement humain (IDH, 2016) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Elle est également l’un des plus corrompus, classé 130e sur 180 pays par Transparency International en 2017 et affiche le pire taux de mortalité maternelle au monde (1360 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes selon l’ONU). ■ Les attentes de la population « La paix » : ce mot revient dans toutes les bouches lorsque l’on demande aux Sierra-Léonnais ce qu’ils attendent des élections. Les derniers scrutins se sont plutôt bien déroulés mais le souvenir de la guerre civile – 120 000 morts en 11 ans – reste tenace Education, emploi, lutte contre la corruption : les Sierra Léonais veulent du changement
RFI