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Élections en RDC: des cas de fraudes signalés dans plusieurs villes du pays

Depuis lundi matin, 31 décembre, impossible de se connecter ou de consulter les réseaux sociaux en RDC. L’accès à internet a été coupé par les autorités, officiellement pour éviter « un soulèvement populaire », au moment crucial de la centralisation des résultats des élections du 30 décembre. Dans certaines circonscriptions, le dépouillement est toujours en cours. Mais l’heure est surtout à la compilation des résultats. Alors que l’opposition et la société civile dénoncent des irrégularités dans plusieurs régions et villes du pays.

Les opérations de dépouillement sont désormais achevées à Mbandaka dans l’ouest, capitale de la province de l’Equateur, dans l’Est également à Bunia en Ituri. Ce mardi, à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga des bureaux de vote n’avaient en revanche toujours pas publié de résultats.

Difficultés des observateurs à Lubumbashi

La Commission justice et paix de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui a déployé 738 observateurs à Lubumbashi, regrette que des observateurs se soient vus interdire l’accès à certains bureaux de vote pendant les opérations de dépouillement. C’est ce qu’explique l’abbé Benoit Mukwanga Mwana Tambwe, secrétaire exécutif provincial de la Commission justice et paix, à Lubumbashi.

« Nous regrettons le fait qu’on ait expulsé nos observateurs et certains témoins dans certains bureaux de vote ici à Lubumbashi. C’est à la Commission nationale d’en tirer les conclusions selon les rapports que nous leur envoyons. Nos observateurs sont passés le matin ici. Ils n’ont pas eu accès à ces bureaux-là parce qu’il y avait des policiers qui n’ont pas permis qu’ils entrent pour vérifier ce qui se passe à l’intérieur. Certains bureaux affichent, d’autres n’affichent pas. Après on expulse les témoins et les observateurs. Que peut-on tirer comme conclusion ? On attend jusque-là. Nos observateurs qui sont passés pour demander les résultats n’ont pas eu ces résultats parce qu’on leur a dit : “non, on n’a pas encore affiché, attendez qu’on affiche et vous aurez les résultats”. Il y a des endroits où le dépouillement s’est fait sans observateurs. C’est un fait, oui ».

Suspicions de fraude à Bukavu et Walungu

Au Sud-Kivu, l’opposition crie à la fraude après la découverte de lots de bulletins du centre de vote d’Alfadjri de Bukavu, abandonnés à 17 km de la capitale provinciale du Sud-Kivu. Pour l’Union pour la nation congolaise (UNC), le parti de Vital Kamerhe, membre de la coalition Cap pour le changement (Cach) qui soutient Felix Tshisekedi à la présidentielle, c’est loin d’être un cas isolé. Des plis auraient été ramassés à Bukavu et dans le territoire de Walungu, selon Amato Bayubasirhe Mirindi, secrétaire interfédéral de l’UNC Sud-Kivu et candidat député.

 

« Il y a des plis qui ont été ramassés au collège d’Alfadjri, à Bukavu. Il y a des plis qui ont été ramassés à Kidodobo, à Walungu, jetés dans le caniveau. Donc nous dénonçons ces actes et nous espérons que la Céni comme structure n’est pas impliquée. Et nous espérons qu’elle va publier les véritables résultats ici des urnes. Mais nous apprenons aussi qu’à Goma, on est en train de changer aussi les résultats où les témoins ont dit : ce n’est pas ce qui était affiché hier, on vient d’afficher d’autres résultats aujourd’hui. Nous dénonçons l’ensemble de ces actions et nous demandons à la plénière de la Céni de publier de véritables résultats ».

Pour le secrétaire exécutif de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), cela ne concerne qu’un lot de bulletins. « Je suis inquiet parce que si un colis est tombé du camion, ce n’est pas le colis d’un parti politique, c’est le colis de la Commission électorale, explique Gaudens Maheshe. Si on l’a retrouvé, tant mieux et merci. Qu’on l’amène à la Commission électorale, il sera traité. Si on ne l’a pas retrouvé, mais les résultats sont connus. Les résultats sont bien gardés, on a toutes les fiches de pointage et même sur la machine à voter. Tout est là. Il n’est pas marqué sur le bulletin de vote que c’est seulement les bulletins d’un parti politique. Donc ils auraient mieux fait d’amener le colis, le monter à la Commission électorale. Ce site de vote était de 37 bureaux, mais un colis qui est retrouvé dans un seul bureau – il semble sans le bureau I – comment on peut incriminer tout un monde pour ça ? »

Dimanche, sur une suspicion de fraude, un technicien de la Céni avait été lynché par les électeurs à Lurhala dans le territoire de Walungu. Il était accusé d’induire les électeurs en erreur. La police a alors ouvert le feu. Trois électeurs ont été blessés. Selon des sources, deux à trois personnes sont mortes, dont le technicien et un policier.

 

Une ONG dénonce des irrégularités à Kisangani

 

A Kisangani, des irrégularités sont également signalées dans les centres de vote, particulièrement dans le centre Nsele qui semble avoir cumulé tous les problèmes observés ailleurs. Me Elly Kayembe, directeur exécutif de l’ONG Actions pour la Justice, le développement et les droits humains (AJDDH), basée à Kisangani.

 

« Il était prévu que la Céni fasse participer les observateurs à certaines étapes. Il y a des bureaux où les observateurs n’ont pas pris part, justement parce que les agents de la Céni n’ont pas permis ça, de un. Deuxième chose, c’est qu’il y a eu la transmission des données ou des résultats des machines à voter au niveau du serveur central à Kinshasa, par mail, avant même le dépouillement. Alors qu’il était prévu que cette transmission devait se faire justement après les dépouillements manuels. Ce qui n’a pas été fait. Dans certains bureaux, et notamment, je parle du bureau qui se trouve au niveau de l’avenue Kabondo. C’est le centre C, où il y avait 16 bureaux de vote. Ça, c’est déjà un problème. Troisième chose, c’est qu’il y a eu certaines contradictions de résultats de données électroniques par rapport aux résultats de comptage manuel. La machine à voter fonctionnait même après l’opération de dépouillement, ce qui veut dire qu’on ne sait pas ce que la Céni pouvait faire avec cette machine à voter après l’opération de dépouillement ».

L’appel du CLC

Le Comité laïc chrétien (CLC), ce groupe de laïcs chrétiens qui avait lancé des marches en janvier dernier, appelle le peuple à redoubler de vigilance face à la coupure d’internet, et aux entraves faites aux observateurs. « Il faut préserver la vérité des urnes », explique le professeur Isidore Ndaywel, l’une des figures du CLC.

« Les élections se sont passées dans une mobilisation forte de la population, qui a confirmé sa ferme volonté d’aller aux élections. Le désordre était une raison suffisante pour décourager tout le monde, mais cela a été fait.

Maintenant, la vigilance doit être de règle parce que le fait de couper le signal d’internet, est quelque chose qui ne rassure certainement pas. La coupure de ce signal rend difficile la transmission des données. Déjà à ce niveau, l’inquiétude ne fait qu’augmenter puisque déjà, des témoins et les observateurs indépendants de la société civile et ceux des partis politiques d’opposition avaient du mal à accéder aux salles où se passaient ces opérations. Notre population doit doubler de vigilance ».

RFI

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