Le score (51%) réclamé par l’équipe de campagne du candidat Soumaïla Cissé, à l’issue du scrutin présidentiel du 12 août dernier, serait le résultat d’une manipulation des chiffres par le patron de l’entreprise commise à la centralisation des résultats. La «manœuvre» a été déballée, vendredi dernier à la Maison de la presse, par quatre jeunes informaticiens : Daouda Niang, Mohamed Traoré, Daouda Niangadou et Aboubacar Sidiki Fofana.
Se réclamant tous membres de l’équipe qui a effectué le travail, ils ont affirmé avoir décidé de rompre le silence pour édifier l’opinion nationale et, partant mettre le pays à l’abri du danger qui couve. «Choix patriotique !», bourdonnaient, dans la salle, les soutiens du président Ibrahim Boubacar Keïta qui avaient effectué le déplacement à la Maison de la presse pour être témoins du «grand déballage».
«Nous avons fait le travail selon le désir de Soumaïla Cissé. Sachant bien la vérité sur les chiffres, nous avons décidé de prendre les choses en main pour ne pas être complices de ce qui se passe maintenant», a déclaré Daouda Niang. A sa suite, Aboubacar Sidiki Fofana a détaillé à la presse comment ils ont travaillé à «centraliser les résultats du vote». L’opération, a-t-il expliqué, se déroulait à deux niveaux: l’opération sur le terrain et le centre d’appel. «Concernant l’opération sur le terrain, des jeunes avaient été déployés à Bamako et Sikasso. Et une application installée sur des Smartphones leur permettait de renseigner la base des données, notamment par SMS. Pour le centre d’appel, un numéro court gratuit avait été mis à la disposition de tous les mandataires qui pouvaient à tout moment appeler pour communiquer les résultats. Ainsi, toutes les données étaient centralisées sur un serveur unique en local et une copie faite sur un serveur en ligne», a détaillé le conférencier.
A la fin des travaux, quelque peu perturbés par la délocalisation des bureaux de l’équipe de centralisation, «IBK venait largement en tête avec 62,13% des suffrages contre seulement 37,87 pour Soumaïla Cissé », a informé Aboubacar Sidiki Fofana. Il poursuit: « c’est là que notre chef, Boulkassoum Koné, nous a demandé de supprimer les Régions de Taoudénit, Ménaka et Kidal. Puisque IBK était toujours en tête, il nous a demandé aussi de supprimer les zones Office du Niger et CMDT. C’est en ce moment que Soumaïla Cissé est arrivé en tête avec 51,75%, contre 48,25% pour IBK». «Au total, nous avons supprimé 1.031.300 voix pour que Soumaïla Cissé se positionne en tête», a-t-il ajouté.
Pour les jeunes informaticiens, il s’agissait juste de «faire des simulations» pour voir les tendances. Mais à leur grande surprise, ces chiffres ont été présentés par le directoire de campagne de Soumaïla Cissé, comme les vrais résultats du second tour de la présidentielle. « Nous ne pouvions pas cautionner cela», a lancé Daouda Niang qui, au nom de ses camarades, a appelé tous les jeunes à la retenue et à accepter les résultats proclamés par la Cour constitutionnelle.
Issa DEMBÉLÉ
Source: Essor