Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, est candidat à sa succession lors du scrutin du 29 juillet 2018. Dénommé «Notre grand Mali avance», son projet de programme 2018-2023 est contenu dans un document d’une soixantaine de pages bâti autour de cinq axes que sont la gouvernance avec les réformes politiques et institutionnelles, la promotion d’une croissance économique inclusive , le développement du capital humain et l’inclusion sociale, l’environnement, changement climatique et développement durable, et enfin, la diplomatie, coopération et partenariat.
Ainsi, dans l’axe 1 du projet de programme du candidat IBK, il est prévu d’accorder une priorité à la pérennisation de la Loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM), la Loi de programmation sur la sécurité intérieure (LPSI) et à la mise en oeuvre effective de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. La prévention et la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes seront renforcées.
Cela sera naturellement accompagnera par,notamment, le renforcement qualitatif et quantitatif des forces de défense et de sécurité, l’optimisation des moyens opérationnels, l’édification d’une nouvelle armée traduisant la diversité du Mali. Sans oublier l’intensification des opérations au Centre et au Nord du Mali, la poursuite de l’acquisition du vecteur aérien, de l’armement, du matériel roulant tactique adapté et du matériel de protection etc. Le coût de ce sous axe1 est estimé à 1.800 milliards de frans cfa.
Dans le domaine politique, le processus de réformes institutionnelles entamé sera parachevé pour permettre la mise en place d’une Cour des Comptes conformément aux directives communautaires de l’UEMOA.
Dans le domaine de la gouvernance, ce projet entend, avec détermination, combattre la corruption et consolider l’Etat de droit, améliorer les conditions de travail du personnel de la justice, poursuivre l’opérationnalisation de l’érection des Cercles en Régions pour booster le développement régional et local.
Des efforts seront aussi déployés pour accélérer le transfert concomitant des compétences et des ressources pour soutenir leur développement et surtout dans le suivi rigoureux des mesures législatives, institutionnelles, opérationnelles et judiciaires pour prévenir, et au besoin, sévir contre les actes terroristes. Une innovation majeure de cet axe porte sur l’instauration de primes liées à la performance pour récompenser les fonctionnaires méritants.
Le deuxième axe du document annonce que les cinq prochaines années seront mises à profit pour poursuivre la construction d’une économie émergente, à travers des réformes en vue de la transformation structurelle de l’économie. S’agissant de l’économie et des finances, un accent sera mis sur l’amélioration significative des recettes à l’horizon 2023, sur la formation, sur la micro finance etc.
Parmi les futures actions concernant l’agriculture, il est prévu l’aménagement de 70.000 hectares en maîtrise d’eau et l’installation de 20.000 agriculteurs sur des superficies de 3 et 5 hectares. D’autres importantes initiatives sont programmées pour ce secteur stratégique. De prometteuses actions sont également annoncées concernant plusieurs autres secteurs de développement : élevage et pêche ; industrie, commerce, artisanat, tourisme, culture…
En outre, le projet de programme «Notre grand Mali avance» réserve une place privilégiée à la poursuite du désenclavement intérieur et extérieur. Il s’agit notamment de la réalisation, achèvement ou réhabilitation de plusieurs infrastructures routières. De même que l’accélération de la mise en œuvre de la Stratégie spécifique de développement des régions du Nord (SDDRN), évaluée à près de 2.194 milliards de frans cfa. La mobilisation des engagements des partenaires permettra de réaliser des infrastructures majeures au Nord et au centre du Mali.
La communication, les télécommunications et TIC, l’énergie, les mines et ressources naturelles, l’habitat et le foncier seront pris en compte dans le projet présidentiel. Ainsi, il est prévu la construction et la mise à disposition des populations très modestes de 20.000 logements sociaux et celles de 10.000 logements économiques pour des populations modestes.
Le 3ème axe du programme du porte-étendard de l’Alliance «Ensemble pour le Mali» table sur la réalisation de soixante nouveaux CSCOM dans les zones à faible densité de populations et bien d’autres actions. S’agissant de l’éducation, la création de pôles universitaires régionaux à Kayes, Sikasso, Mopti et Tombouctou. L’amélioration de la qualité des enseignements et des apprentissages ainsi que l’amélioration de la gouvernance du système éducatif seront priorisées. Par ailleurs, un grand programme de développement du secteur privé et de création d’emplois sera initié et mis en œuvre au profit des jeunes et des femmes pour la période 2019-2023.
Le 4ème axe prévoit nombre d’actions pertinentes concernant divers secteurs : eau, environnement et assainissement, avec en focus, le reboisement de 4.000 hectares.
Le cinquième et dernier axe du programme d’IBK consiste à bâtir un outil diplomatique performant qui défendra nos intérêts à l’extérieur, protègera les Maliens résidant à l’étranger et contribuera au développement économique du pays. L’intégration africaine, la migration et la diaspora sont aussi des sujets importants pris en compte dans le document.
Massa SIDIBÉ
BIOGRAPHIE
Le président de la République sortant Ibrahim Boubacar Keïta se présente à l’élection présidentielle pour la quatrième fois. Il avait été candidat pour la première fois en 2002 avant de remettre ça en 2007. En 2013, il est triomphalement élu à la tête de l’Etat avec 77,61% des voix au deuxième tour face au candidat de l’URD, Soumaïla Cissé, actuel chef de file de l’oppsition. IBK dirige donc le pays depuis 5 ans.
Né le 29 janvier 1945 à Koutiala, Ibrahim Boubacar Keïta obtint son BEPC en 1962, puis son baccalauréat, option «Philo Lettres Classiques», en 1965 au lycée Terrasson des Fougères (actuel lycée Askia Mohamed). Il s’inscrit ensuite successivement à la faculté des lettres de l’Université de Dakar, à la faculté des Lettres de Paris Sorbonne et à l’Institut d’histoire des relations internationales contemporaines (IHRIC). Ce cursus universitaire lui permet d’obtenir une propédeutique classique, une maîtrise d’histoire et de sciences politiques et un DEA en politique internationale et en relations internationales. Il sera successivement chargé des recherches au CNRS de Paris et chargé d’enseignement sur les systèmes politiques du Tiers-monde à Paris Tolbiac. Il revient au Mali comme conseiller technique principal du Fonds européen de développement avant de prendre la direction de l’antenne de l’Ong « Terre des hommes France » qui couvrait le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Ibrahim Boubacar Kéita milite activement dans le mouvement démocratique jusqu’à la chute de Moussa Traoré et devient après l’élection de Alpha Oumar Konaré à la présidence de la République en 1992, à la fois son conseiller et son porte-parole. Il sera nommé ensuite ambassadeur pour la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Niger et le Burkina avec résidence à Abidjan. Il y restera jusqu’en novembre 1993, avant d’être rappelé pour occuper le poste de ministre des Affaires étrangères. Le 4 février 1994, il est nommé Premier ministre. Il restera le chef du gouvernement jusqu’en février 2000. Pendant cette même période, il est président du parti ADEMA. Confronté à une fronde au sein de l’ADEMA, il démissionne avec fracas en octobre 2000. Le 30 juin 2001, il crée le Rassemblement pour le Mali (RPM) dont il est, depuis, le président. Candidat à l’élection présidentielle de 2002, il est éliminé au premier tour, devancé par l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré et Soumaïla Cissé qui défendait alors les couleurs de l’ADEMA.
IBK digère la défaite et se présente à la députation la même année en Commune IV du district de Bamako. Il passe triomphalement dès le premier tour pour, ensuite, être élu président de l’Assemblée nationale. Toujours en 2002, il est désigné député de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). La même année, il prend la présidence de l’Union des parlementaires africains.
En 2007, le président du RPM est à nouveau candidat à la présidence de la République, mais doit reconnaître la victoire de ATT dès le premier tour. L’élection législative lui réussit mieux puisqu’il est réélu député en août 2007 en Commune IV.
Source: Essor