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Election présidentielle du 29 juillet : Un scrutin partiel pour un nouveau bail à Koulouba ?

Apparemment, le gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga veut, à tout prix, organiser l’élection présidentielle le 29 juillet prochain, pour peu que le président sortant rempile. Le risque de contestations est alors à son paroxysme.

 Malgré les assurances répétées du Premier ministre, l’accès à la totalité du territoire malien n’est pas effectif et ne le sera pas dans quatre ou cinq petits mois. Cela suppose qu’il y a une impossibilité matérielle de mener la campagne électorale sur toute l’étendue du territoire. Du moins pour les candidats concurrents du président sortant, dont la candidature ne fait plus l’ombre d’un doute.

Le candidat IBK, disposant des moyens colossaux et des forces de défense peut se déplacer avec d’impressionnants dispositifs sécuritaires pour tenir des meetings dans presque toutes les zones du pays. IBK ira à Gao, Kidal, Tombouctou et ailleurs sans crainte comptant sur l’armée. Ce ne sera pas sûrement le cas des autres candidats. Ce qui déjà pourra être un motif de contestation des élections.

C’est dans ce sens que le pouvoir sortant minimise la dégradation des conditions sécuritaires dans le Mali profond. Et à une récente question d’un journaliste de Le Monde sur cette préoccupation, IBK s’est montré rassurant. «Vous prétendez que la situation sécuritaire s’est considérablement améliorée. Pourquoi les attaques sont-elles de plus en plus fréquentes dans le centre du pays, où de nouveaux groupes sont apparus ? ». Et le président de la République de répondre : « Non, il n’y a pas de groupes armés à proprement parler. Ce ne sont que des phénomènes sporadiques, avec des engins explosifs improvisés au passage de troupes de l’armée ou de la mission des Nations unies. C’est, selon moi, une excroissance de ce qui se passe dans le Grand Nord. La présence de l’armée malienne a été renforcée. Le 18 février, un chef local d’une unité combattante dudit Front de libération du Macina a été arrêté, il se trouve entre les mains de nos services. L’armée marque des points ». Comme pour dire qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter alors que la plupart des observateurs sont sur le qui-vive.

Et le pouvoir donne l’impression de fermer la porte au dialogue contre les chefs terroristes. Ce qui aura le mérite de maintenir la situation de ni paix ni guerre défavorable à la tenue d’une élection aussi importante que la présidentielle. Serait-ce une stratégie de démobilisation de potentiels adversaires de la course pour Koulouba ?

A la question du Journal Le Monde : « A défaut de pouvoir l’emporter sur le plan militaire, avez-vous tenté de négocier avec des mouvements djihadistes ? », IBK sera catégorique en posant une autre question. « Pouvons-nous négocier avec Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] ? Avec Al-Qaida au Maghreb islamique ? Ma réponse est un non ferme. Par contre, certains sont venus à nous. Un petit groupe du Front de libération du Macina s’est récemment rendu, avec armes et bagages. Ceux qui n’ont pas de sang sur les mains pourraient avoir la vie sauve ».

Ce dernier propos intrigue quant à la distinction entre les terroristes qui ont du sang sur les mains et ceux qui n’en auraient pas… A moins de savoir distinguer entre l’eau froide et l’eau chaude mélangée ! Et IBK de s’opposer à toute dialogue avec Iyad Ag Ghaly, alors que ce chef terroriste a ses éléments qui contrôle plusieurs localités du pays.

A la question « quid d’un dialogue direct avec le chef touareg malien Iyad Ag-Ghali ? », le chef de l’Etat se montre péremptoire :« Pas question ! Le président du Haut Conseil islamique, l’imam Mahmoud Dicko, avait reçu mandat de l’ancien premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga [avril-décembre 2017] de conduire une mission de bons offices dans le centre et le nord du pays. Je l’assume en tant que chef de l’Etat, mais j’étais bien loin de l’approuver. Nous avons mis fin à cette mission. ». Ce climat sera donc celui favorise la réélection d’IBK. Car si l’électorat de Bamako et de certaines capitales régionales peut lui être hostile, la majorité des Maliens du pays profond optera pour un second mandat au locataire de Koulouba.

Dans ces conditions, certains n’hésitent pas à voir dans la détermination du gouvernement à tenir la présidentielle dans le contexte délétère et à rejeter catégoriquement toute hypothèse de transition, le désir de voir IBK rempiler à partir d’un scrutin…partiel. Ce sera certainement un président mal élu, qui pourra avoir des difficultés certaines à gouverner un pays en crise. Lequel pourrait plutôt s’enfoncer dans le… désordre.

 

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