C’est au terme du 2ème round que le Général Boubacar Diarra dit M’Baba a été élu, les 7 et 8 octobre derniers, comme nouveau président de la Fédération malienne de football (Femafoot). C’était à l’issue des assises de la 42ème Assemblée générale élective de l’instance dirigeante de notre sport-roi, tenues dans la Venise malienne, Mopti. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette brillante élection du Général Diarra mérite une attention particulière, car étant porteuse de plusieurs enseignements.
Nous sommes les 7 et 8 octobre 2013 à Mopti. Dans les milieux sportifs maliens, la tension monte d’un cran. Et pour cause, il faut choisir un nouveau président de la Femafoot, le sortant Hammadoun Kolado Cissé alias Kola étant lui-même candidat à sa propre succession en plus du Général Boubacar Diarra (M’Baba) et de Boukary Sidibé dit Kolon. Mais auparavant, les trois candidats en lice avaient peaufiné leurs stratégies électorales depuis Bamako, en essayant d’amadouer les 55 délégués qui doivent prendre part au vote.
Une élection apaisée et transparente…
Contrairement à l’élection trouble de 2009 à Tombouctou qui a porté à la tête de la Femafoot Hammadoun Kolado Cissé, celle de cette année qui a eu pour cadre Mopti, s’est déroulée dans le calme et la sérénité, même si on lisait, avant le vote proprement dit, de l’inquiétude et de l’angoisse sur les visages des trois postulants. Mais, disons-le, ce vote était serré, à tel point qu’entre temps, on se croyait dans une famille endeuillée, certains supporters des différents candidats ayant leurs mentons dans leurs mains, attendant impatiemment le verdict final.
Ainsi, au premier tour, Kola arrive en tête, suivi de M’Baba et de Kolon. Il fallait donc un second tour pour départager les deux premiers. Commencèrent alors les tractations, Kola cherchant visiblement à convaincre une bonne partie de l’électorat de Kolon à voter pour lui. Peine perdue, car depuis Bamako, les deux jeunes (M’Baba et Kolon) avaient bien ficelé une stratégie d’alliance en cas de 2ème tour. C’est ce qui fera que Kola mordra lamentablement la poussière, au grand désespoir de ses nombreux fans qui ne savaient à quel saint se vouer. Le Général Diarra est donc élu nouveau président de la Fédération malienne de football (Femafoot) avec 29 voix contre 25 pour Kolado Cissé et une abstention. Il aura alors les destinées de notre football pour les quatre ans à venir.
Echec de Kola, la rançon d’une mauvaise gestion et de la canaillerie…
L’homme qui se croyait indéboulonnable, a fini par comprendre qu’il n’est rien d’autre qu’un «géant aux pieds d’argile». En témoigne son geste non fair-play après l’élection du Général Diarra. L’homme n’a pas daigné attendre la fin des travaux pour féliciter son adversaire vainqueur. Il a tout simplement choisi de filer à l’Anglaise. Ce qui constitue même un manque de respect pour le représentant de la Caf/Fifa, Anjorin Moucharaf, qui supervisait cette élection. Et cela se comprend aisément, surtout quand on sait que Hammadoun Kolado Cissé avait mis en œuvre un plan «machiavélique» pour empêcher la candidature du Général Diarra, sachant bien qu’il était son plus sérieux concurrent.
En effet, il avait tout fait pour que la liste de M’Baba soit invalidée par la Commission centrale de recours de la Femafoot pour la fallacieuse raison que sa demande de recours était mal fondée. Mais, gardant tout son sang-froid, le Général Boubacar Diarra est resté confiant, après avoir porté plainte à la Fifa et au Tribunal arbitral sportif (Tas). C’est ainsi que la Caf et la Fifa ont demandé aux acteurs du football malien de trouver un compromis. Or, c’est la liste du président sortant, Kola, qui devait normalement être invalidée du fait que sur cette liste, figure un agent de joueurs Fifa. Ce qui n’est pas du tout autorisé par les textes. Au finish, un compromis a été trouvé et c’est ainsi que les trois candidats se sont retrouvés aux assises de Mopti.
Kola terrassé dans son fief natal
Le président sortant croyait dur comme fer que son fief natal allait lui porter chance. Même si on raconte qu’il avait consulté tous les grands marabouts et autres donneurs d’amulettes pour être réélu, cela n’a pas fonctionné, car «l’homme n’a pas un bon cœur». Depuis son arrivée à la tête de la Femafoot, nous confie un membre fédéral, il n’a fait que diviser pour régner : diviser les membres du Comité exécutif, les présidents des ligues et clubs, la presse, les supporters, les sponsors… Et de poursuivre : «Le voici à présent lâché comme un petit vagabond du marché de Dabanani, alors qu’on susurre qu’il a utilisé des millions pour l’achat des consciences des délégués qui l’ont, eux aussi, lâché à la dernière minute. De ce fait, il n’a désormais ses yeux que pour pleurer et …».
Mort sportive de Kola ?
L’ex-homme fort de la Femafoot n’avait jamais compris cette assertion qui stipule que «le pouvoir n’est pas éternel». Mal lui en a pris de constater, mais trop tard, qu’il faut savoir passer la main au moment opportun et sortir par la grande porte. Le voilà maintenant sorti non même pas par la petite porte, mais par une petite fenêtre. Du coup, on se demande quel sera son avenir sportif au Mali. Pire, sur le plan sous-régional et continental, il n’est pas du tout aimé à cause de ses affaires louches, nous apprend-on. On se souvient encore que pour la réélection d’Issa Hayatou comme président de la Caf, Kola avait monté toute une cabale, ramant toujours à contre-courant du président du Comité national olympique et sportif du Mali, Habib Sissoko. Autant dire qu’il va désormais payer «les pots cassés» de sa mauvaise conduite tant sur l’échiquier national qu’international.
Un audit pour déceler «les casseroles» de Kola…
A Mopti, l’Assemblée a été formelle : il faut un audit de la gestion financière durant le mandat de Kola. C’est d’ailleurs pour cette raison que le bilan financier n’a pas été présenté à l’assistance, celle-ci préférant la mise en place d’un Cabinet de conseil pour auditer la gestion financière de la manne de la Femafoot. Si cet audit est fait, aucun doute que les enquêteurs trouveront des trous financiers béants. On se rappelle en effet que le président sortant Kola avait été trimballé au Pôle économique pour malversations financières, avant d’être libéré, dit-on, sous caution. En tout cas, ce n’est qu’un secret de Polichinelle : l’homme traîne derrière lui de lourdes «casseroles» après son passage dans les différentes Directions administratives et financières (Daf) où il en était le N°1.
Le retour de la manivelle…
«Dieu ne dort pas et n’aime pas l’injustice», nous confiait à Mopti un quinquagénaire, faisant ainsi allusion à la descente aux enfers de Kola. Car, à Tombouctou en 2009, M’Baba Diarra était en passe de gagner à travers une alliance avec Moussa Konaté, président du COB. Mais, sa victoire lui fut «volée» par Hammadoun Kolado Cissé qui était dans les bonnes grâces du président de la République déchu, Amadou Toumani Touré (ATT). En son temps, nous étions sur les lieux des assises (Tombouctou) et nous avions eu à dénoncer avec véhémence l’intrusion de la politique dans le sport, notamment dans le football. Nous titrions ainsi l’un de nos articles : «Election de Kola à la présidence de la Femafoot : Une imposition de Koulouba». Et cela avait failli nous coûter cher. Mais aujourd’hui, l’histoire nous donne raison : son mentor ayant chuté un certain 22 mars 2012, Kola ne pouvait que tomber lourdement comme un fruit mûr un certain 8 octobre 2013. A lui donc de se regarder dans le rétroviseur pour voir ce qui a pu lui arriver de la sorte !
Une mention spéciale à Kolon, à Sahala Baby et autres…
Très ému, le nouveau président de la Femafoot, le Général Boubacar Diarra alias M’Baba, a remercié tous ceux qui, de près ou de loin, l’ont soutenu dans cette longue aventure qui a porté aujourd’hui ses fruits. Il a fait une mention spéciale à tous les doyens et bonnes volontés, notamment aux jeunes Boukary Sidibé dit Kolon et à Sahala Baby pour leur dévouement à ses côtés. Il n’a pas oublié de tendre la main à tous ceux qui veulent travailler au renouveau et à la reconstruction de notre football. Non sans remercier le bureau sortant pour le travail abattu durant les quatre ans écoulés. Pour terminer, le Général Diarra a remercié la Caf et la Fifa, notamment leur superviseur de cette élection, Anjorin Moucharaf, qui a abattu un travail de titan.
Bruno LOMA
Envoyé spécial à Mopti
Le flambeau