Rarement une élection présidentielle aux Etats unis a suscité autant d’intérêt chez les africains en général et en particulier, les Maliens que ce récent scrutin ayant opposé le président sortant Donald Trump à Joe Biden. Une seule raison peut s’expliquer cet état de fait : la volonté ferme des africains d’en finir avec les bizarreries de Trump. Lequel n’a pas manqué de traiter le continent africain de « pays de merde ». Sans compter le fait que durant son mandat, il ne s’est jamais rendu dans un pays africain. S’y ajoutent ses mesures draconiennes contre l’immigration, ainsi que les restrictions de voyages imposées aux citoyens de certains pays africains, tels les nigérians, soudanais et somaliens. Que peut-on donc espérer du nouvel élu, le démocrate Joe Biden ?
Aussi curieux que cela puisse paraitre, à Bamako, dans toutes les causeries, profanes, analphabètes, lettrés, universitaires que simples citoyens ne parlaient que de l’élection présidentielle américaine. Même scénario sur les réseaux sociaux. Sur ce chapitre, les caricatures, montages photo et diffusions de vidéos les plus répandus avaient au centre une seule tête. Celle de Donald Trump. Avec le montage de la statue de la liberté, on pouvait voir l’ex président américain comme une pierre dans un lance-pierre tenu par la ‘’Dame liberté’’ prête à lancer la pierre. Sur cette image il est écrit en gros : « oust Trump… ». D’autres internautes par des propos ironiques mettaient aussi l’image de Donald Trump en vedette avec au milieu, l’écriteau : « Boua Ta Bla », ou : « seule Manassa peut encore permettre à Trump d’être élu président ». La manifestation de joie était générale samedi lorsqu’à travers les médias étrangers, on a finalement annoncé que quatre jours après le vote, Joe Biden a été officiellement élu président des États-Unis, grâce à un succès dans l’État clé de Pennsylvanie.
« La page Trump est tournée, déchirée et brûlée » disaient certains, pendant que d’autres soutenaient que cette fois-ci « les américains ne se sont pas Trumpés ». Ces déclarations étaient accompagnées d’un réel capital de sympathie envers Joe Biden.
Qu’est ce qui expliquait donc ce brusque attachement des africains à la candidature de Joe Biden ?
Cette question trouve sa réponse, d’abord devant l’état de fait que Donald Trump a été le président américain le plus détesté de l’histoire par le continent noir et par ricochet, à travers le monde.
Ensuite, au regard du fait que le candidat démocrate pour avoir été vice-président de Barack Obama pourra, à coup sûr, réinstaurer, sinon impulser davantage les politiques sociales et d’immigrations salutaires de ce dernier. A ce niveau, force est de reconnaître que le Mali, à l’instar de nombreux pays africains, compte un grand nombre de ses ressortissants vivant aux states. Des véritables bras valides, qui contribuent à plus d’un titre au développement local de leurs communautés sur place.
Enfin, dans l’équipe de Joe Biden, il y’a une certaine Kamala Harris, qui sera pour la première fois dans l’histoire des Etats-unis, la première femme noire vice-présidente. Toujours au sein de la même équipe, la présence de certaines figures emblématiques de la diplomatie américaine suscite de l’espoir chez les africains. Il s’agit entre autres de Nicolas Burns ou Susan Rice, l’ancienne chargée d’Affaires africaines sous Bill Clinton. D’ailleurs on annonce du côté de l’équipe du nouveau patron de la maison blanche, la tenue régulière des sommets avec des chefs d’États africains. Toute évidence qui explique cette réaction prompte de Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine : « L’Union Africaine attend avec impatience une nouvelle relation plus forte avec les Etats-Unis, basée sur le respect et la coopération internationale ».
A noter que Joe Biden avec ses 77 ans est le président le plus âgé de l’histoire des USA. Il prendra fonction, en principe le 20 janvier 2021 pour devenir le 46ème président des Etats unis. Celui qui effacera dans l’esprit des africains le passage sombre de Trump.
Maïmouna Sidibé
Source: Le Sursaut