Le système est plombé par une multitude de difficultés au nombre desquelles le peu de synergie d’interaction entre le monde professionnel et les milieux scolaire et universitaire, le manque d’opportunités de reconversion et de formation continue, l’inadéquation entre la formation et l’emploi
La session technique de la revue sectorielle conjointe des secteurs de l’éducation et de la formation professionnelle s’était tenue du 18 au 21 avril derniers. Quatre thèmes furent traités au cours de cette session technique : les obstacles à l’employabilité des produits du secteur de l’éducation et de la formation professionnelle ; la gestion de l’école dans les zones post-conflits ; la valorisation des résultats de la recherche ; la gestion des actes administratifs régissant le personnel enseignant fonctionnaire des collectivités territoriales.
La synthèse de ces thèmes a été présentée vendredi au cours d’une session de dialogue politique de la revue sectorielle conjointe entre les autorités scolaires et universitaires, celles de l’emploi et les partenaires techniques et financiers (PTF).
Quatre ministres ont coprésidé la séance de présentation : Kénékouo dit Barthélemy Togo (Éducation nationale), Me Mountaga Tall (Enseignement supérieur), Mme Assétou Founè Samaké Migan (Recherche scientifique), Mahamane Baby (Emploi, Formation professionnelle, Jeunesse et Construction citoyenne). C’était en présence du chef de file des partenaires techniques et financiers, Mme Béatrice Meyer.
En présentant les résultats de la session technique consacrée aux 4 thèmes, le directeur de la cellule de planification et des statistiques du secteur de l’éducation (CPS), Ismaëla Berthé a cité une liste longue d’insuffisances au nombre desquelles le peu de synergie d’interaction entre le monde professionnel et les milieux scolaire et universitaire, le manque d’opportunités de reconversion et de formation continue, le faible niveau de formation des produits du système.
Il a aussi évoqué l’inadéquation entre les formations et les emplois disponibles sur le marché du travail, le faible niveau des enseignants et formateurs, la mauvaise gouvernance du marché de l’emploi, la défection des enseignants, des administrateurs et autres agents des services techniques de l’Etat, les déplacements de population à l’intérieur et à l’extérieur du pays, le retard accusé dans la mise en oeuvre de l’Accord pour la paix et de la réconciliation et la rupture d’approvisionnement des cantines scolaires en vivres.
La longue liste de lacunes mentionne aussi l’absence d’une politique nationale de recherche scientifique, l’insuffisance qualitative et quantitative des ressources humaines, des financements, la faiblesse de la collaboration entre chercheurs, la faible utilisation des résultats de la recherche, le peu d’engouement pour les sciences.
Ismaëla Berthé a enfin souligné l’application peu rigoureuse des textes administratifs, la non prise en compte du calendrier budgétaire dans l’élaboration des actes administratifs, la perte de mémoire due à l’instabilité aux postes des élus et du personnel des services déconcentrés.
Toutes ces contraintes entrainent des dysfonctionnements dans la gestion de l’école. Les techniciens recommandent donc le renforcement des mesures incitatives permettant l’émergence d’entrepreneurs de type nouveau, le maintien du personnel administratif par des mesures incitatives, la sécurisation de l’espace scolaire et la formation à la culture de la paix, l’harmonisation et la généralisation des stratégies en cours en faveur des enfants déscolarisés et non scolarisés, l’adoption d’une politique nationale de recherche scientifique, la création d’un environnement favorable à la formation et aux apprentissages à tous les niveaux.
Après cette présentation, les quatre ministres ont, tour à tour, livré leurs commentaires. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Me Mountaga Tall, a confirmé que cet ordre d’enseignement était confronté à d’énormes difficultés au premier rang desquelles le flux d’étudiants dans les facultés, leur gestion, leur employabilité et le problème de formation des enseignants. Il a annoncé que les universités de Tombouctou, Gao et Sikasso sont en voie de création pour surmonter ces difficultés.
« Il faut encourager le secteur privé pour l’élaboration des curricula, faciliter les stages et l’emploi des sortants. Ces sortants doivent aussi accepter la reconversion. Il faut, pour cela, des programmes d’orientation pour former les formateurs afin de répondre à ces besoins », préconise son collègue de l’Emploi, de la Formation, professionnelle, de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, Mahamane Baby.
Pour le ministre de la Recherche scientifique, Mme Assétou Founè Samaké Migan, la valorisation de la recherche et des nouvelles connaissances, l’encouragement des élèves à aller vers les sciences et la congruence entre les contenus de formation et de la recherche sont des priorités.
Le ministre de l’Éducation nationale, Kénékouo dit Barthélemy Togo, a souligné que beaucoup d’écoles sont fermées dans les régions de Ségou, Mopti (dans les cercles de Douentza, Tenenkou et Youwarou), Tombouctou et Gao. Quant à la région de Kidal, elle est privée d’école depuis 4 ans. Seuls 17 medersas ont ouvert leur porte dans cette capitale régionale suite à une mission dirigée par le secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale en février dernier. L’insécurité est la principale raison de la fermeture des classes dans les différentes localités . Le ministre de l’Éducation nationale a par ailleurs annoncé que des cours de rattrapage sont actuellement organisés à Sévaré, Djenné et Ténenkou (région de Mopti) pour permettre aux candidats du DEF et du Bac de pouvoir participer aux examens de fin d’année.
« Si l’éducation est un droit, l’emploi est une question de sécurité nationale et internationale. Et les sans-emplois constituent une bombe à retardement qu’il faut désamorcer à tout prix », assure Kénékouo dit Barthélemy Togo.
Déplorant le manque de suivi des recommandations des revues sectorielles, le chef de file des partenaires techniques et financiers a souhaité un mécanisme de suivi de ces recommandations. Mme Béatrice Meyer a proposé l’implication du secteur privé dans le cursus scolaire et professionnel. La concrétisation d’une vision de formation, d’une politique de formation massive des jeunes, la gestion de l’école dans les zones post-conflits et la protection de l’espace scolaire sont des préoccupations qui tiennent à cœur aux PTF qui ont promis leur soutien à la réouverture des classes dans les zones d’insécurité et « une réponse souple » aux autres difficultés soulevées.
S. Y. WAGUE
Source : L’ Essor