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Education en Afrique: le bilan reste médiocre

En Afrique, environ 9 millions de filles et 6 millions de garçons de 6 à 11 ans ne sont pas scolarisés. Ces chiffres révèlent les abandons et le rétrécissement rapide de l’accès à l’éducation en Afrique, où un nombre croissant d’enfants quitte l’école en cours de route. Le rapport d’étape 2022 sur la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) indique que l’Afrique n’a atteint que 44 % de ses objectifs dans le domaine de l’éducation. C’est ce que révèle une étude du programme Afriques futures et Innovation de l’Institut d’études de sécurité (ISS) publiée en juin dernier.

L’Afrique, en particulier l’Afrique subsaharienne, lutte toujours pour améliorer les résultats scolaires. L’Union africaine a consacré 2024 à l’amélioration de l’éducation, une tâche qui exige une nouvelle réflexion et l’adoption rapide des technologies. L’amélioration de l’éducation en Afrique pourrait réduire le nombre de pauvres d’environ 47 millions d’ici 2043 et augmenter le PIB de 368,4 milliards de dollars US (soit de 4,3 %) avec une hausse d’environ 240 dollars US du PIB par habitant, selon une étude du programme Afriques futures et Innovation de l’Institut d’études de sécurité.

D’autres recherches montrent que chaque année supplémentaire de scolarisation est associée à une augmentation de près de 0,6 % du taux de croissance du PIB à long terme.

Plus de 20 % des enfants âgés de 6 à 11 ans non scolarisés

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), plus de 20 % des enfants âgés de 6 à 11 ans et plus de 33 % de ceux âgés de 12 à 14 ans ne sont pas scolarisés en Afrique subsaharienne. Pour la tranche d’âge des 15 à 17 ans, ce taux atteint 60 %.

L’Afrique n’a atteint que 44 % des objectifs éducatifs de l’Agenda 2063

Ces chiffres révèlent les abandons et le rétrécissement rapide de l’accès à l’éducation en Afrique, où un nombre croissant d’enfants quitte l’école en cours de route. Bien que le taux brut de scolarisation primaire en Afrique subsaharienne fût de 101,7 % en 2019, les chiffres chutent pour les degrés inférieurs et supérieurs de l’enseignement, atteignant respectivement 58,4 % et 36,6%. L’enseignement supérieur affiche les plus faibles niveaux, avec un taux brut de scolarisation en-dessous de 10 %.

L’accès à l’éducation est inégal, en particulier pour les femmes. L’UNESCO estime qu’en Afrique, neuf millions de filles âgées de 6 à 11 ans ne sont pas scolarisées, contre six millions de garçons de la même tranche d’âge.

La qualité de l’éducation en Afrique est médiocre.

L’état de la pauvreté des apprentissages dans le monde en 2022 indique que près de 90 % des enfants africains âgés de 10 ans ne comprennent pas ce qu’ils lisent.

Un rapport de la Banque mondiale de 2018 identifie quatre causes immédiates de cette situation en Afrique subsaharienne.

Premièrement, de nombreux enfants sont mal préparés à l’apprentissage en raison de maladies, de malnutrition ou d’un défaut de revenus.

Deuxièmement, les enseignants ont souvent des compétences insuffisantes ou manquent de motivation.

Troisièmement, le matériel d’enseignement n’est pas disponible ou peu adéquat. Enfin, la médiocrité de la gestion et de la gouvernance de l’enseignement nuit à sa qualité.

Décalage

considérable

D’autre part, il y a un décalage considérable entre l’offre d’éducation et les besoins des employeurs et du marché du travail. Un rapport de la Banque africaine de développement a révélé que la plupart des diplômés ne possédaient pas les compétences requises pour les emplois disponibles. De plus, les jeunes ne disposent souvent pas des compétences comportementales, des réseaux et de l’expérience professionnelle nécessaires pour rivaliser avec des candidats plus âgés.

Le Centre africain pour la transformation économique souligne le manque d’importance accordé à la science, à la technologie, à l’ingénierie, aux mathématiques, à l’enseignement technique et professionnel, ainsi qu’aux compétences cognitives et analytiques de haut niveau.

En effet, en 2019, seuls 8,5 % des élèves de l’enseignement secondaire étaient inscrits dans des programmes professionnels en Afrique subsaharienne et seuls 14,2 % des diplômés de l’enseignement supérieur avaient une formation en sciences et ingénierie, essentielles aux futurs métiers.

Ces défis requièrent une action urgente. L’UA a consacré l’année 2024 à l’éducation, avec pour objectif de « former une Afrique adaptée au 21e siècle » en améliorant l’accès à un enseignement inclusif, de qualité et pertinent tout au long de la vie.

Cet objectif est réalisable, mais nécessitera des efforts concertés, de nouveaux modes de pensée, une adoption rapide des technologies et une gouvernance engagée.

L’Afrique doit améliorer tous les niveaux d’enseignement pour retenir les apprenants et augmenter le taux de progression afin d’élargir le bassin d’éducation à chaque étape. Cet objectif peut être atteint en mettant en œuvre des politiques telles que la gratuité de l’enseignement secondaire et des programmes ciblés afin d’augmenter les taux de scolarisation et de maintien scolaire.

L’alternative de formation professionnelle et technique

Selon l’étude, est essentiel d’offrir une éducation de qualité et une formation professionnelle et technique plutôt qu’un enseignement académique, comme c’est le cas dans de nombreux pays africains.

«Il ne suffit pas de favoriser la scolarisation des enfants si l’enseignement ne leur permet pas d’acquérir les bases de la lecture, de l’écriture et de l’arithmétique, ainsi que les compétences nécessaires à la quatrième révolution industrielle», relève le document.

Pour changer la donne, les pays africains, selon l’ISS, devraient consacrer davantage d’heures à l’apprentissage des bases du calcul et de la lecture aux niveaux préscolaire et primaire pour améliorer l’acquisition de la lecture et des mathématiques.

«L’utilisation de nouvelles technologies et de méthodes d’enseignement est cruciale pour relever les défis futurs, notamment après la pandémie de COVID-19. Les partenariats avec les entreprises de télécommunications et les fournisseurs d’accès à Internet peuvent réduire le coût du haut débit et des données mobiles, qui entrave l’apprentissage virtuel», préconise l’étude.

Aussi, une plus grande implication des parents, une meilleure formation des enseignants et la conception de méthodes d’enseignement et d’apprentissage adaptées aux conditions locales sont essentielles à la création de systèmes éducatifs fonctionnels en Afrique.

De plus, des technologies comme la 5G, l’intelligence artificielle et la réalité augmentée pourraient améliorer l’enseignement. Une planification minutieuse, l’innovation, l’investissement et le leadership sont nécessaires pour rattraper le retard du continent dans le domaine de l’éducation.

Par Abdoulaye OUATTARA

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