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Éditorial : trois ans déjà, quand le feu fait rage…

Vendredi passé, 24 mai 2024, colonel Assimi Goïta a célébré de la meilleure façon le troisième anniversaire de la rectification de la trajectoire de la Transition. C’est ce jour, en effet, que son ingénieux agenda l’a amené à poser à Sanankoroba (à 30 kilomètres de Bamako, la capitale) la première pierre d’un dispositif énergétique bien adapté aux conditions climatiques du Mali, la plus grande centrale de la sous-région en la matière (200 mégawatts), qui sera donc bénéfique. Les avisés des questions énergétiques, si prégnantes par ces temps, nous rassurent que cette précieuse infrastructure, qui sera bientôt suivie par une autre à Safo, donnera toujours les fruits escomptés tant que le soleil sera présent au firmament, présence en permanence qui est d’ailleurs la particularité de l’astre au Sahel, ou que chaque fois qu’une lumière, fortuite ou ménagée, en vienne à la toucher. Retournée dans toutes ses couches, Sanankoroba brille donc déjà comme la promesse du recouvrement de la souveraineté énergétique du Mali, comme ce fut le cas l’année dernière avec la libération de Kidal (14 novembre 2023) et de toutes les localités du Nord. Vu seulement sous ces deux angles, en attendant d’autres actes patriotiques, le deuxième coup d’Etat, qui a rendu furieux et maboul Emmanuel Macron, Président de l’innommable pays, a été bien salutaire pour le Mali.
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Le Ciel fait toujours bien d’envoyer souvent des hommes, sinon exceptionnels, du moins providentiels, pour faire renaître les grandes nations volées, pillées, martyrisées et jetées sous des tas de décombres. A ce titre, colonel Assimi Goïta est un destin qui relève des secrets de Dieu. Le général Yamoussa Camara, ancien ministre de la Défense, décrit ce fils de militaire, troisième d’une fratrie de neuf enfants, qu’il a eu en charge au Prytanée militaire de Kati, comme « réservé, plutôt timide mais ambitieux, courageux et exigeant avec lui-même ». Le destin- oui le destin- fera le reste. Après avoir avalé beaucoup de couleuvres, selon toujours le général Camara, le jeune Assimi finit par intégrer les Forces spéciales, l’unité d’élite, son rêve.
« Le sort lui confia la responsabilité d’en guider les premiers pas ». Et c’est encore le destin qui voulut qu’à la tête de cette unité, il mena le 20 novembre 2015, à 32 ans, l’opération de libération du Radisson Blue, hôtel de luxe à Bamako, pris en otage par des terroristes qui n’ont point de respect pour la vie humaine. Cette affaire n’était pas banale. En se rendant au siège de la représentation malienne à l’ONU, à New York, pour présenter sa compassion et sa solidarité, Ban Ki-Moon, le secrétaire général de cette institution, en a assuré le retentissement international. L’on comprend donc que trois ans après, le jeune officier Goïta, à 35 ans, soit désigné chef d’un commando chargé de détruire la base des terroristes dans le village de Toguéré Coumbé encerclé et sous embargo depuis six mois par les forces du mal, qui s’y comportaient comme à perpétuelle demeure.
Mission parfaitement accomplie, qui permit en même temps de libérer dix-sept enfants séquestrés et d’apporter plus de 25.000 tonnes de vivres aux populations. Mission bien accomplie, mais pas finie. Au retour ce 05 octobre 2018 pour acheminer à Mopti les 17 gosses libérés, les criminels tendent une horrible embuscade au bateau à bord duquel le jeune commandant et ses compagnons d’armes étaient. Durs combats, atmosphère d’enfer durant quatre heures d’horloge, de 10 heures à 14 heures ; déculottée historique infligée aux assaillants. Et rappelons alors ce précédent épisode militaire significatif qui a vu le jeune Goïta, à 30 ans, un jour de 2013 à 05 heures du matin, donner l’assaut aux terroristes fortement installés à Diabali, non sans déjouer le plan des forces françaises qui n’étaient rien d’autre que la couverture pour les terroristes, sans compter la perfidie des gouvernants maliens. D’où, après, la décision juste des FAMA d’aller seules au feu, cette année 2013, pour libérer plus loin Anéfis, dernier verrou avant Kidal (notre éditorial n° 516 du jeudi, 23 mars 2023). On connaît à ce stade l’histoire du masque français tombant : le blocus fait aux FAMA !
Mais on ne peut fait l’impasse sur le fait que le troisième anniversaire de la rectification de la transition a été l’occasion pour le M5-RFP, l’allié stratégique du CNSP (Comité National pour le Salut du Peuple, aile militaire) de faire part de son amertume, de dire haut ce qui le contrarie, voire le blesse, dans le déroulé de ce qui est un pacte (un pacte étant toujours quelque chose de sacré), Ce n’est pas un fait banal. Aussi, voudrions-nous rappeler en la circonstance les propos du général Dénis Sassou N’Guesso s’exprimant dans un livre publié à l’occasion d’une campagne présidentielle : « Le pouvoir, quand on vous le confie, est une chose étrange. Il peut décupler vos forces, vous éblouir, vous rendre fou ou, au contraire, terriblement pessimiste.
Il peut même rendre intelligent, on l’a vu! Mais, qui que vous soyez et quoi que vous fassiez, il vous met face à vous-même. Sans pitié. Certains grands hommes s’y révèlent, d’autres y échouent, mais quel que soit le résultat de votre action politique, vous resterez, en dernier ressort, l’ultime responsable. Quand le feu fait rage, il y en a toujours un, au bout de la chaîne, qui doit tenir la lance d’incendie ou jeter le seau d’eau. “The buck stops here”, disait le président Harry Truman : après moi, il n’y avait plus personne. »
Amadou N’Fa Diallo
Source : journal Le National
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