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Editorial: sortons de la névrose anti-azawadienne et de l’hystérie anti-française

Notre pays est en guerre. Le Président IBK ne fait pas si bien de le dire. Parce qu’il s’agit d’une guerre au pluriel.

D’abord totale, la guerre au Mali nos soldats la mènent au front contre les terroristes avec leurs alliés et avec tout le sacrifice qu’ils y consentent.
Ensuite, globale ; loin du théâtre des opérations militaires proprement dites, elle est menée sur tous les fronts : contre l’exclusion, la pauvreté, la corruption, le gaspillage…
Enfin, personnelle, dans la nation qui a pour devise ‘’Un peuple-Un But-Une Foi’’, chacun est stratège, chacun planifie et conduit sa guerre, suivant son ambition et son agenda. Dans cette floraison guerrière, quelle bataille allons-nous gagner ? Laquelle va-t-elle sceller la paix des cœurs et restaurer notre vivre ensemble ?
Parce que, comme le dit le poète, ‘’la guerre, c’est la guerre des hommes…’’ Formidable concentré des passions humaines, ‘’chaque guerre augmente l’image d’une guerre globale, celle d’un conflit de civilisation”. Seulement, la question est dans quelle civilisation sommes-nous désormais au Mali ?
Maliens, hommes d’honneur et de parole, le sommes-nous encore ?
On dit que “la guerre est un formidable concentré des passions humaines.” Or, la passion chasse la raison. Sans raison, c’est l’état de nature, sans aucune règle et sans aucune logique. Comme on est en train d’en percevoir la dangereuse glissade dans notre pays.
Pour tous les Maliens, notre Mali est et sera toujours Un et Indivisible. Aucun Malien sensé n’acquiescerait que Kidal ne soit pas partie du giron national, comme Kayes ou Sikasso. Tous, autant que nous sommes, aspirent au développement et au progrès de notre pays. Dans ces conditions, comment comprendre cette bronca contre la réalisation d’un aéroport à Kidal, dont on se plaît à dire qu’elle est une partie intégrante du territoire national, une région comme une autre du Mali ? Le statut sécuritaire bizarre de Kidal fait-il d’elle une région bannie de la solidarité, du progrès et de la modernité ?
Maliens, hommes d’honneur et de parole, le sommes-nous encore ? N’est-ce pas nous, majoritairement, qui avons, en juillet-août 2018, voté pour que le Président IBK une fois élu fasse tout, pendant son second mandat, pour doter Kidal d’un aéroport ? Parce que cette gouverne ‘’irraisonnablement’’ passionnée, la construction d’un aéroport figure en bonne place dans le programme que le candidat IBK a nous a soumis lors de la présidentielle dernière.
Dans l’axe du Programme présidentiel 2018-2023 « Notre grand Mali avance » intitulé « Promotion d’une croissance économique inclusive », le Président IBK a proposé (et l’avons accepté) de poursuivre ‘’la réduction des disparités de niveau du développement des régions, les disparités intra et inter spatiales de développement’’ à travers le ‘’vaste chantier du désenclavement intérieur et extérieur du pays, ainsi que le renforcement et la réhabilitation des infrastructures et des équipements’’. Au nombre des mesures préconisées, ledit programme présidentiel annonce : ‘’la mobilisation des engagements des partenaires permettra de réaliser entre autres les infrastructures majeures suivantes, durant ce quinquennat et jusqu’à 2030 : réalisation des aéroports de : Kidal, Tessalit, Taoudéni, Ménaka, Gao (réhabilitation) et Goundam ; et construction des quais dans les escales fluviales de Bamba, Diré et Youwarou’’.
Maliens, hommes d’honneur et de parole, le sommes-nous encore ?
Sortons de cette névrose anti-azawadienne. Kidal est azadien, l’Azawad est malien. Kidal est malienne et restera malienne. Nous avons voté pour l’aéroport de Kidal. Qu’il soit réalisé par la MINUSMA, la Banque mondiale ou la France, peu importe. Cette France qui est devenue aujourd’hui la courte échelle, exutoire vers laquelle convergent tous les ressentiments.
Que d’eau a coulé sous le pont depuis l’accueil triomphal que nous avons réservé ici, sur cette terre d’hospitalité et de fraternité, au Président de la France, François Hollande ! Pour nous avoir libérés du joug obscurantiste qui menace de s’abattre sur l’ensemble de notre nation ! Six ans après, « il faut chasser la France » ! Parce qu’elle est de mèche avec l’ennemie ! Parce qu’elle n’est pas là pour nous ! Elle est là pour IBK et les rebelles de Kidal !
Mais, ce ne sont pas les rebelles de Kidal et IBK qui sont partis chercher la France. Mais, c’est nous qui sommes allés quémander, le 8 mars 2013, son aide et son assistance et qui avons convenu avec la France (ce même 8 mars 2013) du déploiement de ses forces sur notre territoire au regard de la situation qui prévalait chez nous. Et ce n’est pas IBK qui a convenu avec la France que le contingent « français est autorisé à entrer sur le territoire de la Partie malienne sans visa, sous réserve qu’il soit porteur d’une carte d’identité militaire ou professionnelle ou d’un passeport en cours de validité et d’un ordre de mission individuel ou collectif ou de tout autre document assimilé émanant des autorités militaires de la Partie française… »
IBK complice de la France ! La France complice des rebelles ! Il est temps de sortir de l’hystérie anti-française, d’assumer nos candeurs et de faire face à nos responsabilités. Oui, la France est venue pour nous aider. Mais, elle est là ou ailleurs aussi pour ses propres intérêts. Les Russes ne seront pas meilleurs que les Français. Parce que les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Défendons les nôtres, resserrons les rangs, arrêtons d’en vouloir à la terre entière pour nos déboires et nos errements.
Redevons Maliens, hommes d’honneur et de parole, sortons de l’exclusive, de la stigmatisation, de la politique de bouc émissaire, battons-nous pour notre pays tous ensemble, avec le concours de tous les fils du pays et l’assistance qui nous vaut aujourd’hui encore d’être un pays souverain.

La Rédaction

Source: info-matin

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