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L’aéroport de Kidal qui divise: arguments et contre-arguments

Dans huit mois, la ville de Kidal sera dotée d’un aéroport neuf pour un coût global de 3,5 millions de dollars, soit 1 milliard 750 millions de F CFA essentiellement mobilisés par la MINUSMA. Pour le chef de bureau de la MINUSMA à Kidal, Christophe Sivillon, cette nouvelle infrastructure « va changer beaucoup de choses, ça va fluidifier notre travail, ça va permettre surtout à d’autres acteurs de venir travailler à Kidal. » Quant au porte-parole des jeunes de Kidal, il soutient que le nouvel aéroport sera d’un grand apport pour le désenclavement du Mali.

« Les travaux de la nouvelle piste de Kidal permettront de relire le sud et le nord, Bamako et Kidal ». Cependant, depuis 72 heures, la nouvelle soulève une grande polémique sur les réseaux sociaux. Pour les uns, comme les autres régions du Mali, Kidal a aussi droit à son aéroport, à l’opposé d’autres estiment que Kidal avait plutôt d’autres priorités plus pressantes que la réalisation d’un aéroport, qui servira plutôt mieux ses réalisateurs que le que les populations elles-mêmes. Mais à la lecture des différents arguments, toute la polémique tourne autour du statut encore flou de cette ville contrôlée par des ex-rebelles en présence des forces étrangères qui n’inspirent plus confiance. Pourquoi remettre une telle infrastructure dans une zone contrôlée par des ‘’criminels et coupée du pays sans que l’État légitime n’y est pas’’ ?

Mohamed Ag Assory : ‘‘ Ce que le Gouvernement n’a pas fait en presque
60 ans, «la France» fait ça en quelques années’’

«Kidal ne mérite pas un aéroport, parce que construit par les Français !» Alors que toutes les régions du Mali bénéficient des projets financés par la France, personne n’a jamais rejeté ça !
«Kidal ne mérite pas un aéroport parce que l’administration n’y est pas !» Donc, avec l’absence de l’administration, les Kidalois cessent d’être Maliens, si c’est le cas où est votre problème ? Si vous-mêmes, vous dites qu’ils ne sont pas Maliens !

«À Kidal, il n’y a que des rebelles !» Bravo hein, merci de blesser gratuitement tous ces vaillants fils de Kidal réputés républicains, grâce auxquels la République tient dans cette région au prix même de faire la guerre à leurs frères de sang.
«Kidal ne mérite pas l’aéroport !» Pourtant, région depuis 1992 et partie intégrante du Mali, depuis 1960 : même pas un millimètre de goudron, pas un hôpital de référence.

Kidal, c’est les trois B (Brouette, Barrique et Bidon) pour l’eau. Pourtant, c’est toi qui cries que Kidal, c’est le Mali. Donc, Kidal doit uniquement souffrir pour être Mali. Ce que le Gouvernement n’a pas fait en presque 60 ans, «la France» fait ça en quelques années, donc nous de Kidal, on doit refuser ça ?
La MINUSMA a construit des routes à Tombouctou, réhabilité l’aéroport de Gao, personne n’a été offusqué ! Ahhhh j’oubliais, c’est Kidal le baudet de la peste. Haro sur Kidal, la misérable !
«Les rebelles sont à Kidal, les populations sont complices !»
Ah bon, j’oubliais que les civiles de Kidal doivent combattre les rebelles et les autres Maliens, militaires de surcroît, leurs femmes empêchent ces derniers d’aller au front ! J’oubliais même que Kidal, c’est ce chien enragé qu’il faut abattre à tout prix et qui ne mérite même pas une miette !
«Des rebelles ont tué et brûlé le drapeau malien à Kidal !» Ah, du coup toutes les populations de Kidal doivent payer pour les actes de certains individus.
J’oubliais que Kidal c’est Ebola, rien de bien pour ce pays. Pourtant, à Bamako, certains ont brûlé le drapeau de la France, heureusement que les Français n’ont jamais traité tous les Maliens d’anti-français.
Voici entre guillemets quelques réactions de certains compatriotes suite aux lancements des travaux de l’aéroport de Kidal. Ces messages sont des preuves d’amour qui ne pouvaient me laisser insensible.

Continuez ainsi à diaboliser Kidal s’il vous plaît, c’est seulement ainsi qu’elle vous donnera en retour l’amour nécessaire pour la patrie.
Patriotiquement vôtre !

Un petit rappel pour comprendre l’aéroport de Kidal
Kidal, huitième région administrative du Mali, dispose de deux aérodromes. Celui de Tessalit, construit par les Français sur le site d’Amachach durant la colonisation et l’aérodrome de Kidal, construit par le colon aussi. Pour rappel, aucune route digne de ce nom ne relie Kidal du reste du pays. Les pistes qui mènent à Gao sont un véritable calvaire pour les usagers. Annoncée, depuis que j’avais 6 ans, la construction de cette route n’a jamais eu lieu malgré maintes promesses.
L’aérogare de Kidal est située en pleine ville, avec le développement de la ville, on a assisté depuis des années à des constructions autour de la piste, comme vous pouvez le voir sur cette photo, ce qui représente un danger pour les riverains. En dehors de la piste, il n’y a aucune infrastructure. Le gouvernement avait décidé, il y a longtemps, d’aménager le site du nouvel aéroport situé à une vingtaine de kilomètres en dehors de la ville. Ce projet avait même reçu une promesse de financement par le guide libyen dans les années 2000.
Après la crise de 2012, c’est la piste de l’aéroport qui a permis le déploiement des troupes françaises. Et depuis, elle est utilisée par la Minusma. Depuis 2017, la piste a été réhabilitée, mais a été saccagée par des manifestants. En sus, elle faisait l’objet de pose de mines et autres engins explosifs. Ce qui obligea la Minusma, pour des raisons de sécurité, de ne plus envoyer ses avions à Kidal faute d’aéroport. Tous les vols de la Minusma étaient faits par hélicoptères (limitation de 20 places par vol) qui atterrissaient dans le camp de la Minusma. Ceci causait une énorme difficulté pour les populations civiles, beaucoup voyageait dans ces avions, spécialement pour les évacuations médicales dans le reste du pays, vu qu’à Kidal, il n’y a qu’un CSref digne d’un Cscom.
Je suis tombé sur une entreprise tunisienne qui avait reçu le marché d’études pour la construction des aéroports de Taoudeni et Kidal en 2010 pour le compte de l’agence nationale de l’aviation civile du Mali (voir image 3).
Donc, la construction de cet aéroport ne date pas d’aujourd’hui et ne fait certainement pas partie d’un soi-disant plan de la France pour envahir le Nord du Mali. Quelles qu’en soient les raisons, il aura un impact certain pour les populations civiles.
Donc, comprenez mon étonnement vis-à-vis de certains compatriotes qui ne maîtrisant aucun sujet se mettent à créer la polémique sur tout et n’importe quoi.
Par ailleurs, l’aérodrome de Tessalit qui est contrôlé par les Français est capable de faire atterrir les plus gros porteurs qui puissent exister. Donc, si les Français veulent piller les ressources du Nord, ils ont tous les moyens de le faire.
La présence de l’administration et des forces de sécurité n’a pas empêché l’atterrissage d’un Boeing, Air Cocaïne, en 2009 sous le nez et la barbe de tous, ni encore la passoire trouée qu’est devenue l’aéroport de Bamako-Sénou.
Enfin, au nom de l’accord de siège entre le Mali et les Nations unies, la Minusma ne saurait s’engager dans aucune initiative sans l’accord des autorités maliennes à plus forte raison la Banque mondiale. On oublie par ignorance que le Mali est membre de ces deux organisations.
Donc, perso j’en ai fini avec ce chapitre ! Au suivant ! Comprendra qui voudra !
Wa Salam,
M.A.A

Source: info-matin.

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