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Editorial : L’or malien : Un potentiel inégalement réparti et les chemins vers une exploitation équitable

L’or, ressource précieuse et stratégiquement vitale, occupe une place de choix dans l’économie du Mali. De 2006 à 2018, il a constitué en moyenne 68 % des exportations du pays et a contribué à hauteur de 6,3 % au produit intérieur brut (PIB). Les bénéfices apportés par l’exploitation industrielle de cette ressource sont indéniables : environ 54 % de la valeur ajoutée générée a été captée par le gouvernement, tandis que les sociétés minières, leurs actionnaires et les employés ont également profité de cette richesse. Les recettes fiscales provenant de l’or ont constitué en moyenne 20 % des revenus gouvernementaux pendant cette période.

Bamada.net- Cependant, derrière ces chiffres significatifs se cache une réalité moins réjouissante. Les bénéfices de l’or ne se traduisent pas toujours en prospérité pour l’ensemble des Maliens. La concentration des avantages économiques entre les mains de l’État et des grandes entreprises minières laisse souvent les populations locales à l’écart des gains tirés de cette richesse. Cette inégalité, exacerbée par l’émergence d’un secteur d’orpaillage artisanal difficile à réguler, soulève des questions pressantes sur la gestion et la répartition des ressources aurifères du pays.

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L’orpaillage artisanal : Une économie parallèle difficile à cerner

L’orpaillage artisanal, bien qu’il représente une part significative des exportations d’or, échappe en grande partie aux contrôles étatiques. Entre 2012 et 2021, le Mali a officiellement exporté plus de 25 milliards de dollars d’or vers les Émirats arabes unis, mais les déclarations officielles ne font état que de 217 millions de dollars. Cette dissonance révèle une transparence insuffisante et une gestion inefficace du secteur artisanal. Les pertes financières résultant de cette extraction illégale sont colossales : environ 14 000 milliards de F CFA d’or ont été exportés illégalement, entraînant une perte d’environ 990 milliards de F CFA en 2021 seulement, et environ 3 408 milliards de F CFA sur la période 2012-2021.

Les recommandations du colloque du CERM : Vers une régulation efficace

Le colloque du Centre d’études et de réflexion au Mali (CERM) de juillet 2023 a été l’occasion de mettre en lumière ces problèmes cruciaux et de proposer des solutions concrètes pour y remédier. Parmi les recommandations clés figurent :

  1. Création de couloirs d’orpaillage : Des zones spécifiques permettraient un contrôle renforcé des activités minières artisanales, garantissant ainsi un enregistrement et une taxation appropriés de l’or produit.
  2. Sensibilisation des populations : Informer les orpailleurs sur les lois et règlements miniers est essentiel pour promouvoir la conformité et réduire les pratiques illégales.
  3. Mise en place de centrales d’achat d’or : Ces centres faciliteraient la vente officielle de l’or extrait artisanalement, assurant des transactions légales et transparentes.
  4. Création d’un guichet unique pour l’exportation : Un guichet centraliserait les démarches administratives liées à l’exportation de l’or artisanal, améliorant ainsi le suivi et le contrôle des flux commerciaux.
  5. Renforcement de la coordination et des compétences : Améliorer la coopération entre les acteurs du secteur minier et développer les compétences des orpailleurs traditionnels sont cruciaux pour favoriser des pratiques plus durables et conformes aux régulations.

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Conclusion : Une opportunité à saisir pour un développement équitable

Pour que l’or contribue véritablement au développement socio-économique durable du Mali, il est impératif que les recommandations formulées lors du colloque du CERM soient mises en œuvre de manière effective. La gestion de l’orpaillage artisanal doit être améliorée pour minimiser les pertes financières et maximiser les bénéfices pour l’État et les citoyens. En mettant en place des systèmes de régulation et de contrôle plus robustes, le Mali pourra espérer une exploitation plus équitable et productive de ses ressources aurifères. Le défi majeur réside désormais dans la mise en œuvre concrète de ces recommandations, afin que les richesses naturelles du pays bénéficient pleinement à l’ensemble de sa population et contribuent à un développement véritablement inclusif et durable.

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Fatoumata Bintou Y

 

Source: Bamada.net

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