Lors de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le représentant permanent du Maroc, Omar Hilale, a pris la parole pour pointer du doigt une source des crises qui frappent la région sahélo-saharienne : l’Algérie. En accusant son voisin d’être à l’origine des maux qui gangrènent le Sahel et le Sahara, Hilale relance un vieux débat qui résonne avec l’histoire complexe et tendue entre ces deux nations.
Bamada.net-Le diplomate marocain a ainsi soutenu que l’Algérie, malgré ses discours sur les dangers du terrorisme et du séparatisme, serait elle-même une terre d’accueil pour ces fléaux. Selon lui, des groupes terroristes, narcotrafiquants et autres acteurs extrémistes utilisent le territoire algérien comme base arrière pour déstabiliser la région. En cause : la porosité des frontières algériennes et, plus grave encore, une tolérance présumée de ces mouvements par les autorités d’Alger. Des accusations lourdes, qui ont des implications majeures pour la stabilité d’une région déjà en proie à des conflits multiformes.
À Lire Aussi : Révélations d’un diplomate sur un plan franco-marocain dans le Sud algérien
Il est indéniable que la région sahélo-saharienne fait face à des menaces sévères, notamment le terrorisme, le sous-développement, et les tensions séparatistes. Toutefois, pointer l’Algérie comme seule responsable de ce climat instable semble réducteur. La réalité sur le terrain est bien plus complexe et multidimensionnelle. Le Sahel est une région aux fragilités intrinsèques, où s’entrecroisent des facteurs historiques, géopolitiques et socio-économiques.
L’ingérence des puissances étrangères et la rivalité maroco-algérienne ont certes exacerbé les tensions régionales. Mais cette guerre diplomatique à l’ONU ne fait qu’aggraver une situation déjà explosive. Le manque de coordination entre les pays concernés permet aux groupes terroristes de prospérer dans ces zones grises où les États sont souvent absents ou inefficaces. Ce conflit entre le Maroc et l’Algérie détourne l’attention des véritables enjeux de la région : la pauvreté, l’absence de gouvernance, et la marginalisation des populations locales.
Le diplomate marocain a conclu en appelant l’Algérie à cesser toute ingérence dans les affaires intérieures de ses voisins et à respecter leur souveraineté. Ce discours pourrait être perçu comme une tentative de délégitimer l’influence d’Alger dans la région, tout en renforçant la position du Maroc dans le contexte de la question du Sahara Occidental. Mais une solution durable ne pourra émerger que d’un dialogue inclusif et sincère entre toutes les parties prenantes, avec un objectif commun : la stabilité et la prospérité du Sahel et du Sahara.
L’accusation d’Omar Hilale montre, une fois de plus, que la coopération régionale dans le Sahel est non seulement nécessaire, mais urgente. Les querelles politiques et les jeux de pouvoir ne feront qu’envenimer les crises sécuritaires et humanitaires. Il est temps que les États de la région et leurs partenaires internationaux se concentrent sur une approche collective et concertée pour relever les défis du terrorisme, du sous-développement, et de la criminalité transfrontalière.
À Lire Aussi : Le Maroc répond aux provocations du nouveau ministre algérien des Affaires étrangères devant la réunion du MNA
En définitive, si les interventions à l’ONU permettent de porter à la lumière des préoccupations légitimes, elles ne sauraient se substituer aux solutions de terrain. Le Sahel a besoin d’actions concrètes, loin des polémiques politiciennes et des accusations mutuelles. L’avenir de millions de personnes est en jeu.
NB : Toute reproduction, intégrale ou partielle, sans une autorisation explicite de notre part est strictement interdite. Cette action constitue une violation de nos droits d’auteur, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour faire respecter ces droits.
Moise Touré
Source: Bamada.net