Le Japon ou Nippon (selon que l’on choisisse l’appellation chinoise la plus répandue ou celle japonaise) possède peu de ressources naturelles et énergétiques, en dehors de celles procurées par les océans dans lesquels il est immergé et le bois. Le pays a été dévasté par deux bombes atomiques à Hiroshima, le 6 août 1945 et Nagasaki, trois jours plus tard, qui ont fait cent mille morts, des centaines de milliers de blessés, détruit une partie considérable de ses infrastructures économiques et sociales. Et pourtant, quelques décennies plus tard, il se hissait au rang de deuxième puissance économique mondiale après les Etats-Unis d’Amérique, offrant la prospérité à sa population et devenant le premier donateur international à ce qu’il était convenu d’appeler le » tiers monde « .
Depuis deux ou trois ans, le Japon a été supplanté par la Chine voisine, comme deuxième économie la plus forte de la planète mais, à la troisième place qui lui est dévolue, il continue d’être un pays phare et un acteur majeur de l’activité économique internationale ainsi que l’a prouvé la 5e TICAD tenue récemment à Yokohama. 32 Chefs d’Etat et de gouvernement africains, Les plus hauts responsables du système des Nations-Unies, de l’UA, les partenaires au développement et les organisations de la société civile s’y sont bousculés. Pour occuper cette position privilégiée dans le concert des nations, le Japon a refusé toute forme d’assistanat. Il a développé ses ressources humaines et opté pour un partenariat international, en particulier avec les Etats-Unis d’Amérique, lequel s’est traduit par la création d’infrastructures au moyen de prêts bancaires. C’est ce que les Japonais désignent dans leur jargon officiel » l’appropriation du développement « .
Cette recette, qui leur a parfaitement réussi, ils souhaitent l’appliquer à l’Afrique. Celle-ci doit « s’éloigner de la relation » Haut – Bas » du modèle donateur – récipiendaire au profit des principes d’une » appropriation » africaine du processus de développement et d’un » partenariat international « , (dixit le Premier Ministre, Shinzo Abe).
La Déclaration de Yokohama a fait sienne cette approche de la coopération nippone et l’on devrait voir l’Empire du Soleil Levant s’engager plus que par le passé aux côtés de l’Afrique pour la réalisation de ses ambitieux programmes de développement des infrastructures (PIDA) de l’agriculture (CAADP) de l’industrie (AIDA) adoptés au sommet du cinquantenaire à Addis-Abeba. Cet engagement financier et technique sera articulé, bien sûr, avec une formation accrue des Africains dans tous les domaines d’activité. Avec une attention particulière pour les femmes et les jeunes qui, bien outillés et disposant de l’infrastructure nécessaire, constituent » le moteur du développement économique et social« .
Aux Africains de savoir tirer le meilleur profit du modèle japonais qui leur est proposé.
Saouti HAIDARA