Le Mali traverse une période charnière de son histoire, une transition qui devait incarner l’espoir d’un renouveau, d’une refondation du pays sur des bases solides de démocratie, de justice et de paix. Cependant, plus de trois ans après le début de cette période de transition, les attentes sont loin d’être satisfaites. Les espoirs nourris par une grande majorité des Maliens se heurtent à une réalité politique et sociale complexe, où la confusion, l’incertitude et les luttes de pouvoir dominent le paysage.
Bamada.net-La récente prise de parole du Premier ministre, Choguel Maïga, a mis en lumière des tensions profondes au sein de l’exécutif malien. Cette intervention n’était pas seulement une critique des dysfonctionnements de la transition ; elle constituait également un avertissement, une mise en garde contre une gestion qui, selon lui, dévie de l’idéal tracé lors des premières étapes du processus. La prolongation de la transition, unilatéralement décidée, est perçue comme une trahison des engagements pris avec le peuple. Un gouvernement qui se veut inclusif, transparent et responsable, ne peut se permettre de prendre des décisions de cette ampleur sans concertation préalable avec ses partenaires politiques, la société civile et les acteurs concernés.
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Au cœur de ces débats, la question de la gestion de la transition elle-même reste ouverte. La désorganisation, l’absence de stratégie claire et l’affaiblissement progressif des institutions sous la pression de l’opportunisme politique soulèvent des inquiétudes légitimes. À mesure que le temps passe, les Maliens se demandent si cette transition, censée permettre le retour à une démocratie pleine et entière, n’est pas en train de se transformer en un simple exercice de gestion de crise prolongée. Les institutions, en particulier l’Assemblée Nationale Transitoire (CNT), sont accusées d’agir sans vision ni cohésion. Les partis politiques, de plus en plus nombreux, ne semblent pas offrir une alternative sérieuse, alimentant ainsi un climat de méfiance et de division.
En parallèle, la situation économique du pays s’aggrave, et la pauvreté croissante pèse lourdement sur les familles maliennes. L’inflation galopante, les pénuries d’énergie, la hausse des prix des denrées de première nécessité et la dégradation des conditions de vie sont des enjeux primordiaux qui mériteraient plus d’attention de la part des autorités. Au lieu de cela, le climat politique est dominé par des querelles internes et des luttes de pouvoir qui détournent les priorités du bien-être de la population. Le manque de clarté sur la gestion des ressources, l’absence de véritables réformes structurelles et la gestion des crises comme celle de l’insécurité persistante dans le centre et le nord du pays accentuent encore cette fracture.
Dans ce contexte, la question qui se pose aujourd’hui est celle de la crédibilité de la transition malienne. Peut-on continuer à espérer dans un processus qui semble de plus en plus sous tension, entre le poids des vieux clivages politiques et les exigences de changement radical que réclament les Maliens ? Ou sommes-nous en train de vivre une transition figée, où chaque décision est prise en fonction de l’instant présent, sans aucune vision à long terme ?
L’urgence est là : il est impératif de rétablir la confiance entre les différents acteurs de la transition, de remettre au cœur des priorités les réformes institutionnelles et la gestion transparente des ressources publiques. La transition ne doit pas être une occasion manquée, mais un véritable moment de redressement pour le pays. Les Maliens ont droit à la paix, à la prospérité et à la démocratie. Il appartient aux dirigeants actuels de faire preuve de responsabilité et d’engagement pour offrir aux générations futures un Mali stable, fort et prospère.
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En définitive, la transition ne peut plus se contenter de demi-mesures. Elle doit répondre aux aspirations profondes du peuple malien, seul garant de la légitimité de tout processus politique. La balle est dans le camp des autorités de la transition, qui doivent saisir cette opportunité pour redresser la barre avant qu’il ne soit trop tard.
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Moussa Keita
Source: Bamada.net