La débauche de puissance offensive n’aura pas résisté aux petits calculs et aux agendas personnels. Le dialogue politique entre acteurs de la classe politique, qui a eu tant de succès au point que le Président IBK a fini par se résoudre à s’y laisser prendre, bat de l’aile avant son agonie et sa belle mort.
En effet, sur le principe du dialogue, nulle objection. L’unanimité est faite autant au sein de la classe politique que de la société civile, qu’il faut accourir au chevet du grand malade qu’est le Mali. De quoi déclencher une logorrhée de « solutions » où le superficiel, hélas, chasse bien souvent l’essentiel, c’est-à-dire les réponses à la mesure de la gravité de la crise multiforme que traverse le pays.
C’est donc une autre dimension qu’il faut atteindre qui implique, pour beaucoup d’acteurs politiques et de la société civile, sublimation, renonciation, et pour tous les Maliens, placer le Mali au-dessus de tout. À ce stade, la partie est bien sûr hachée, marquée par de nombreuses fautes, de petits actes d’antijeu et autres tacles aussi meurtriers que sournois.
Ainsi, alors que des acteurs majeurs, tel l’ancien Premier ministre Modibo SIDIBE font montre d’une constance à toute épreuve sur leur projet de ‘’dialogue national refondateur’’, prônant une réforme systémique, le Parti présidentiel, plutôt coiffé au poteau par la force de proposition de ses interlocuteurs, semble voir le portage du projet de réformes (refondation nationale) à plusieurs niveaux comme un péril imminent pour elle. Désormais, elle met la pédale douce, tout en regardant en chien de faïence les porteurs de projets novateurs. La preuve : la rencontre entre les FARE et le RPM, selon les indiscrétions, a été corsetée. Si elle ne consacre pas un clash entre les deux parties, il y a lieu de croire qu’il y a de l’eau dans le gaz.
La rencontre au siège des FARE n’avait d’ailleurs pas connu meilleur sort. TRETA, le Président du RPM avait reconnu : « je note que notre rencontre a été très productive, a noté une très grande volonté de disponibilité, a aussi enregistré des divergences majeures, de mon point de vue ».
En cause : la méthode structurée préconisée par l’hôte des Tisserands qui semble perturber le dispositif de main mise sur le processus de réforme, nonobstant un semblant d’ouverture à l’ensemble des acteurs nationaux.
En ligne de mire : un fauteuil de Premier ministre de tout temps convoité par le Parti présidentiel qui a fondé sa conviction qu’il lui revenait de droit, selon les bons principes républicains. Ce, alors que le locataire de Koulouba reste très jaloux de l’article de l’article 38 de la Constitution : ‘’ le président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement. Sur proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions’’.
Désormais, il y a peu de place au doute : une guerre des tranchées est ouverte pour l’âpre défense de son pré-carré de privilèges, si ce n’est assouvir une certaine boulimie du pouvoir. Plus que jamais, la belle entente autour des intérêts supérieurs du Mali périclite, à vau-l’eau les formules anesthésiantes des consciences.
À présent, il faudra donc beaucoup de tact à l’Exécutif pour ne pas transformer cet or participatif en plomb politique. Au-delà du tact, il faudra une bonne dose d’humilité pour enfin accepter, au-delà des discours politiciens lénifiants et démagogiques, qu’il n’a pas la science infuse.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: info-matin