La logique complotiste n’a pas prospéré ; et il faut saluer avec les avocats de la défense une importante victoire de la justice, de la liberté et de la démocratie.
La Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako a annulé ce mardi 2 mars les poursuites, les procédures, les mandats de dépôt et a ordonné la libération immédiate des personnes poursuivies dans l’affaire dite de tentative de déstabilisation des institutions de la Transition.
Par cette jurisprudence, la justice malienne entend remettre les pendules de la Justice à l’heure et sonner le glas du fait accompli et des procès sur mesure. Il faut l’espérer avec le Bâtonnier TAPO, et continuer à avoir foi en les hommes et femmes, comme Alou NAMPE, qui refusent de porter la robe pour jouer au perroquet et osent, oui osent, aller à l’encontre des fantasmes, des petits jeux et des coups bas dictés d’en haut.
Conformément donc au courageux réquisitoire oral du Procureur général, c’est-à-dire à la demande verbale de ce dernier, la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako a annulé la procédure, annulé les mandats de dépôt du juge d’instruction et ordonné la mise en liberté immédiate de tous les inculpés. Il s’agit de Boubou CISSE, ancien Premier ministre, candidat à la présidentielle ; Vital Robert DIOP, directeur général du Pari mutuel urbain (PMU) ; Aguibou TALL, directeur adjoint de l’Agence de gestion du fonds d’accès universel (AGEFAU) ; Mamadou KONE, payeur général du Trésor et Souleymane KANSAYE, receveur général du District, deux hauts cadres du Ministère des Finances. Tous enlevés à leurs domiciles ou lieux de travail entre le 21 et le 22 décembre dernier. Le seul qui est passé à travers les mailles policières est le Dr Boubou CISSE qui, après avoir clamé son innocence, a choisi de rentrer dans la clandestinité, le temps que la vérité fasse son œuvre.
La fin d’un triste et bien honteux épisode pour ne pas dire cabale pour la démocratie malienne, que d’aucuns auront demain du mal à raconter. En effet, l’annulation de la procédure par la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako met donc fin à cette affaire. À moins que le Ministre de la Justice instruise un pourvoi en cassation et étale au grand jour l’acharnement d’État sur des citoyens pour délit d’opinion ou délit de faciès. Les uns, parce qu’ils parlent trop et disent trop comme Rasta, les autres, parce qu’ils ont le culot de nourrir trop d’ambition pour eux et pour le Mali (Boubou CISSE). Dans l’intersection, le crime s’appelle délit de filiation (Aguibou TALLl), le délit d’amitié (Vital DIOP) et le délit d’avoir été au mauvais moment et au mauvais endroit (Mamadou KONE et Souleymane KANSAYE).
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN